12/09/08

L’atteinte des OMD nécessite une stratégie basée sur l’innovation

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L’engagement pour une stratégie d’ innovation orientée vers le développement doit être une des priorités du prochain sommet de New York sur les OMD.

Les dirigeants du monde se retrouveront à New York le 25 de ce mois pour débattre des progrès accomplis  permettant de se rapprocher des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Les OMD sont un ensemble d’objectifs de développement relativement ambitieux, qui vont de la réduction de la mortalité infantile à l’amélioration des niveaux dans l’éducation primaire, évoqués pour la première fois au milieu des années 1990.

Durant le sommet de New York, l’on attend des annonces relatives aux progrès significatifs accomplis depuis le Sommet du Millénaire des Nations Unies en 2000,  avec l’espoir d’atteindre les OMD avant la date butoir, fixée  à 2015. Ainsi, la proportion de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté a chuté de 40 à 25 pour cent au cours des 15 dernières années.

Lors d’un forum tenu la semaine dernière à Accra, au Ghana, les bailleurs de fonds ont annoncé que des progrès significatifs  avaient été accomplis  en matière de coordination des programmes d’aide,  et d’accroissement de la marge de manœuvre des pays bénéficiaires sur les fonds de ces aides.

Mais beaucoup reste à faire  pour réduire la pauvreté dans le monde de manière substantielle. Même si, compte tenu de la croissance globale de la population mondiale,  la proportion de personnes vivant dans la pauvreté recule, il reste plus d’un milliard de pauvres. Une déclaration faite lors du Forum d’Accra le constate : « le rythme des progrès est trop lent ».

Des progrès certains mais il reste du chemin à parcourir

La lenteur des progrès s’explique en partie par le fait que les pays développés hésitent encore à  augmenter leurs contributions financières de manière suffisante, qui permettrait de se rapprocher des OMD. La plupart des pays donateurs sont encore loin de l’objectif des 0,70 pour cent du PNB fixé par les Nations Unies, et beaucoup de promesses relatives à l’augmentation de ces aides financières n’ont pas encore été concrétisées.

Un rapport publié la semaine dernière (4 septembre) par la Task Force des Nations Unies évoque d’autres causes à l’origine de cette lenteur. Ce rapport reconnaît également que des progrès ont été accomplis récemment dans certains domaines tels que la réduction de la fracture numérique par la résorption du retard dans le secteur de la téléphonie mobile. Actuellement, presque tous les pays africains ont plus d’utilisateurs de téléphones mobiles que de téléphones fixes. Quelque 65 millions de personnes se sont abonnées à la téléphonie mobile seulement en 2006,  portant le nombre d’abonnés au téléphone mobile à 22 pour cent de la population africaine.  

Toutefois, la Task Force relève également que de nombreux retards subsistent dans l’amélioration de l’accès aux technologies nécessaires à l’accroissement de la productivité,  au soutien de la croissance économique et à l’amélioration de la fourniture des services dans des domaines tels que la santé et l’éducation.

La Task Force observe en particulier que l’accès aux médicaments essentiels dans les pays en développement demeure "très insuffisant". Et souligne la nécessité d’accroître les moyens financiers consacrés à la recherche médicale et au développement de la médecine, notamment dans les domaines clés tels que les formes galéniques des médicaments pour enfants et les maladies négligées.

De l’importance de la science

Tout ceci prouve que les décideurs en matière d’aide au développement n’ont pas encore compris toute l’importance de la science, des technologies et de l’innovation,  pas uniquement en matière   d’OMD mais également dans la mise en place de cadres solides permettant aux pays en développement de se doter de capacités permettant de résoudre leurs problèmes sociaux ou économiques.

Il y a environ quatre ans, les auteurs d’un éditorial du Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net) écrivaient " il faut beaucoup plus que de l’argent; de nouvelles approches en matière d’aide et  de développement sont également indispensables ». Ces dernières, recommandaient-ils, doivent être fondées sur des engagements qui placent la science, la technologie et les systèmes d’innovation au centre de la politique d’aide (voir Rethinking science aid).

De même, d’autres observateurs ont insisté sur le fait que, quel que soit le bien-fondé des différents OMD, l’accent mis sur des objectifs  à relativement court terme pourrait faire perdre de vue la nécessité des investissements à plus long terme, par exemple dans l’enseignement  supérieur et les capacités de  recherche.

Cependant, sans ces investissements – accompagnés de stratégies telles que des régimes de droits de propriété intellectuelle pour garantir  l’intégration effective des  résultats de la recherche  dans la sphère économique -, il est peu probable que les pays en développement  obtiennent une croissance économique et sociale durables .

Une chance à saisir

L’une des actions essentielles à mener consiste à  insister sur  l’importance de la science, de la technologie et de l’innovation à la fois auprès des institutions de développement et des pays en développement, en tenant compte des besoins et de la situation de ces pays.

La Task Force des Nations Unies a également mis l’accent sur la nécessité d’une flexibilité accrue des règles de droits de propriété intellectuelle afin d’accélérer la diffusion des technologies de développement dans les pays les plus pauvres. L’application plus généralisée de prix différenciés  permettant de mettre les technologies clés à la portée de tous revêt une importance tout aussi capitale.

Aussi et surtout, la communauté internationale doit s’engager à placer la science et l’innovation au centre de la politique de développement, notamment pour les stratégies à long terme, pour le succès des OMD. Trop souvent, ces questions restent marginalisées dans la réflexion internationale sur le développement.

Cependant, certains pays comprennent de plus en plus le bien-fondé de cette stratégie. L’Afrique du Sud et, plus récemment, le Rwanda montrent la voie pour la promotion des systèmes d’innovation  comme éléments-clés du développement durable. Et l’Irak vient de demander à la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) de l’aider à aller dans le même sens (voir UN boost for Iraq’s science and technology sector).

Le sommet, qui aura lieu à New York au courant de ce mois, offre à la communauté internationale l’occasion idéale de démontrer  qu’elle s’engage sur cette voie  et entend adopter cette stratégie  pour éradiquer la pauvreté dans le monde.

David Dickson
Directeur du Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net)

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