22/09/15

Un rapport met en évidence le lien entre climat et nutrition

Malnutrition in Darfur
Crédit image: Flickr/Unamid

Lecture rapide

  • Un tiers de la population mondiale souffre de malnutrition
  • Les changements climatiques agissent de manière négative sur la nutrition
  • L’un des obstacles à l’achèvement des objectifs en matière de nutrition est le déficit d’engagement politique

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Selon un rapport de l’Institut International de Recherche sur le Climat et la Société (IRI) publié aujourd’hui, le changement climatique complique les efforts à l’échelle mondiale pour combattre la malnutrition
 
Le rapport recommande une série de mesures à l’intention des dirigeants de tous les pays, pour mettre fin à la malnutrition, sous toutes ses formes. 
 
Il note qu’une personne sur trois souffre de malnutrition, à l’échelle mondiale et précise que la question concerne tous les pays, tout en déplorant que les stratégies disponibles pour la résorber ne soient pas mises en œuvre, faute de ressources financières, de compétences ou de pression politique. 
 
Mais les chercheurs établissent aussi, pour la première fois, un lien entre changement climatique et nutrition. 
 
Selon eux, le changement climatique affecte la nutrition, en exerçant une influence sur la sécurité alimentaire, la santé, l’accès à l’eau et l’assainissement de l'environnement
 
Changement climatique
 
Les changements saisonniers peuvent avoir de grandes répercussions sur les disponibilités alimentaires et les maladies et celles-ci à leur tour affectent considérablement la survie et le développement des enfants. 
 
Cela signifie, par exemple, que les bébés nés en Inde en novembre et décembre sont plus grands en moyenne à 3 ans que ceux nés entre avril et septembre, précise le rapport. 
 
"Nous voulions souligner que ce qui est en jeu n’est pas tant la façon dont le climat aura un impact sur la nutrition dans 50 ans, que ses impacts immédiats", explique Madeleine Thomson, de l'Institut international de recherche sur le climat et la société, une composante de l'Institut de la Terre de l'Université Columbia. 
 
Mdeleine Thomson est l'auteur principal du chapitre du rapport consacré à l’impact du climat sur la nutrition, à l’échelle mondiale. 
 
Selon elle, "pour les communautés les plus pauvres, les fluctuations saisonnières de l'accès aux aliments et les vecteurs de maladies infectieuses demeurent une réalité et ont un effet profond sur la nutrition".  
 
"Cette vulnérabilité aux cycles et phénomènes climatiques comme El Niño est un indicateur clé de la vulnérabilité de certaines populations aux phénomènes météorologiques extrêmes que le changement climatique pourrait déclencher", ajoute-t-elle. 
 
Par ailleurs, le rapport fait l’état des lieux de la nutrition dans le monde et fait état d’importantes disparités régionales.
 
Pour ce qui est de l’Afrique, les auteurs notent des améliorations substantielles. 
 
Obésité 
 
En termes de gains, "l’Ethiopie, la Tanzanie, le Ghana, le Kenya, le Libéria et la Sierra Leone ont réalisé des progrès notables", explique encore Madeleine Thomson. 
 
De manière générale, précise-t-elle, les pays africains doivent surveiller les niveaux d’obésité au sein de la population.  
 
"S’ils restent relativement faibles, les niveaux d’obésité connaissent néanmoins une hausse rapide", avertit-elle. 
 
Enfin, pour apporter des solutions aux principaux problèmes auxquels la planète est confrontée en matière de nutrition, les auteurs recommandent une pression politique soutenue. 
 
"Il est facile de prouver que dans des pays comme le Ghana, le Vietnam, l'Ethiopie, la Tanzanie, le Pérou et l’Etat du Maharashtra, en Inde, la pression politique soutenue à un haut niveau a permis d'améliorer les résultats en une génération. 
 
Pour Madeleine Thompson, "une stratégie efficace de lutte doit inclure de l’engagement, de la cohérence, un niveau de couverture suffisant et une stratégie efficace d’évaluation à travers la statistique", pour évaluer constamment la situation, servir de guide pour l’action politique et évaluer les progrès. 
 
Selon le chercheur, près de la moitié des pays du monde n’ont pas la capacité d’évaluer les progrès accomplis vers l’achèvement des objectifs fixés à l’échelle mondiale. 
 
Une trentaine de chercheurs ont contribué à la rédaction du rapport, dont deux chercheurs africains : Eunice Nago Koukoubou, de l’Université d’Abomey-Calavi, au Bénin et Elizabeth Kimani, du Centre Africain pour la Recherche sur la Population et la santé. 
 

Références

Télécharger le Rapport Mondial sur la Nutrition (2015) – en anglais.