22/02/12

Le PIB jugé ‘insuffisant’ pour mesurer la richesse économique

Le rapport affirme que les indicateurs de la durabilité sont nécessaires pour évaluer la richesse de manière pertinente. Crédit image: Flickr/Oxfam International

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[NAIROBI] Un groupe des meilleurs spécialistes mondiaux de l’environnement a appuyé les appels à remplacer le produit intérieur brut (PIB) comme seule mesure de la santé économique d’un pays par des indicateurs plus inclusifs qui prendraient en compte l’impact de la croissance économique sur la bonne santé de l’environnement.

En s’appuyant uniquement sur le PIB, on laisse de côté d’importants aspects du bien-être d’un pays comme le développement durable et les menaces pour l’environnement, ont-ils affirmé dans un rapport présenté lors de la 12ème session extraordinaire du conseil d’administration du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), qui s’est tenue à Nairobi, au Kenya, cette semaine (du 20 au 22 février).

Ce rapport, intitulé ‘Les défis environnementaux et du développement: l’obligation d’agir’, a été préparé par les lauréats du Prix Planète Bleue, connu officieusement comme étant le prix Nobel de l’environnement.

"Les gouvernements devraient reconnaître les sérieuses limites que comporte l’emploi du PIB comme mesure de la croissance économique, et la compléter avec les cinq formes de capital existante : le capital constitué (produit), le capital naturel, humain, social et le capital institutionnel/financier", a soutenu le rapport.

Ce serait "une mesure de la richesse qui intègrerait les dimensions économique, sociale et environnementale, et constituerait une meilleure méthode pour déterminer le potentiel de production d’un pays".

Bob Watson, l’auteur principal du rapport, a déclaré à SciDev.Net que "Lorsque nous évaluons la richesse d’une population par sa capacité à acheter des médicaments pour combattre les maladies causées par la pollution atmosphérique dans le processus d’exploitation des ressources naturelles en vue de créer de la richesse, on ne peut pas dire que cela soit une véritable mesure de la richesse".

"L’évaluation de la richesse doit être plus subtile … Elle doit aller au-delà du PIB et intégrer les services des écosystèmes, et la qualité de l’eau, de l’air et des denrées alimentaires produites dans une zone donnée", a-t-il ajouté.

La dégradation des services des écosystèmes et la perte de la biodiversité induites par les activités humaines sont largement répandues, a affirmé le rapport. Cela est particulièrement vrai dans le monde en développement, et même dans bon nombre d’endroits où les statistiques des gouvernements et de la Banque mondiale signalent des taux impressionnants de croissance économique.

Watson  a laissé entendre que les gouvernements et les décideurs politiques devraient tenir compte des conseils des lauréats sur la nécessité de changements de politiques au lieu d’attendre des innovations technologiques qu’elles les aident à résoudre les problèmes.

Selon ce rapport, il faudrait supprimer les subventions agricoles, et les aides à la consommation d’énergie et aux transports, qui génèrent des coûts environnementaux et humains.

"Les technologies sales qui appauvrissent l’environnement… ne doivent pas être subventionnées par les gouvernements", a déclaré Camilla Toulmin, directrice de l’Institut international pour l’environnement et le développement, basé au Royaume-Uni.

Le rapport appelle aussi à accroître les investissements dans la création et le partage des connaissances, par le biais de la recherche et de la formation des décideurs politiques, de la société civile et des communautés locales.

Anada Tiaga, la secrétaire générale de la Convention de Ramsar sur les zones humides, a déclaré à SciDev.Net qu’un environnement sain était une condition nécessaire pour atteindre un équilibre entre la nature et le développement économique.

"Une analyse des coûts-avantages prenant en compte les impacts humains, sociaux et environnementaux dans l’évaluation de la croissance économique est nécessaire," a souligné Mustapha Darboe, secrétaire adjoint du ministère des Forêts et de la Pêche en Gambie.  "En Afrique, les évaluations n’intègrent pas souvent l’environnement et comme nous sommes focalisés sur notre quête de richesse, nous ne nous préoccupons pas de l’état dans lequel nous laissons la nature pour les générations futures."

L’article fera partie des exposés que présentera le PNUE lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) de juin prochain.

Lien vers le rapport complet (en anglais) [792kB]