29/08/18

Un remède qui réduit de 96% les décès dus au palu chez l’enfant

A woman sits with her child as a health worker takes a finger prick blood sample
Un agent de santé effectue un prélèvement sanguin sur un enfant sous le regard de sa mère Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • La Zambie comptait environ trois millions de cas de paludisme en 2016
  • Un essai montre qu'un médicament peut réduire de 96% les décès dus aux formes graves de la maladie
  • Réalisé à grande échelle, le résultat pourrait être révolutionnaire

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[KISUMU, KENYA] Sous la forme d’un suppositoire, l'artésunate, un antipaludéen commun, a permis de réduire considérablement la mortalité infantile due aux formes graves de paludisme dans un essai en zone rurale en Zambie, a déclaré l'une des organisations à l'origine du programme.
 
Selon le rapport mondial de l'OMS (organisation mondiale de la santé) sur le paludisme, publié en 2017, sur une population de près de 17 millions d'habitants, la Zambie a recensé trois millions de cas de paludisme en 2016, dont environ 7% évoluaient vers des formes graves, lors desquelles les patients peuvent devenir inconscients.
 
Les enfants de moins de cinq ans constituent le groupe d’âge le plus sensible aux formes graves du paludisme, en raison d’une insuffisance d’immunité et, selon les experts si elle n’est pas traitée, la maladie peut rapidement devenir mortelle.
 
Les chercheurs ont annoncé qu'au cours d'un essai clinique de 12 mois avec une formulation en suppositoire de l'artésunate antipaludéen commun, les décès dus aux formes graves du paludisme sont passés de 8 à 0,25%, malgré l'identification de 225 et 1 215 cas, respectivement au départ et à la fin de l'étude.

En améliorant l'accès aux médicaments essentiels contre le paludisme et en améliorant la gestion des cas, le projet a pu réduire la mortalité due aux formes graves du paludisme non traitées

Pierre Hugo, directeur de MMV

 "La connaissance des signes de danger des formes graves de paludisme au niveau communautaire s'est améliorée de manière significative ; plus de 85% des volontaires de santé communautaire connaissant trois signes ou plus de danger à la fin, contre moins de 50% au départ", explique à SciDev.Net Pierre Hugo, directeur de Medicines for Malaria Venture (MMV), une organisation à but non lucratif basée en Suisse.
 
Bien que les directives de l’OMS pour le traitement du paludisme comportent depuis plus de dix ans des recommandations sur l’utilisation du médicament sous forme de suppositoire, connu sous le nom d'artésunate rectal (SAR – Suppositoires d'artésunate rectal), il n’existait jusqu’à récemment aucun produit de qualité garantie sur le marché.
 
Dans le passé, cela avait obligé les pays où le paludisme est endémique à choisir parmi des sources d'approvisionnement en médicaments non conformes aux normes internationales.
 
En conséquence, la MMV collabore avec deux sociétés pharmaceutiques indiennes, Strides et Cipla, pour obtenir la préqualification de SAR par l'OMS, dans le cadre d'un projet financé par l'initiative internationale contre le paludisme, UNITAID.
 
Les chercheurs ont ajouté que pour les besoins de cet essai, des volontaires en santé communautaires formés ont administré le médicament à tous les enfants âgés de six mois à six ans atteints de formes graves du paludisme et les ont orientés vers les établissements de santé, 70 % d’entre eux bénéficiant du système de transport d’urgence.
 
L'essai a connu un tel succès parce que sous forme de suppositoire, le médicament pouvait être administré même lorsque l'enfant était inconscient ou qu'il vomissait, ce qui n'est pas le cas pour les médicaments oraux.
 
L'essai, qui a débuté en juillet de l’année dernière, a eu lieu dans le district de Serenje en Zambie, en partenariat avec le Centre national d’élimination du paludisme de Zambie.

Prise en charge

Pierre Hugo a déclaré que le test visait à accroître l'accès à l'artésunate de qualité garantie au niveau communautaire et à réduire les décès dus aux formes graves du paludisme, chez les enfants de moins de six ans, en en améliorant la prise en charge.
 
"En améliorant l'accès aux médicaments essentiels contre le paludisme et en améliorant la gestion des cas, le projet a pu réduire la mortalité due aux formes graves du paludisme non traitées et sauver la vie de nombreux enfants, ce qui a profité aux enfants et à leurs communautés", ajoute Pierre Hugo.
 
L’intéressé ajoutant que le projet a renforcé la capacité des communautés en matière d’intervention et celle des établissements de santé en matière de lutte contre les formes graves du paludisme chez les enfants.
 
Willis Akhwale, fondateur et directeur exécutif de Continental Public Health Consulting, basé au Kenya et spécialiste de la lutte contre le paludisme, affirme que les résultats permettent d'envisager un impact significatif sur la santé publique, si l'intervention est déployée.
 
"Une réduction de 96% du taux de mortalité due aux formes graves du paludisme, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans, grâce à la prise en charge communautaire du paludisme, serait révolutionnaire", estime Willis Akwhale.
 
Mais le praticien ajoute que la plupart des décès liés aux formes graves du paludisme sont dus à l’anémie qui nécessite des transfusions sanguines et l’administration de fluides intraveineux dans les établissements de santé.
 
Ainsi, il est prudent que cette stratégie soit déployée parallèlement à un système de référence qui fonctionne bien et à des installations de soins de santé primaires mieux équipées, explique encore Willis Akwhale.
 
"L'accès aux établissements de santé reste un obstacle à la qualité des soins de santé dans la plupart des pays à forte charge du paludisme", conclut-il.