05/09/16

Le nectar de certaines plantes réduit la transmission du paludisme

Anophele malaria 1
Certaines plantes, par leur nectar, aident à ralentir l'expansion du paludisme Crédit image: Flickr / Jean-Luc Bourdial

Lecture rapide

  • Le nectar de certaines plantes réduit la capacité du moustique à transmettre le palu
  • La culture de ces espèces pourrait donc contribuer à la lutte contre cette maladie
  • Le paludisme demeure la première cause de mortalité infantile en Afrique

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D’après une récente étude, la consommation par les moustiques du sucre contenu dans certains fruits et dans le nectar de certaines plantes pourrait réduire leur capacité de transmission du paludisme.
 
Publiée en août 2016 dans la revue scientifique PLOS Pathogens, cette étude montre que l’alimentation en sucres naturels influence le développement du parasite, la fécondité des moustiques, de même que leur longévité.
 
"Différentes sources de nectar déterminent l’issue d’une infection à plasmodium falciparum, en relation avec leur localisation géographique. En plus, ces sources de nectar peuvent affecter les traits d’histoire de vie des moustiques comme la longévité, la fécondité et la quantité de repas de sang prise par les moustiques", explique D. François de Sales Hien, chercheur à l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) du Burkina Faso et principal auteur de l'étude.
 

“Une bonne politique de plantation des sources naturelles de nectar dans les régions de transmission élevée comme au Burkina Faso pourrait contribuer fortement à la baisse de l’incidence du paludisme”

Thierry Lefevre
Chercheur à l’IRD

  
L’équipe de chercheurs de l’Institut de recherche pour le Développement (IRD), du Centre national de la recherche scientifique (CNRS – France) et de l’IRSS, a obtenu ces résultats après une série de tests d’alimentation des moustiques (anophèles coluzzii notamment) avec des nectars de plusieurs espèces de plantes sur lesquelles les moustiques pouvaient vivre au-delà de 14 jours en se nourrissant uniquement sur ces plantes avant et après infection.
 
Les espèces en question étaient notamment le Thevetia neriifolia et le Barleria lupilina, des plantes ornementales cueillies dans des jardins à Bobodioulasso au Burkina Faso, ainsi que le Mangifera indica (mangue demoiselle) et le Lannea microcarpa, des fruits vendus sur le marché Burkinabé.
 
Selon les chercheurs, 14 jours, c’est le temps minimum nécessaire qu’il faut entre la prise d’un repas de sang infectieux par un moustique et la période où il est épidémiologiquement dangereux.
 
A l’issue des tests d’infection expérimentale et des analyses microscopiques couplées à une modélisation épidémiologique, les moustiques qui ont été nourris à base de nectar de T. neriifolia ont montré une baisse de 30 % de leur capacité de transmission du paludisme.
 

Molécules

 
Dans le même temps, ceux gorgés de nectar de L. microcarpa et de B. lupilina ont vu leur potentiel de transmission augmenter respectivement de 30 et 40 %.
 
Pour D. François de Sales Hien, les différentes sources naturelles de sucre peuvent influencer la transmission du paludisme à travers certaines molécules comme les alcaloïdes, les terpènes, les glycosides qui peuvent avoir des effets négatifs sur le développement des agents pathogènes.
 
Thierry Lefevre, chercheur à l’IRD abonde dans le même sens, en affirmant que "une bonne politique de plantation des sources naturelles de nectar dans les régions de transmission élevée comme au Burkina Faso pourrait contribuer fortement à la baisse de l’incidence du paludisme".
 
Le paludisme est, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la maladie parasitaire la plus répandue au monde ; et même si la prévalence parasitaire chez les enfants de 2 à 10 ans est passée de 33 % en 2000 à 16 % en 2015, il demeure la principale cause de mortalité infantile en Afrique.

Références

L'étude complète (en anglais) est disponible ici: http://journals.plos.org/plospathogens/article?id=10.1371/journal.ppat.1005773