12/01/12

Les scientifiques examinent la première mouture de l’accord final de Rio+20

Les scientifiques nationaux ont besoin d'appui pour développer des technologies vertes, selon l'ébauche zéro Crédit image: Flickr/Sustainable_Sanitation

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[LONDRES] Le document constituant le point de départ des négociations précédant le sommet Rio +20 – ‘l’ébauche zéro’ – contient davantage de références à la science que n’attendait la communauté scientifique, mais certains détails sont absents, tout comme la mention de certaines questions délicates relatives à la science.

Le document, publié cette semaine (10 janvier), constituera la base des négociations intergouvernementales conduisant à la signature du document final non contraignant, lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (dit ‘Rio+20’), au Brésil en juin prochain (20 – 22 juin).

Le chapitre sur la science et la technologie (S&T) reconnaît l’importance de la S&T et de l’innovation dans la promotion du développement durable, et souligne la nécessité de "mécanismes efficaces, de moyens renforcés, d’environnements favorables appropriés, et de l’élimination des obstacles à l’intensification du développement et du transfert de technologies aux pays en développement". Le texte propose de renforcer la coopération internationale dans le but de faciliter les investissements et le transfert de technologies, le développement et la vulgarisation".

Y figure également la proposition que les gouvernements devraient "faciliter la recherche en collaboration internationale sur les technologies vertes impliquant les pays en développement" ; "soutenir les scientifiques et les ingénieurs des pays en développement, et des institutions scientifiques et d’ingénierie ; et encourager leurs efforts pour développer des technologies vertes locales et utiliser les connaissances traditionnelles", ainsi qu’encourager la création de centres de recherche et développement (R&D) d’excellence.

Cet article fait partie de notre série sur les préparatifs de Rio+20, la Conférence des Nations Unies sur le développement durable qui se tiendra du 20 au 22 juin 2012. Pour consulter les autres articles de la série, rendez-vous sur Science à Rio+20

Cette ébauche contient par ailleurs une demande de "renforcement du fondement scientifique de la prise de décisions dans tout le système des Nations Unies et la reconnaissance du fait que l’interface entre la science et l’élaboration des politiques devrait être renforcée".

Cette reconnaissance de la nécessité de fonder les actions des gouvernements sur les résultats de la recherche — et de l’importance de faire jouer à la science un rôle de facilitateur de l’action politique – est cruciale, juge Peter Bates, responsable scientifique au Conseil international des unions scientifiques (CIUS), qui co-organise en partenariat avec la Fédération mondiale des organisations d’ingénieurs le ‘Groupe principal de la communauté scientifique et technologique’.

Le document encourage certaines activités spécifiques de recherche, notamment les "études et les initiatives scientifiques visant à accroître la sensibilisation sur les avantages économiques des politiques de gestion durable des terres donnant des terres et des sols sains et productifs" et prône la création de "partenariats public-privé destinés à renforcer les capacités et la technologie pour une gestion écologiquement rationnelle des déchets".

Pour Bates, le CIUS était "assez satisfait" du document en ce qui concerne les questions de S&T.

"Les dispositions principales que nous soutenons y figurent toutes. Certes, elles pourraient être renforcées à bien des égards, mais, globalement, il y a plus de mentions de [S&T] que nous n’attendions".

"Nous aimerions encourager la mise en place de mécanismes de financement plus larges pour la recherche générale sur le développement durable, qui ne soient pas restreintes à la R&D pour les technologies vertes — un mécanisme international ou un engagement à fournir un financement régulier".

Bates affirme qu’il est encore possible de faire pression pour qu’il y ait plus de science dans les prochaines moutures, notamment parce que la question scientifique est moins menaçante que d’autres questions pour les négociateurs.

"La seule chose qui constituerait une menace [aux intérêts des négociateurs] à leurs yeux serait des demandes de plus en plus insistantes pour plus de financement. Mais, en général, l’idée de transfert de technologies, de capacité accrue pour le développement et les choses de ce genre ne sont pas particulièrement menaçantes, raison pour laquelle j’ose espérer qu’elles passeront sans accrochage".

Parmi les éléments dont l’absence du texte est notable, figurent les nouvelles technologies émergeantes, comme la biologie synthétique ou la géoingénierie, et leurs réglementations ; ce sont  des sujets que certains groupes non gouvernementaux voulaient voir mentionner.

Pour Farooq Ullah, responsable de la politique et du plaidoyer au Forum des parties prenantes, un groupe de pression de la société civile, "il doit y avoir une espèce de contrôle, même potentiellement une convention mondiale relative au contrôle des technologies nouvelles et émergentes".

"Ces dernières sont des solutions potentiellement très, très puissantes en termes de nouvelle capacité à aborder certains des plus grands problèmes du moment [comme le réchauffement de la planète ou l’approvisionnement en énergie], mais, si elles sont mal utilisées, ou avec des conséquences imprévues, elles peuvent créer leurs propres problèmes".

L’ébauche zéro semble indiquer que les gouvernements devraient soit former un Conseil de développement durable, soit améliorer le travail de l’actuelle Commission sur le développement durable (CDD). Mais la mention d’un groupe ou panel intergouvernemental sur la science qui aiderait le Conseil à prendre les décisions est omise.

Un tel panel, connu sous le nom de ‘Groupe d’experts intergouvernemental sur le développement durable’ aurait pour objectif de rassembler les connaissances scientifiques jusqu’ici fragmentées, pour aider le futur Conseil. Sa création avait été proposée par l’Indonésie, le Forum des parties prenantes, le Groupe principal pour les enfants et les jeunes, et d’autres organismes.  

Autre grand point faible du document selon Ullah, sa focalisation sur la croissance économique verte, sans discussion du concept politiquement sensible des limites naturelles de la planète. "C’est un concept clé dans le développement durable et, le fait qu’il ne soit pas explicitement mentionné est pour moi un oubli dangereux".

Lien vers l’ébauche zéro complète  [119kB]

Cet article fait partie de notre couverture sur la Science à Rio+20.