04/06/10

Des scientifiques sont parvenus à guérir des singes de la fièvre Ebola

Il n'existe à ce jour aucun traitement contre les infections mortelles dues au virus Ebola Crédit image: CDC PHIL

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Un traitement expérimental contre le virus d'Ebola qui pourrait potentiellement sauver des vies humaines s'est avéré d'une efficacité totale chez les singes.

Si le traitement venait à être approuvé pour une utilisation humaine, ce serait le premier traitement contre cette maladie mortelle, rappelle Thomas Geisbert, un microbiologiste auprès de l'Institut national des Laboratoires pour les Maladies infectieuses émergentes, aux Etats-Unis.

Le virus d'Ebola – qui entraîne fièvre, vomissements, diarrhée et parfois saignements – tue jusqu'à 90 pour cent des personnes infectées. Il se transmet par contact direct avec du sang, des liquides ou tissus organiques infectés, et sévit principalement en Afrique sub-saharienne. Malgré l'existence de vaccins capables de protéger les singes contre l'infection (voir le vaccin Ebola et Marburg 'efficace à 100% chez les singes'), à ce jour aucun vaccin ou traitement n'a encore été approuvé pour une utilisation humaine.

Les recherches de validation, publiées dans The Lancet la semaine dernière (29 mai), décrivent un nouveau traitement utilisant l'ARN – une forme de matériel génétique semblable à l'ADN – et ciblant trois protéines virales, interférant ainsi avec le cycle de vie du virus, et l'empêchant de se multiplier.

Ces recherches s'appuient sur les travaux précédents de l'équipe de Geisbert, qui ont abouti notamment à la guérison de cochons d'Inde infectés par le virus d'Ebola du Zaïre, la plus meurtrière des souches, en leur donnant ce qui est connu sous le nom de 'petit ARN interférent' (en anglais, 'small interfering RNA' ou siRNA).

L'équipe est désormais parvenue à guérir des macaques rhésus infectés en leur administrant sept injections quotidiennes d'antiviraux composés de siARN, avec la première injection intervenant une demi-heure après l'infection.

Mais pour Geisbert, déterminer si ce traitement pourrait permettre de combattre les épidémies d'Ebola en Afrique se résume à "une question d'argent. C'est sans doute quelque chose qui pourrait offrir des avantages à l'Afrique centrale, mais les pays doivent pousser les institutions internationales avec lesquelles ils ont conclu des partenariats à rassembler les sommes nécessaires pour mettre cette technologie à disposition".

Un singe rhésus coûte à lui seul plus de US$ 7 000, et son entretien en laboratoire, US$ 90. Il faudra également accomplir d'autres études expérimentales sur des animaux afin de déterminer la posologie et l'innocuité du traitement chez les humains.

Pour Heinz Feldmann, un représentant de l'Institut national américain des Allergies et des Maladies infectieuses qui n'a pas pris part à l'étude, "nous ne pouvons pas effectuer des traitements sur les humains, raison pour laquelle que nous devons dépendre des travaux faits sur des animaux".

Eric Leroy, virologue au Centre international de Recherches médicales de Franceville, au Gabon, note que ce type de traitement est prometteur, mais que la période d'incubation chez l'homme peut aller jusqu'à 21 jours – tout traitement devra donc être efficace même s'il est administré plusieurs jours après l'infection. Il ajoute que "garantir la sécurité totale de ces traitements [chez l'homme] reste à voir".