06/07/17

Des antipaludiques de qualité non-certifiée pullulent sur les marchés africains

Drugs are prepared at the Servants of the Poor dispensary
Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • Les chercheurs ont évalué la répartition des antipaludiques dans huit pays
  • De nombreux points de vente d'antipaludiques sans assurance qualité ont été répertoriés
  • Un expert appelle à une forte réglementation et à la production locale

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[NAIROBI] Selon une étude, un marché important et potentiellement croissant d'antipaludiques sans assurance qualité fleurit en Afrique subsaharienne, en particulier dans le secteur privé.
 
Les antipaludiques avec assurance qualité sont des médicaments certifiés par des organismes de santé tels que l'OMS et destinés au traitement du paludisme. Ils contiennent la quantité indiquée d'ingrédients pharmaceutiques actifs (API), par opposition aux médicaments de mauvaise qualité ou à ceux qui ne contiennent pas une quantité d'API appropriée.
 
Selon les chercheurs, parce que les médicaments de première intention recommandés pour traiter le paludisme sans complication en Afrique subsaharienne – également appelés combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine [ACT] – sont principalement distribués par le secteur privé, des études qui explorent ce marché sont nécessaires.
 
Par conséquent, l'étude publiée dans le Malaria Journal le 25 mai dernier a examiné dans quelle mesure les combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine sans assurance qualité (non-QAACT – non quality-assured artemisinin-based combination therapy) étaient disponibles dans les secteurs privé et public dans huit pays endémiques du paludisme en Afrique subsaharienne : Bénin, République démocratique du Congo, Kenya, Madagascar, Nigéria, Tanzanie, Ouganda et Zambie, entre 2009 et 2015.

“L'augmentation des ACT non assurées est critique, non seulement pour la santé et la sécurité des patients, mais aussi pour une lutte efficace contre le paludisme.”

Kate O'Connell
ACTwatch Group

 
Des bénévoles formés ont mené au total 29 enquêtes sur le dépistage du paludisme dans ces pays, pour examiner les points de vente qui pourraient éventuellement stocker des antipaludiques dans les secteurs public (à but non lucratif) et privés à but lucratif, pendant la saison de pointe de la transmission du paludisme pour chaque pays. Dans chaque pays, les enquêtes ont duré de six à huit semaines.
 
Les chercheurs ont examiné environ 50.000 points de vente admissibles et ont audité plus de 336.000 antipaludiques, y compris plus de 78.000 médicaments ACT certifiés de qualité et 83.000 médicaments qui n'ont pas reçu l'approbation d'organismes de réglementation de niveau mondial.
 
"La disponibilité d'ACT non certifiés dans le secteur privé variait considérablement d'un pays à l'autre au cours de la plus récente série d'enquêtes : de 0% à Madagascar et 4% au Bénin, à 17% en Zambie, 21% en Tanzanie et 38% en Ouganda", note le document. "Plus de 40% des débouchés du secteur privé ne stockaient pas les médicaments ACT certifiés au Kenya (42%) et environ la moitié des points de vente avaient un médicament ACT certifié en stock au Nigeria (48%) et dans la province du Katanga, en République démocratique du Congo (53%)."

Kate O'Connell, chercheur principal et fondateur d'ACTwatch Group, qui a mené l'étude, déclare : "S'attaquer à la disponibilité et à la distribution d'ACT sans assurance qualité nécessitera une participation efficace du secteur privé et des stratégies fondées sur des données probantes pour répondre à la demande des consommateurs et des fournisseurs."
 
Et d'ajouter : "La montée des ACT sans assurance qualité est critique non seulement pour la santé et la sécurité des patients, mais aussi pour une lutte efficace contre le paludisme et la protection de l'efficacité des médicaments à base d'artémisinine face à la propagation de la résistance".
 
Willis Simon Akhwale, spécialiste du contrôle du paludisme basé au Kenya, affirme pour sa part que l'étude couvre une longue période et offre l'occasion de faire une analyse des tendances.
 
Willis Simon Akhwale a déclaré à SciDev.Net que les résultats pourraient être liés à l'absence de fabrication locale d'antipaludiques et au prix élevé des antipaludiques de qualité en Afrique subsaharienne.
 
Selon le spécialiste, les résultats ne dépeignent pas bien les résultats obtenus jusqu'ici en matière de lutte contre le paludisme en Afrique.
 
"La plupart des pays d'Afrique subsaharienne ont des mécanismes de réglementation faibles", ajoute-t-il, notant que les fabricants internationaux devraient s'associer aux fabricants locaux pour produire ces médicaments.
 
Il peut être plus facile pour les autorités de réglementation de surveiller la production locale qu'un large éventail de produits d'importation, explique Willis Simon Akhwale.
 
Les résultats, selon lui, sont importants pour les ministères de la Santé, les programmes nationaux de lutte contre le paludisme et les ministères de l'industrialisation. La participation des fabricants et importateurs locaux est également essentielle.
 
Il appelle à une réglementation stricte, avec le soutien total du gouvernement.

Cet article a été rédigé par le desk anglophone pour l'Afrique sub-saharienne.