19/04/11

Des textiles captant l’énergie solaire pour alimenter des villages reculés

Les enfants des communautés nicaraguayennes hors réseau utilisent les lampes solaires textiles pour lire le soir Crédit image: Flickr/pasopacifico

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[CURITIBA] Une partie des deux milliards de personnes sans électricité pourrait finalement y accéder grâce à des lampes solaires portables qui associent les nanotechnologies à l’artisanat local.

Le Projet de lampes portables, une initiative à but non lucratif dirigée par Kennedy & Violich Architecture and Global Solar Energy, aux États-Unis, insère de petites cellules photovoltaïques dans des chemises, des articles tissés et des sacs produits par des communautés reculées des pays en développement. Ce projet vise à intégrer de l’énergie propre et de la lumière dans la production autochtone de textile. Ce projet facilite l’adoption de nouvelles technologies par les communautés locales tout en valorisant leur travail.

Il consiste à fournir des kits, contenant un module solaire de deux watts à couche mince, une batterie rechargeable, un port USB, et une LED, ainsi qu’à dispenser une formation sur la manière de tisser ces éléments dans les vêtements.

C’est en les incrustant dans les textiles que les batteries et les appareils tels que les portables peuvent être chargés lorsqu’on est en mouvement, par exemple en allant travailler, et les LED permettent aux communautés de travailler et d’étudier lorsqu’il fait nuit.

Sheila Kennedy, l’architecte de Boston qui dirige ce projet, a indiqué à SciDev.Net : "Vous le [le textile incrusté de cellules photovoltaïques] mettez simplement dehors, au soleil, pendant environ trois heures. Il capte la lumière du soleil et la transforme en électricité. Vous pouvez ensuite l’utiliser pendant une durée allant jusqu’à sept heures".

Des projets pilotes sont en cours au Brésil, au Kenya, à Haïti, au Nicaragua, à Madagascar, au Mexique et en Afrique du Sud, en collaboration avec des organisations non gouvernementales (ONG) locales. Par exemple, dans la chaîne de montagnes mexicaine de la Sierra Madre, le peuple nomade Huichol éclaire, la nuit, les habitats grâce à des lanternes solaires qu’il charge pendant la journée, ce qui permet à ce peuple d’exercer une activité artisanale dans des cabanons et de vendre ensuite ses produits en ville.

Sarah Otterstrom, Directrice de Paso Pacifico, a indiqué à SciDev.Net que l’ONG nicaraguayenne Paso Pacifico aide ce projet à fournir de l’électricité à deux villages. "Désormais, les enfants peuvent étudier le soir et les femmes peuvent entretenir leur maison sans risque".

Elle a déclaré que, dans les villages, la population n’avait plus besoin d’acheter du gazole ou des batteries pour éclairer les maisons. "Maintenant, ils réclament plus de lampes", a-t-elle ajouté.

D’après S. Kennedy, ces lampes ont la moitié de l’empreinte carbone des cellules solaires normales pendant la production ; elles sont également plus petites, plus légères et plus résistantes.

Selon elle, bien qu’il n’existe toujours aucun modèle économique de production en masse permettant de satisfaire les besoins en électricité des communautés reculées, le prix estimé de 16 dollars américains (12 euros) pièce, peut être remboursé sur un an grâce à des microprêts.

Le sociologue brésilien Paulo Martins, qui étudie les impacts sociaux des nanotechnologies, a indiqué à SciDev.Net que le fait d’incruster de l’énergie solaire dans les textiles est une tendance à l’échelle mondiale. "Nous devons nous assurer que leur prix restera abordable pour ceux qui en ont besoin", a-t-il déclaré.

Il s’agit d’un bon exemple de la manière d’appliquer les sciences aux besoins locaux, a-t-il ajouté. "[Au Brésil], nous investissons des sommes très importantes dans les technologies qui peuvent faire jouer, à notre pays, un rôle principal dans les marchés internationaux… Mais nous oublions en permanence d’orienter les recherches scientifiques vers ce qui correspond à nos véritables besoins sociaux".

Frederik Krebs du Risø National Laboratory for Sustainable Energy, au Danemark, qui a conçu une lampe solaire en plastique, bon marché, pour l’Afrique, a exprimé quelques réserves. "Toutes nos études indiquent qu’un niveau élevé de robustesse est nécessaire avant qu’elles [les lampes solaires portables] puissent aider la population des régions en développement", a-t-il déclaré. Selon lui, ces vêtements ne sont "tout simplement, pas encore assez portables".

Toutefois, Harish Hande, Directeur de SELCO Solar, à savoir une entreprise sociale indienne spécialisée dans l’énergie durable pour les foyers et les entreprises, ayant testé les Lampes portables textiles, a salué leur caractère portatif, leur flexibilité, et leur légèreté. Il a cependant ajouté que si elles permettent d’aider à alimenter les communautés hors réseau, elles ne représentent pas une véritable solution en tant que telle.

Voir ci-dessous pour regarder une vidéo sur le projet Lampes portables :