05/10/11

L’UNESCO refuse de suspendre définitivement le Prix Obiang

Le prix a soulevé la polémique à cause du bilan d'Obiang en matière des droits de l'Homme Crédit image: Flickr/Embassy of Equatorial Guinea

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Un prix controversé de la recherche, portant le nom du président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, et financé par ce dernier à hauteur de US$ 3 millions, restera suspendu, suite à la décision prise par le Conseil exécutif de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) dans le dernier épisode d’une longue saga qui s’est déroulé en France hier (4 octobre).

Selon une source interne à l’organisation, ‘l’UNESCO a décidé de mettre sur pied un groupe de travail chargé de poursuivre les consultations sur ce prix, en vue de prendre une décision définitive au mois d’avril prochain au plus tard’.

Le prix international UNESCO-Obiang Nguema Mbasogo pour la recherche en sciences de la vie a été adopté par les Etats membres en novembre 2008 ‘pour récompenser les progrès scientifiques qui améliorent la qualité de la vie humaine’.

Le prix a été suspendu une première fois en janvier 2010, quelques semaines seulement avant l’annonce de son premier lauréat, après l’éclatement d’une polémique autour de la mauvaise réputation du régime Obiang en matière de respect des droits de l’Homme. L’Union africaine (UA) avait ensuite envisagé de reprendre le prix en août 2010, mais l’UNESCO l’a suspendu à nouveau au mois d’octobre 2010.

La récompense a reçu le soutien des représentants des pays africains et arabes à l’UNESCO, et Obiang a pu faire voter une résolution en faveur du prix au sommet de l’UA en juin dernier, sommet qu’il a accueilli à Malabo, la capitale équato-guinéenne, pays qui détient la présidence tournante de l’organisation.

Un diplomate en poste à Paris a déclaré qu’à compter du mois d’avril prochain, Obiang ne sera plus président de l’UA, ce qui devrait briser le consensus africain sur la question et faciliter l’annulation du prix. Si le vote avait lieu cette semaine, ses partisans l’emporteraient, estiment des diplomates en poste à l’UNESCO.

Un certain nombre de délégués africains affirment soutenir le prix uniquement pour ne pas apparaître comme intimidés par la pression exercée par le système des Nations Unies et les pays occidentaux.

Dans son allocution au conseil exécutif la semaine dernière (30 septembre), Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, a appelé la Guinée équatoriale à retirer ce prix pour protéger et préserver la réputation de l’Organisation et ses bonnes relations avec la communauté scientifique qui voit le prix d’un mauvais œil.

Kenneth Hurwitz, conseiller juridique principal de l’Initiative judiciaire de l’Open Society à New York, une organisation qui a lancé une campagne contre le prix en rassemblant des signatures d’éminents écrivains et de militants, dont plusieurs originaires d’Afrique, juge ce report "timide".

‘L’UNESCO continue de traîner les pieds quand il s’agit de prendre une position de principe contre un prix qui honore un dictateur’, a-t-il déclaré.

‘La meilleure réponse à cette tentative éhontée d’autoglorification d’Obiang consiste à abolir le prix définitivement, et consacrer cet argent à la construction d’hôpitaux offrant des services abordables et de haute qualité et des écoles pour les populations équato-guinéennes.’

Tutu Alicante, exilé équato-guinéen et directeur exécutif de EG Justice, une organisation non gouvernementale, estime que ‘le conseil exécutif de l’UNESCO doit définitivement mettre un terme à ce débat en rejetant ce prix une fois pour toute’.