19/01/12

Les algues marines comme biocarburants : une idée qui avance

Le projet pilote utilisera l'algue brune, communément connue sous le nom de varech géant, provenant d'une ferme aquacole au large des côtes chiliennes Crédit image: Bio Architecture Lab Inc

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[SANTIAGO] Des scientifiques ont trouvé un moyen de convertir tous les principaux sucres des algues brunes en éthanol, soulignant ainsi leur potentiel comme vaste source de biocarburants.

Une équipe affirme dans la revue Science aujourd’hui (19 janvier) avoir conçu un microbe capable de convertir les sucres en éthanol, surmontant de ce fait l’un des principaux obstacles à la transformation des macroalgues brunes en matière première compétitive pour la création de biocarburant.

Le rendement potentiel en éthanol des algues brunes est approximativement deux fois celui de la canne à sucre et cinq fois celui du maïs, à partir de la même surface de culture.

Pourtant, ce potentiel ne peut jusqu’à ce jour être entièrement atteint, en raison de l’incapacité des microbes industriels à décomposer l’alginate, l’un des trois sucres les plus abondants dans les algues marines brunes, ou laminaires, le varech le plus cultivé dans le monde.

Désormais, des chercheurs basés au Chili, en France et aux Etats-Unis affirment qu’ils ont développé le premier microbe capable de fermenter tous les principaux sucres contenus dans une espèce d’algue brune commune (Saccharinna japonica).

"Ce [développement] fait de [l’algue brune] une biomasse viable pour la production de carburants et de produits chimiques renouvelables", a déclaré Yasuo Yoshikuni, co-auteur de l’étude et conseiller scientifique en chef de Bio Architecture Lab (BAL) Inc — une société américaine qui possède quatre fermes d’algues au large des côtes chiliennes — à SciDev.Net.

L’équipe a conçu la bactérie Escherichia coli, qui a la capacité naturelle de métaboliser le glucose et le mannitol – les deux autres principaux sucres présents dans les algues brunes – et Vibrio splendidus, un microorganisme contenant tous les gènes nécessaires pour métaboliser les alginates.

Les scientifiques ont ainsi pu obtenir un rendement en bioéthanol directement à partir d’algues, équivalant à 15 000-20 000 litres par hectare et par an.

Auparavant, une analyse effectuée par le département américain de l’Energie affirmait que les macroalgues brunes pourraient produire 19 000 litres par hectare par an, à condition de pouvoir surmonter certains obstacles techniques.  

L’algue brune "ne rivalise pas avec les cultures alimentaires ou les plantes terrestres pour la terre et l’eau fraîche, et l’aquaculture d’algues peut absorber l’excès de nutriments présents dans l’océan [qui peuvent causer l’appauvrissement en oxygène]", souligne Yuki Kashiyama, directeur de BAL Chili.

Pour Stephen Mayfield, le directeur du Centre de biotechnologie des algues de San Diego à l’Université de Californie, à San Diego, aux Etats-Unis, "c’est un grand exploit technique, mais, pour le moment du moins, le varech n’est toujours pas une matière première viable pour la production d’éthanol, et ne le sera pas tant que nous ne sachions pas comment le faire pousser et le transporter sur un site de traitement de manière simple et économe en énergie".

Selon Yoshikuni, pour démontrer "l’économie du procédé global plus en profondeur", une usine pilote expérimentale est en cours de construction au Chili et devrait commencer à augmenter ses activités dès juillet 2013. Pour cette phase, BAL a reçu une subvention de CORFO (voir Chile apuesta por los biocombustibles a base de algas), l’agence chilienne de promotion des innovations.

Lien vers l’article complet dans Science

Related links