27/04/12

Une plante médicinale menacée ‘doit être domestiquée’

Prunus africana est menacé d'extinction Crédit image: Russell Sharp/Lancaster University

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[NAIROBI] Un arbre utilisé pour soigner les troubles de la prostate pourrait être sauvé de l’extinction grâce à la domestication, selon des chercheurs qui ont étudié les arbres dans différentes régions du Kenya.

Prunus africana est un arbre des forêts de montagne retrouvé dans environ 22 pays africains, principalement au Kenya, en République démocratique du Congo, et dans la ligne de partage des eaux du bassin du Zambèze.

Des extraits de son écorce ont été utilisés pour traiter certains troubles de la prostate ; or la surexploitation de l’arbre fait désormais courir le risque d’extinction.

La survie de l’espèce dans son habitat naturel sauvage est menacée par une "exploitation non durable et incontrôlée", souligne Peter Gachie, chercheur affilié au Centre mondial d’agroforesterie (ICRAF), à Nairobi, au Kenya, et auteur principal de l’étude.

L’équipe de l’ICRAF a examiné les espèces de P. africana donnant les rendements d’extraits d’écorce les plus élevés – une première étape vers la domestication des arbres.

L’étude, publiée dans le dernier numéro de Forest, Trees and Livelihood, compare les rendements de l’extrait de l’écorce médicinale de P. africana provenant de différentes zones forestières du Kenya. Les rendements les plus élevés ont été recensés chez les arbres de taille moyenne, et chez les arbres poussant à des altitudes plus élevées, ou sous des températures plus fraîches.

Ces conclusions permettent désormais de choisir, selon les auteurs de l’étude, "de bonnes sources de matériel de plantation" en vue de domestiquer les arbres.

"La culture de l’arbre dans les champs contribuera à sa régénération, améliorera sa croissance et réglementera sa récolte," explique Gachie.

Il ajoute qu’une meilleure sensibilisation quant à l’utilisation médicinale des arbres et la menace d’extinction actuelle pourrait stimuler les efforts de culture.

Pour Francis Gachathi, chercheur principal à l’Institut kényan de recherche forestière, la demande croissante pour l’écorce représente un danger pour l’arbre dans la nature.

Selon lui, cultiver l’arbre aidera non seulement à lutter contre une exploitation non durable, mais aussi à répondre à la demande croissante de traitements pour un problème de santé de plus en plus important au niveau international.

"Une exportation sans restriction de ce produit forestier ne devrait pas être autorisée", a-t-il martelé.

L’étude conclut que des recherches supplémentaires sont nécessaires sur les effets qu’aurait l’habitat sur les rendements des extraits médicinaux et sur la façon dont les rendements peuvent varier si les arbres sont plantés dans des habitats différents. Par ailleurs, la diversité des espèces est importante pour des fins de reproduction et doit être préservée.

La nécessité de la conservation de P. africana a également été mise en évidence dans une autre étude de modélisation publiée le mois dernier (31 mars) dans la revue African Journal of Ecology. Les auteurs concluent que l’espèce était très vulnérable à un climat de plus en plus chaud.

Lien vers l’article complet dans Forest, Trees and Livelihood [86kB]

Lien vers le résumé dans African Journal of Ecology

Références

Forest, Tree and Livelihood doi:10.1080/14728028.2012.662627 (2012)

African Journal of Ecology doi:10.1111/j.1365-2028.2012.01327.x (2012)