07/05/18

La transfusion sanguine accroît le risque d’avoir le palu

Red blood cells
Crédit image: Talia Frenkel/American Red Cross

Lecture rapide

  • La prévalence du paludisme dans les poches de sang pourrait atteindre 74%
  • Les tests de diagnostic rapide ne détectent pas correctement les parasites du paludisme
  • Les banques de sang et les chercheurs devraient collaborer pour s'attaquer à ce problème

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Une étude indique que la forte prévalence des parasites du paludisme dans le sang destiné à la transfusion pourrait être un problème majeur dans la lutte contre cette maladie en Afrique subsaharienne.
 
Présentée à Dakar, au Sénégal lors de la 7ème Conférence multilatérale sur le paludisme (MIM au 15 – 20 avril 2018), l'étude est une revue systématique du risque de transmission du paludisme par les donneurs de sang en Afrique subsaharienne.
 
Selali Fiamanya, co-auteur de l'étude et chercheur au Réseau mondial contre la résistance aux antipaludiques (WWARN[1]), souligne que la présence de parasites du paludisme a été évaluée chez 22 508 donneurs de sang potentiels dans 24 études menées entre 2000 et 2017 dans neuf pays d'Afrique subsaharienne, y compris le Nigéria.
 

“En l’absence d’une plus grande vigilance, les enfants recevant des transfusions sanguines dans le cadre du traitement des impacts du paludisme risquent d'être exposés à plus de parasites responsables du paludisme”

Selali Fiamanya, Réseau mondial contre la résistance aux antipaludiques

 
"L'étude a évalué la présence de parasites du paludisme dans des poches de sang. La prévalence varie de 6,5% à 74,1% dans différentes zones d'étude", ajoute Selali Fiamanya, notant que la plupart des études ont été menées en Afrique centrale et occidentale, dont plus de dix au Nigeria.
 
Les chercheurs ont mis en commun les données provenant des études individuelles pour générer une estimation de la présence du parasite du paludisme dans les dons de sang dans la région. Sur la base des 24 études, ils ont trouvé que le parasite du paludisme pouvait être détecté dans le sang de 23 % des donneurs.
 
"Le paludisme peut être transmis par transfusion sanguine et les efforts pour le combattre devraient inclure des tests sur les produits sanguins, utilisés pour une intervention importante, souvent vitale, et pratiquée dans le monde entier", déclare Selali Fiamanya.
 
Selon ce dernier qui est aussi chercheur au Centre de médecine tropicale et de santé mondiale de l'Université d'Oxford[2] en Grande Bretagne, il existe un fardeau de la banque de sang en matière de paludisme en Afrique subsaharienne, exposant les femmes enceintes et les enfants aux parasites de la maladie.
 
"En l’absence d’une plus grande vigilance, les enfants recevant des transfusions sanguines dans le cadre du traitement des impacts du paludisme risquent d'être exposés à plus de parasites responsables du paludisme", dit-il.
 
"Notre étude n’est que la première d’une série d’enquêtes qui sont nécessaires pour mieux comprendre le risque pour les femmes enceintes et les enfants qui reçoivent la majorité des transfusions sanguines dans cette région.
 

Diagnostic du plasmodium

"La même enquête doit être menée en Amérique latine et en Asie sur le fardeau de la banque de sang dans le paludisme dans ces régions, car il est probable qu'il y existe également une source cachée d'infection".
 
Philippe Guerin, co-auteur de l'étude et directeur du WWARN, note que "les défis techniques du diagnostic du plasmodium dans les produits issus du don de sang requièrent de l'attention, tout comme l’examen pour mieux comprendre ce risque et (comment) l'atténuer".
 
Les décideurs politiques en Afrique subsaharienne, explique-t-il, doivent savoir qu'il existe un risque élevé de transmission du paludisme à travers leurs banques de sang.
 
"Nous recommandons des recherches plus poussées sur de nouveaux moyens de faire subir un test de dépistage aux réserves disponibles dans les banques de sang, tels que des essais de traitement des poches de sang avant que les patients ne reçoivent une transfusion", explique Philippe Guerin.
 
Il appelle à une collaboration plus étroite entre les chercheurs qui travaillent sur le paludisme et les banques de sang afin de développer des approches pour répondre à ces risques.
 
Dans une autre étude réalisée de juin 2017 à septembre 2017 à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, et présentée lors de la même conférence de Dakar, des chercheurs ont indiqué que sur 200 échantillons de sang prélevés à la banque de sang de Malabo et déjà déclarés exempts d'infection paludique après le test de diagnostic rapide, 29,5% contenaient effectivement des parasites du paludisme.
 

Globules rouges

"Nous avons utilisé une nouvelle réaction en chaîne de la polymérase quantitative hautement sensible conçue pour détecter les six espèces de paludisme qui infectent l'homme", explique Claudia Daubenberger, coauteure de l'étude et chercheure à l'Institut tropical et de santé publique en Suisse.
 
"Actuellement, les tests de diagnostic rapide utilisés ne sont pas suffisamment sensibles pour détecter de faibles niveaux d'infection à plasmodium falciparum, ni des espèces de paludisme non associées au falciparum", ajoute-t-elle.
 
Pour sa part, Douglas Oimeke, interne au département de médecine familiale à Aga Khan University East Africa au Kenya confie à SciDev.Net que toute transfusion de sang et de produit sanguin contenant des globules rouges comporte un risque de transmission du parasite du paludisme ; et ce risque est plus cliniquement significatif dans les zones où le paludisme est endémique.
 
"Cliniquement, tous les patients recevant une transfusion sanguine contenant des globules rouges sont supposés être surveillés pour toutes les caractéristiques suggérant la transmission des parasites du paludisme", explique-t-il.
 
"Les signes et les symptômes comprennent, sans s'y limiter, la fièvre, les frissons, les maux de tête, le jaunissement des yeux et l'urine foncée".

Cet article a été produit par l'édition Afrique subsaharienne anglophone de SciDev.Net.

Références

 
[1] Worldwide Antimalarial Resistance Network
[2] Oxford University’s Centre for Tropical Medicine and Global Health