06/06/12

L’OMS lance un plan de lutte contre la résistance aux insecticides

Les moustiquaires pourraient devenir moins efficaces avec l'augmentation de la résistance aux insecticides chez les moustiques. Crédit image: Flickr/Vestergaard Frandsen

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[KAMPALA] L’OMS a lancé un plan stratégique dont le but est de freiner la propagation des moustiques résistant aux insecticides, déjà identifiés dans 64 pays en proie au paludisme et essentiellement situés en Afrique sub-saharienne.

Le Plan mondial de gestion de la résistance aux insecticides, rendu public le 15 mai dernier, est composé d’un programme de recherche orienté vers le développement d’outils novateurs de lutte contre les vecteurs et de structures pour s’attaquer aux moustiques sans recourir aux insecticides traditionnels.

Les nouveaux outils comprennent des substances répulsives, des pièges appâtés au sucre ou aux odeurs ainsi que le traitement d’autres vecteurs de propagation animaux -sur lesquels se nourrissent les moustiques- pour inhiber la survie de ces derniers.

L’OMS recommande également la mise en place d’un groupe consultatif sur la lutte antivectorielle, chargé de l’évaluation des preuves relatives à de nouvelles formes de lutte contre les vecteurs de propagation, un domaine négligé à l’heure actuelle.

"Ce groupe serait composé d’experts dans une gamme de disciplines entomologiques et de luttes antivectorielles", annonce le plan. Il agirait notamment pour la clarification et l’accélération des processus d’intégration de nouveaux outils dans la pratique de santé publique.

Le plan appelle au renforcement des capacités en entomologie et à l’établissement de davantage de partenariats avec des instituts de recherche régionaux et locaux, ainsi qu’à la constitution d’une base de données mondiale sur la résistance aux insecticides. Il présente un projet de nouveaux produits à différents stades de développement, de la validation de principe à l’enregistrement au niveau du pays.

Le programme de recherche du plan est l’un des cinq piliers du plan d’action à court terme de l’OMS, qui s’adresse à différentes parties prenantes, dont le secteur agricole, les gouvernements, les organismes de financement et les institutions universitaires. D’autres piliers comprennent la gestion et la surveillance de la résistance aux insecticides.

James Ssekitooleko, du projet de gestion communautaire intégrée des cas, qui est en cours de mise en œuvre par le Malaria Consortium avec l’appui de l’Agence canadienne de développement international, en Ouganda, a déclaré que des niveaux élevés de résistance rendront inefficaces les moustiquaires et la pulvérisation intradomiciliaire d’insecticides à effet rémanent. Selon l’OMS, la résistance aux insecticides pourrait se traduire par l’émergence de 26 millions de nouveaux cas de paludisme chaque année et occasionner de 30 à 60 millions de dollars de dépenses supplémentaires annuelles pour les tests et les médicaments.

Il a fallu effectuer davantage de recherches sur les causes de la résistance et la gestion de sa propagation, a ajouté Ssekitooleko. Il a précisé que les problèmes qu’il restait à résoudre étaient tout à la fois l’utilisation incontrôlée de produits chimiques et une surveillance inefficace pour contrôler la propagation de la résistance.

Myers Lugemwa, chef d’équipe au sein du programme de lutte contre le paludisme au ministère ougandais de la Santé, a convenu que la résistance devait être surveillée au travers d’études de la sensibilité, et qu’elle devait enrayée par une utilisation alternée de différents insecticides.

Lugemwa a fait savoir que le ministère étudiait à l’heure actuelle la sensibilité des moustiques à différents produits chimiques mais qu’une recherche de cette nature nécessitait des fonds publics supplémentaires,qui n’étaient pas encore disponibles.

John Vulule, chef du Centre for Global Health Research (Centre pour la recherche en santé mondiale), à l’Institut de recherche médicale du Kénya, a indiqué à SciDev.Net : "S’assurer que les populations vectrices locales restent sensibles aux insecticides prescrits est un préalable nécessaire au succès de la lutte antivectorielle et une étape importante vers l’éradication du paludisme".

Lien vers le plan d’action [2.1MB]

Reportage suppémentaire de Ochieng ‘Ogodo.