05/11/17

Retombées positives du projet SKA en Afrique du Sud

South African SnT Minister Naledi
Crédit image: Avalmero

Lecture rapide

  • Le projet a permis le renforcement des capacités dans le pays
  • Naledi Pandor évoque son impact et dresse un bilan en matière d'égalité des sexes
  • SKA change aussi la dynamique entre l'Afrique et le reste du monde, en matière de science

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Naledi Pandor est la ministre sud-africaine de la Recherche et de la technologie depuis 2009. Pendant son mandat, elle a choisi de concentrer ses efforts sur deux fronts : être un partenaire de premier plan dans le Square Kilometer Array (SKA), un projet de 11,6 millions d'euros impliquant 25 pays ; et sur la lutte contre le VIH/Sida, qui touche environ 12% de la population sud-africaine.
 
Naledi Pandor a pris la parole devant plus de 1400 journalistes scientifiques lors de la 10e Conférence mondiale du journalisme scientifique, qui s'est tenue le mois dernier (26-30 octobre) à San Francisco, aux États-Unis. Elle donne l'impression d'un leader qui pense ce qu'elle dit, et sa voix ne faiblit pas lorsqu'elle décrit les efforts pour faire de la science une force dirigeante dans son pays et à travers l'Afrique.
 
SKA vise à construire un réseau de plus de 3.000 télescopes à travers l'Afrique et l'Australie, pour "former le plus grand radiotélescope du monde", explique-t-elle, ajoutant qu'il existe déjà 500 groupes de recherche de 45 pays qui se sont engagés à utiliser les nouveaux prototypes, une fois que leur conception sera achevée.
 
Et elle en est fière. Mais pourquoi se concentrer sur un tel projet, alors que l'Afrique du Sud a des problèmes plus pressants ?
 
"C'était le défi que nous nous étions lancé au départ", dit-elle. "Mais au fur et à mesure que le projet évoluait, nous avons pu mettre en place un programme de développement du capital humain. Il y a une forte initiative en matière de bourses d'études, et ensuite nous établissons un lien avec d'autres pays africains."
 
SciDev.Net a rencontré Naledi Pandor à San Francisco, pour en savoir plus sur les avantages du projet SKA et ses autres priorités pour la science en Afrique du Sud.
 

Comment les jeunes ont-ils bénéficié de SKA ?

Les écoles proches du site où le télescope sera construit ont bénéficié de laboratoires scientifiques qui leur ont été fournis et d'une formation pour les professeurs de sciences et de mathématiques. Les jeunes de ces écoles ont donc reçu des bourses pour étudier l'ingénierie et la science à l'université. Nous avons beaucoup inclus la communauté [dans ce projet].
 

Y a-t-il d'autres secteurs qui en ont bénéficié ?

On peut citer, entre autres, les nouvelles infrastructures. Il y a des routes [qui ont été] construites sur des sites éloignés parce que le radiotélescope doit se trouver dans une zone exempte d'interférences radio. Il y a aussi les nouvelles installations pour la fourniture d'énergie. Nous avons dû assurer la fourniture d'électricité dans ces zones, mais en plus nous avons décidé d'utiliser de l'énergie renouvelable, donc nous fournissons à la communauté locale l'accès à une ressource renouvelable. Cela a été un véritable défi.
 

Y a-t-il quelque chose qui a changé à la suite de la mise en œuvre du projet SKA, dans la façon dont les gens abordent la science en Afrique du Sud ?

Le projet modifie la dynamique entre l'Afrique et les scientifiques du reste du monde – parce que soudainement vous venez en Afrique pour faire de la recherche de haut niveau, vous n'avez pas de scientifiques qui quittent l'Afrique pour aller faire de la recherche ailleurs. [C'est] une relation totalement différente entre la science et le continent africain.
 

Comment avez-vous abordé les questions de genre dans la science ?

Nous avons un certain nombre d'incitations qui cherchent à financer les femmes dans la recherche. Ce que nous avons fait, c'est d'adresser une directive politique aux institutions qui accordent des subventions pour qu'au moins 60% du financement de la subvention soit accordé aux femmes ; actuellement, le taux est inférieur à 40%.
 
J'ai découvert que nous sommes bons à faire de la politique, mais nous n'assurons pas suffisamment le suivi.
 
Nous avions un vaste programme pour établir des chaires de recherche [dans les universités publiques] ; en examinant les chiffres, j'ai découvert que moins de 23% des personnes nommées étaient des femmes. Nous avons donc dû intervenir ; quand nous avons eu des fonds pour un plus grand nombre de chaires, toutes ont fait l'objet d'annonces indiquant qu'il s'agissait de postes réservés aux femmes scientifiques. Nous avons eu plus de candidatures que de postes disponibles, ce qui indique que si nous ne tenons pas compte des différences entre les sexes, nous n'atteindrons pas l'équité entre les sexes.
 
Il est important que vous insériez ces objectifs dans les politiques que vous avez, sinon vous ferez beaucoup de choses mais vous n'obtiendrez pas de changement. Nous sommes très bons dans la rhétorique, nous disons tous de bonnes choses, mais traduire la rhétorique en action réelle est souvent un problème.
 
Cet article a été modifié pour les besoins de la brièveté et de la clarté.