05/05/10

Technologie: Accueil mitigé pour l’initiative US en faveur des musulmanes

Près de 40 femmes entreprendront des expériences professionnelles avec leurs homologues américaines Crédit image: Flickr/ShadoWalker Photography

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La plus récente des initiatives américaines visant à renforcer les liens avec le monde musulman grâce à la diplomatie scientifique a reçu un accueil mitigé.

Le programme TechWomen (TWP), annoncé par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton lors du Sommet présidentiel sur l'Entrepreneuriat à Washington la semaine dernière (26-27 avril), se donne pour mission de renforcer le rôle des femmes travaillant dans le domaine de la technologie dans les pays de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI).

Le TWP doit débuter au printemps 2011 et sera géré par le Département d'Etat américain. Le programme vise à aider les femmes technologues à partager leurs expériences et leurs connaissances professionnelles dans le cadre de stages de mentorat associant des femmes des pays de l'OCI à des femmes aux États-Unis.

Le TWP offrira à 20-40 femmes d'Algérie, d'Egypte, de Jordanie, du Liban, du Maroc et de Palestine jusqu'à six semaines d'expérience professionnelle avec des employées dans des entreprises technologiques aux Etats-Unis. Certaines des hôtes américaines se rendront ensuite dans les pays d'origine des participantes en vue d'organiser des ateliers sur le développement des compétences et la constitution de réseaux.

C'est ici la manifestation la plus récente de la promesse du président américain Barack Obama de contribuer au développement technologique dans les pays à majorité musulmane, faite à l'occasion d'un discours historique prononcé en Egypte en juin dernier (voir Obama s'engage à renforcer les liens scientifiques avec le monde musulman et le Congrès américain réfléchit à un programme de diplomatie scientifique).

Pour John Daly, l'ancien responsable scientifique de l'USAID, l'agence d'aide américaine, "il existe dans l'industrie américaine un énorme stock de technologies transférables aux pays islamiques, et les contacts de personne à personne sont extrêmement importants pour de tels transferts".

"Cette approche a bien fonctionné dans le passé en faisant participer des hommes et des femmes. Le fait de cibler les femmes dans ces pays devrait contribuer à assurer l'égalité des chances, en leur offrant des possibilités qui pourraient autrement leur être refusées en raison de la discrimination contre les femmes dans certaines cultures islamiques".

Mais pour Hilmi Salem, directeur général des Centres de sciences appliquées et de recherches en ingénierie à l'Université Technique de la Palestine, il faut avant tout chercher à savoir "quelles sont les intentions cachées" de telles initiatives.

"Ma première impression est que les initiatives américaines sont énormément appréciées, mais je pense qu'elles ont des motivations politiques. Cela signifie qu'un prix doit être payé, en termes d'influence sur les cultures, les traditions arabes et islamiques".

Pour Syeda Tanvir Naim, une consultante auprès de l'OCI et un membre du Conseil consultatif des Nations Unies sur les Femmes et la Science, ces propositions ne concernant "que des stages d'une durée de quatre à six semaines aux États-Unis sont totalement inadéquates".

Parmi les mesures qui pourraient faire une réelle différence, Naim cite la mise sur pied de bourses d'études et de programmes de recherche conjoints permettant aux femmes venant des pays de l'OCI de travailler dans de grandes universités américaines et la mise en place dans les pays de l'OCI d'incubateurs technologiques et d'infrastructures de formation pour y promouvoir la culture de l'entrepreneuriat dans le domaine scientifique.

Naim souligne néanmoins qu'une grande partie de l'initiative doit venir des pays de l'OCI eux-mêmes.