29/04/13

Appel des femmes scientifiques arabes à défendre les droits des femmes

Arab Woman Conference
Les femmes scientifiques arabes mènent un combat politique pour conserver leurs droits existants et en obtenir d'avantage. Crédit image: Flickr/UN Women Gallery

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[KOWEIT] Une conférence de femmes scientifiques arabes a demandé aux décideurs politiques et aux organismes scientifiques de les aider à établir des réseaux nationaux et internationaux, et à sauvegarder les droits de la femme, durement acquis, mais qu'elles estiment menacés dans le sillage du Printemps arabe.

Les participantes à la Conférence internationale sur les femmes dans le domaine des sciences et technologies dans les pays arabes, organisée au Koweït les 21–23 avril derniers, ont souligné le fait qu'il était de plus en plus important de développer des liens solides entre les femmes scientifiques en raison des changements politiques continuels dans la région et des menaces pesant sur l'autonomisation des femmes.

Selon le texte final adopté par la conférence,"l'instabilité politique dans certains pays [a] a soulevé des questions quant à la pérennité des acquis de ces dernières années".

Heba Handoussa, la directrice générale du Réseau égyptien pour le Développement intégré, explique qu'au cours de la décennie qui a précédé le printemps arabe, la société civile dans la plupart des pays arabes plaidait pour l'autonomisation et le droit des femmes au travail.

"Si de nouvelles constitutions dans les pays du Printemps arabe ont confirmé l'égalité des sexes, cet aspect s'est rarement traduit en lois, politiques ou en pratiques simples qui répondent aux droits de la femme", souligne-t-ell.

Les partis islamistes gouvernent actuellement dans de nombreux pays arabes ; s'ils affirment vouloir protéger les droits de la femme, dans la réalité nombre de ces droits sont annulés, ajoute-t-elle.

Les femmes se battent pour conserver les droits existants et en obtenir davantage.

Au Yémen, ce combat est mené par voie de discussions avec le gouvernement plutôt qu'avec des manifestations, explique Rokhsana Ismail, professeure de chimie à l'Université d'Aden.

"L'instabilité politique affecte tous les projets de développement, et pas seulement dans le domaine de la science et de la technologie", affirme Ismail. "Notre lutte consiste maintenant à renforcer les cadres juridiques et politiques qui régissent les droits de la femme sur le lieu de travail, en vue de promouvoir la participation des femmes scientifiques".

Ainsi, la Conférence a recommandé que des politiques nationales soient conçues pour soutenir les progrès accomplis par la femme, par exemple en finançant la recherche scientifique faite par des femmes. Les décideurs politiques devraient revoir continuellement ces politiques pour prendre compte de l'évolution de la situation et des besoins, selon les conclusions de la conférence.

Une méthode mise en évidence lors de la conférence permettant aux femmes d'obtenir une plus grande reconnaissance et d'accéder à des financements pour leurs travaux consisterait à améliorer le réseautage entre femmes scientifiques.

"Les femmes scientifiques arabes manquent souvent des réseaux professionnels établis", regrette Samira Omar, vice-présidente pour la région arabe de l'Organisation des femmes scientifiques du Tiers-Monde (OWSD) et directrice du Programme d'assainissement de l'environnement au Koweït.

Omar fait valoir que des réseaux devraient être développés pour traiter des priorités nationales ou régionales spécifiques, car ces structures seraient plus à même de surmonter les obstacles liés au financement que les individus.

Pour elle, la formation de sections nationales d'organisations comme l'OWSD — une autre recommandation du document de clôture de la conférence — et l'Académie mondiale des sciences serait un bon moyen de développer la communication entre scientifiques, non seulement à l'intérieur de la région, mais aussi avec les pays développés.

Les recommandations de la conférence seront présentées lors du Forum mondial sur la science à Rio de Janeiro, en novembre prochain.

Lien vers la déclaration de clôture et les recommandations de la conférence