23/02/17

Nigeria : L’absence de leadership entrave la feuille de route du nucléaire

Nuclear power
Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • En 2000, le Nigéria avait élaboré un ambitieux programme nucléaire
  • L'incapacité du pays à le mettre en oeuvre est imputée au manque de leadership
  • Mais un critique estime que le pays gagnerait à investir dans les énergies renouvelables

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[ABUJA, NIGERIA] Selon des experts, l'absence de leadership handicape l'engagement pris par le Nigeria en l'an 2000 de produire 1000 mégawatts d'électricité à partir d'une centrale nucléaire d'ici à 2017.
 
Les scientifiques et les ingénieurs du secteur du nucléaire ont aidé le pays à élaborer une feuille de route en 2000 pour produire de l'énergie nucléaire dans le but de relever les défis du pays en matière d'approvisionnement en électricité.
 
Dix-sept ans après le lancement de l'ambitieux programme nucléaire largement critiqué par des groupes de la société civile, le gouvernement n'a toujours pas acquis de sites pour l’installation des usines.
 

“Il est urgent que la volonté politique de l'actuel gouvernement se matérialise pour la réalisation de la feuille de route.”

Turner Isou – Ancien ministre des Sciences
et de la Technologie du Nigeria

La première centrale nucléaire, selon la feuille de route, devait commencer à produire de l'électricité cette année.
 
Dans la même feuille de route, les experts avaient prévu le recrutement du personnel, ainsi que le développement des infrastructures entre 2005 et 2012 ; la période 2006-2008 avait été prévue pour la certification de la conception, les approbations réglementaires et les permis ; la construction et le démarrage des activités devaient avoir lieu entre 2007 et 2015.
 
Enfin, le raccordement au réseau national avait été prévu pour 2017, afin de donner corps à la volonté du gouvernement de produire de l'électricité à partir d'un réacteur nucléaire.
 
Vincent Achibong, ingénieur spécialisé dans le nucléaire et basé au Nigeria, a déclaré à SciDev.Net que les objectifs fixés avaient échoué en raison du manque de financement, de l'absence de professionnels compétents et des luttes intestines entre les différents organismes gouvernementaux chargés de superviser le programme.
 
"Les différentes agences du nucléaire, les commissions ad hoc et le ministère de la Science et de la Technologie se battent entre eux pour contrôler le programme et, par conséquent, nous n'avons pas été en mesure de réaliser des progrès", explique Vincent Achibong.
 
Turner Isoun, ancien ministre nigérian de la Science et de la Technologie, qui a été à l’origine du programme, déclare pour sa part à SciDev.Net : "Les gouvernements [successifs] n'ont pas réussi à assurer le leadership nécessaire pour actualiser le programme. Il y a un besoin urgent de volonté politique de la part du [gouvernement actuel] pour la réalisation de la feuille de route."
 
Et d'ajouter : "Le programme est encore viable [bien que] certaines estimations aient dépassé leurs échéances. Mais il y a encore de l'espoir."
 
Selon Turner Isoun, la Commission de l'énergie atomique du Nigeria collabore avec les universités du pays pour la formation du personnel nécessaire au programme et a appelé à l'implication du secteur privé.
 
Mais Nnimmo Bassey, président de la Fondation Health of Mother Earth, l'une des organisations de la société civile opposées au programme, a déclaré à SciDev.Net que le Nigeria n'a pas besoin d'un tel programme.
 
"Le Nigéria n'a rien à voir avec l'énergie nucléaire. Nous devrions nous concentrer sur la production d'énergie à partir de sources renouvelables. L'énergie nucléaire est coûteuse et très vulnérable compte tenu du bilan du Nigéria en matière de lmaintenance des installations", a renchéri Nnimmo Bassey.

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