30/04/13

Un centre français fait de la recherche un outil de développement

Session of conference CIRAD
Le CIRAD a l’intention de transformer la recherche en un outil de développement global. Crédit image: Flickr/CIFOR

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  • Le CIRAD entend faire passer le nombre de partenariats locaux en matière de recherche de 20 à 30
  • Le centre espère s'éloigner d’un modèle où la recherche est contrôlée par l’Occident, pour mettre l’accent sur le développement local
  • Une stratégie décennale vise par ailleurs à soutenir l'innovation, produire plus de science et en mesurer l’impact.

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Le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) projette de mettre en place plus de partenariats locaux pour étudier des questions jugées prioritaires par des organismes des pays en développement, et ce "dans l’intérêt des populations les plus pauvres de la planète et en vue d'assurer un développement durable".

La stratégie décennale de l’organisation – sous le slogan "faire de la recherche un véritable outil de développement" – a été publiée le 25 mars dernier par cet organisme français.

Le CIRAD travaille avec plus de 60 pays en développement, principalement en Afrique sub-saharienne, mais également avec des pays émergents comme le Brésil, la Chine et l'Inde, pour s'attaquer aux défis internationaux en matière d’agriculture et de développement. Sa nouvelle stratégie rentrera dans le cadre de ses objectifs contractuels qui seront convenus avec le gouvernement français.

D’autres 'ambitions' figurent dans la stratégie : celle d'accroître la production scientifique, de mesurer l'impact de ses recherches et de soutenir l’innovation, tout cela dans le but de transformer la recherche en un outil de développement dans les pays du Sud.

Pierre Fabre, directeur du service 'environnement et société' au CIRAD, explique que le Centre espère faire passer le nombre de ses partenariats locaux, appelés plates-formes de partenariat, de 20 à 30 au cours des dix prochaines années. Selon lui, l’expérience montre qu'ils "jouent un rôle décisif et sont efficaces".

"Nous voulons concentrer nos efforts sur des plates-formes de partenariat qui abordent les problèmes et stimulent l'expertise locale", souligne-t-il. "Nous mettrons un accent encore plus soutenu sur le développement par la recherche".

Les partenariats associeront plusieurs acteurs locaux clés qui conviendront des projets de recherche communs qui s'attaquent à des besoins spécifiques, poursuit-il.

Chaque plate-forme héberge plusieurs collaborations, combinant recherche et formation universitaire pour les chercheurs locaux.

Ainsi, au Zimbabwe, la recherche sur les maladies infectieuses chez les animaux sauvages et domestiques implique des collaborations entre deux universités zimbabwéennes, deux instituts de recherche français et l'ambassade de France dans ce pays.

L'approche diffère d'un partenariat traditionnel dans lequel les pays développés décident du type de recherche qui sera menée dans le monde en développement.

"Nous devons effectuer des recherches ensemble – non pas être guidés uniquement par les ressources et les priorités de recherche du Nord ou internationales", dit Fabre. "La seule façon pour les citoyens de développer une région est de le faire eux-mêmes. Il n’existe aucun substitut pour les connaissances et ressources humaines locales".

Chaque nouvelle plate-forme nécessite un financement initial du CIRAD d’environ € 20 000 à € 30 000 (environ US$ 26 000 à 39 000) pour couvrir les frais de gestion ; les organismes de financement de la recherche scientifique devant financer la recherche par la suite.

Le CIRAD espère par ailleurs encourager d'autres pays occidentaux à contribuer à l’établissement de nouvelles plates-formes, explique Fabre.

Pour Bernard Hubert, président d'Agropolis International, un réseau scientifique axé sur l'agriculture, l'alimentation, la biodiversité et l'environnement, le renforcement des plates-formes de partenariat "offre un cadre unique pour étudier les changements majeurs concernant la sécurité alimentaire, les questions environnementales et le développement à l’échelle planétaire".

Bernard Hubert insiste sur le fait que les questions agricoles peuvent être identifiées "en partenariat avec les partenaires locaux, en tenant compte de la diversité des cultures, des visions et perceptions du monde de ces problèmes".

Toutefois, il estime que la stratégie doit tenir compte des meilleures façons d’élaborer des programmes de recherche interdisciplinaires et systémiques qui présentent des alternatives aux approches agricoles conventionnelles.

Lien vers la stratégie du CIRAD