26/01/12

Le réchauffement risque d’aggraver l’intoxication alimentaire

Les toxines algales s'accumulent dans les poissons et causent des intoxications chez les humains Crédit image: Flickr/USFWS Pacific

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[FIJI] D'après une étude, la hausse des températures des mers, causée par les changements climatiques, peut avoir contribué à une forte augmentation du taux d'une forme grave d'intoxication par un poisson tropical, qui touche les personnes vivant sur de petites îles autour de la région du Pacifique.

L'une des conclusions de l'étude publiée le mois dernier dans la revue PLoS Maladies Tropicales Négligées (13 décembre) est que le nombre annuel de cas d'intoxication à la ciguatera a augmenté de 60 pour cent dans 18 pays et territoires insulaires du Pacifique entre la période 1998-2008, et la période 1973-1983.

Jusqu'à un quart de la population de cette région peut souffrir de cette intoxication au cours de sa vie, estiment les chercheurs. C'est aux Tokélaou, sur les îles Cook et aux Tuvalu que l'incidence est la plus élevée.

La ciguatera est causée par des toxines produites par les algues Gambierdiscus spp. qui prolifèrent chez certaines espèces de poissons des récifs. Les chercheurs estiment que l'augmentation des maladies dues à la ciguatera sont à mettre sur le compte des températures plus élevées des mers, qui provoquent des efflorescences algales, et des dommages causés aux récifs coralliens par les cyclones.

Bien que les gens ne puissent pas mourir de cette intoxication, elle reste suffisamment grave pour causer de graves problèmes gastro-intestinaux et avoir des effets neurologiques extrêmes. Des séquelles qui peuvent rendre les malades impotents pendant des semaines, voire des mois.

"Nous avons besoin d'une bien meilleure compréhension des écosystèmes qui produisent et accumulent les toxines de la ciguatera, ainsi que des facteurs environnementaux qui les affectent", a déclaré Richard Lewis, un pharmacologue moléculaire à l'Université de l'Institut de bioscience moléculaire du Queensland, en Australie. Il est l'un des auteurs de l'étude.

"La crainte est qu'avec le réchauffement climatique et la dégradation continue des récifs, l'intoxication à la ciguatera continue sa progression, à moins que nous ne développions des pratiques de gestion efficaces".

L'étude a lancé un appel pour de meilleurs diagnostics et traitements. A l'heure actuelle, la toxine ne peut être détectée sur les poissons et les algues que dans des laboratoires spécialisés. Le diagnostic de l'intoxication se fonde uniquement sur les symptômes et sur la connaissance d'une consommation récente de poisson potentiellement toxique. Il n'est donc pas très fiable. Il n'existe pas de médicament connu, et le traitement vise seulement à soulager des symptômes, bien que des chercheurs œuvrent à l'élaboration d'un antidote basé sur un médicament traditionnel .

En dehors des impacts sur la santé individuelle et les moyens de subsistance, la ciguatera pourrait aussi avoir une série de conséquences sociales et économiques non reconnues officiellement. Les maladies non transmissibles, telles que le diabète et l'obésité, qui sont en grande partie dues à une mauvaise alimentation, constituent l'un des plus grands problèmes de santé de la région. Le risque d'intoxication à la ciguatera pourrait s'y ajouter, à mesure que les gens se détournent de ce qui constituait auparavant une part importante d'une alimentation traditionnelle et saine.

"La ciguatera est le plus important problème de contamination alimentaire de la région", a déclaré William Aalbersberg, directeur de l'Institut des sciences appliquées de l'Université du Pacifique Sud. "Le milieu de la recherche doit lui consacrer beaucoup plus d'attention que ce qu'elle reçoit à l'heure actuelle".

Lien vers l'article complet dans PLoS Maladies Tropicales Négligées  [158kB]