05/10/10

Possible explosion des gaz à effet de serre dus à l’élevage

Livestock Elevage Betail
Crédit image: Flickr/livestockcrsp

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D'après une étude publiée récemment, l'essor de la production mondiale de viande risque de rejeter suffisamment de carbone dans l'atmosphère d'ici 2050 pour, à elle seule, entraîner le dépassement des niveaux 'sans risque' de réchauffement climatique.

Des scientifiques ont combiné les chiffres de la production de viande en 2000 avec les projections de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) de croissance démographique et de consommation de la viande.

Ils ont conclu que les émissions du secteur de l'élevage à elles seules pourraient entraîner une hausse des températures supérieure aux 2 degrés Celsius généralement acceptés comme étant le seuil au-delà duquel le réchauffement climatique risque d'être déstabilisateur.

Les auteurs ont également procédé à une estimation plus prudente, dans laquelle ce même secteur contribuerait assez aux émissions de gaz à effet de serre pour représenter jusqu'à 70 pour cent des 2 degrés de hausse 'sans risque' des températures.

Nathan Pelletier et Peter Tyedmers, chercheurs à l'Université Dalhousie au Canada, dont le travail a été publié hier (4 octobre) dans Proceedings of the National Academy of Sciences, ont appelé les gouvernements à mettre l'accent sur le ralentissement du développement du secteur de l'élevage, en ajoutant que 'susciter la volonté nécessaire à la mise en œuvre de ces politiques est une chose certes redoutable, mais essentielle.

Dans leurs calculs, les auteurs ont pris en compte les gains d'efficacité prévus dans la production de viande ; ils précisent que ces pratiques doivent "être mises en œuvre sans relâche".

Ils ont également recommandé un déplacement de la production des ruminants comme le bœuf et le mouton vers la volaille, une pêche bien gérée et l'aquaculture.

Ils prônent par ailleurs une réduction de la consommation des produits de l'élevage par habitant "partout dans le monde", mesure qu'ils jugent "particulièrement réalisable et avantageuse dans les pays développés".

"Il est essentiel de freiner la croissance dans les pays en développement où selon les projections, la majeure partie de la hausse de la production sera enregistrée". Les scientifiques précisent que les mesures doivent "tenir compte du niveau de développement et des aspirations des moins nantis".

Pourtant, Mario Herero, analyste des systèmes agricoles à l'Institut international de Recherche sur l'Elevage au Kenya, auteur d'une étude récente montrant que l'élevage pourrait produire moins de carbone si son efficacité était améliorée, a qualifié cette analyse de "simpliste".

"Ces résultats sont intéressants d'un certain point de vue, mais ce n'est que la partie visible de l'iceberg : ils sont trop globaux".

"Les diverses fonctions de l'élevage dans la vie des peuples sont totalement masquées".

"Nous estimons qu'il est nécessaire de représenter la complexité des systèmes agricoles qui nourriront le monde en 2050. C'est seulement de cette manière que l'on pourra véritablement savoir ce qu'il faut faire dans les différentes régions du monde".

Toutefois, Pelletier estime que ces deux études sont complémentaires.

"Je ne suis pas du tout en désaccord avec cet autre travail, mais… le calcul est assez simple : ils pensent qu'en adoptant ces mesures, nous pourrons réduire les émissions de 12 pour cent. Or nous disons que nous allons devoir réduire les émissions d'environ 87 pour cent par rapport à la production mondiale en 2000.".

Références

PNAS doi:10.1073/pnas.1004659107 (2010)