12/06/09

L’Afrique appelle les pays les plus riches à stopper la fuite des cerveaux

La déclaration demande des programmes de formation qui permettraient aux étudiants chercheurs africains de rester en Afrique Crédit image: Flickr/bobthemtnbiker

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[LE CAP] Des scientifiques africains chevronnés ont demandé aux pays les plus riches de la planète et aux pays en développement à croissance très rapide, se réunissant le mois prochain sous la bannière du G8+5, de contribuer à enrayer l’exode ruineux des scientifiques du continent.

La migration est l’un des principaux points à l’ordre du jour de la réunion qui se tiendra en Italie du 8 au 10 juillet.

Dans une déclaration publiée le 11 juin, le Réseau des Académies africaines des sciences (Network of African Science Academies ou NASAC) exhorte les gouvernements du G8+5 – dont le Brésil, la Chine, l’Inde, le Mexique et l’Afrique du sud – à aider l’Afrique à rebâtir son système d’enseignement supérieur. Il les encourage également à accepter les propositions concernant les universités africaines faites par le passé.

Ainsi, le NASAC réclame des programmes de formation qui permettraient aux étudiants chercheurs africains de rester en Afrique ou d’étudier dans d’autres pays en développement, plutôt que dans les pays riches où ils risquent de s’installer durablement.

Selon le NASAC, la fuite des cerveaux reste un phénomène dévastateur en Afrique.

"Un tiers des scientifiques africains vivent et travaillent dans les pays développés. Cette fuite représente une importante perte de potentiel économique pour le continent, surtout dans la société planétaire d’aujourd’hui où les connaissances scientifiques et techniques sont le moteur du développement", note la déclaration.

Le texte fait remarquer que si la première responsabilité dans la lutte contre l’exode des cerveaux incombe aux gouvernements africains, l’assistance étrangère restera "déterminante" pour les pays privés de ressources.

L’Afrique attend toujours des résultats probants de l’approbation des centres d’excellence par le sommet du G8 de Gleneagles en 2005 (voir Les dirigeants du G8 donnent un coup de fouet indirect à la science en Afrique). Il en est de même pour les recommandations émises par la Commission pour l’Afrique, qui estimait que le continent a besoin de US$ 5 milliards pour le financement des universités et de US$ 3 milliards pour les centres d’excellence (voir La Commission ‘va chercher US$ 5 milliards pour les universités africaines’ et Des capacités scientifiques ‘impératives’ pour le développement de l’Afrique).

La déclaration du NASAC demande aux pays du G8+5 d’honorer les engagements pris à Gleneagles et indique comment un financement supplémentaire pourrait contribuer à inverser l’exode des cerveaux d’Afrique.

La déclaration souligne également la nécessité de mettre en contact les scientifiques africains de la diaspora et ceux restés sur le continent.

"Des dizaines de milliers des scientifiques africains vivent et travaillent dans des pays développés à l’heure actuelle. La majorité d’entre eux ne reviendront jamais. Il est important de reconnaître cette réalité et de concevoir des politiques qui permettront à l’Afrique de tirer profit des connaissances et de l’expertise de ses citoyens émigrés."

Abed Peerally, scientifique agricole mauricien et l’un des membres fondateurs du NASAC, a déclaré au Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net) que l’Afrique aura à relever une série de défis socioéconomiques si elle souhaite stopper l’exode des cerveaux.

"Nous avons besoin de davantage de bonne gouvernance, de politiques économiques fondées et d’une impulsion spectaculaire au développement des infrastructures, sans lesquels aucun niveau d’apport scientifique et technologique n’aurait d’impact", a-t-il affirmé.

Pourtant Calestous Juma, expert en développement à l’Université de Harvard met en doute l’efficacité des pressions faites sur le G8+5 et conseille vivement aux scientifiques africains d’explorer d’autres voies de promotion de la science et de la technologie dans leurs pays.

Pour Juma, le développement industriel et infrastructurel, tel que le nouveau câble à fibres optiques en cours de pose le long de la côte est-africaine, offre de meilleures possibilités pour revitaliser la science et la technologie en Afrique.

"C’est l’investissement le plus important dans la région depuis la construction des chemins de fer coloniaux", dit-il. "Les académies devraient regarder vers l’avenir et identifier d’autres opportunités pratiques dans le but de promouvoir de nouveaux partenariats".

Lien vers la déclaration du NASAC [2.5MB]