24/07/18

Villes intelligentes, mode d’emploi

Abidjan Smart City
Vue d'Abidjan avec un homme d'affaires "connecté" en hauteur - Crédit image: SDN/Roman Yanushevsky

Lecture rapide

  • Une conférence vise à susciter un débat sur une meilleure gestion des villes grâce aux TIC
  • Elle va étudier plusieurs scénarios d'application et de déploiement de villes intelligentes en Afrique
  • Des thématiques clés, liées à l'approvisionnement en eau et en énergie, seront abordées

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[OUAGADOUGOU] La capitale burkinabé accueille à partir de ce mardi une conférence internationale sur les villes et communautés intelligentes, avec la participation de plusieurs personnalités du monde de la technologie.

Organisée à l'initiative de l'Institut des arts et métiers (IBAM), de l’Université Ouaga 1 Joseph Ki-Zerbo (UO1JKZ), la Conférence internationale sur les villes et communautés intelligentes (International conference on smart cities and communities – ICSCC 2018), se tiendra du 24 au 26 juillet 2018.

"Elle s'inscrit dans la droite ligne de l'ouverture de notre université vers la résolution des problèmes posés par nos sociétés", explique à SciDev.Net, le professeur Blaise Koné, expert en mathématiques appliquées et directeur de l’UO1JKZ.

“Une ville intelligente est une ville qui utilise les NTIC pour améliorer la qualité et les coûts des services de base qu’elle offre à ses populations.”

Ferdinand Guinko – Chercheur en génie logiciel

"Tandis que la mairie de Ouagadougou, partenaire de la conférence a entrepris des réformes afin d’améliorer la qualité des services dédiés aux citadins, cette conférence pourrait ouvrir des portes vers des solutions opérationnelles", estime-t-il.

Dans un contexte où toutes les sociétés sont fortement orientées vers la transformation numérique, l’amélioration de la qualité des services dédiés aux citoyens, basée sur les outils numériques, est l’objectif principal des villes intelligentes.

Ferdinand Guinko, enseignant chercheur en génie logiciel à l’UO1JKZ et expert en villes intelligentes et en systèmes d’information en santé, explique qu'une "ville intelligente est une ville qui utilise les NTIC pour améliorer la qualité et les coûts des services de base qu’elle offre à ses populations".

Ainsi, "les villes ayant pour ambition d’être villes intelligentes cherchent à concilier les piliers sociaux, culturels et environnementaux, à travers une approche systémique qui allie gouvernance participative et gestion efficiente des ressources naturelles, pour faire face aux besoins des populations", précise-t-il.

Le professeur Paul Fortier, directeur du département de génie électrique et de génie informatique de l’Université Laval, membre senior de l’Institut des ingénieurs en électricité et électronique (Institute of Electrical and Electronics Engineers – IEEE), salue pour sa part cette initiative et parie déjà sur sa réussite, tout en espérant qu’elle devienne un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui s’intéressent aux villes intelligentes, particulièrement en Afrique.

"La conférence internationale sur les villes et les communautés intelligentes devrait être un succès, par la qualité des articles présentés et celle des conférenciers invités", déclare-t-il à SciDev.Net.

L’intéressé, par ailleurs président du comité d’organisation de l’ICSCC 2018, fait entre autres valoir le partenariat stratégique que les organisateurs de la conférence ont noué avec l’IEEE, afin d’en maximiser l’impact.

Car, selon lui, "l’IEEE est la plus grande organisation scientifique dans le monde, avec plus de 400.000 membres dans 160 pays."
En termes d’impact, ceux d’une ville intelligente sur les populations sont importants et visent à améliorer la vie des citoyens à tous les niveaux, à en croire Ferdinand Guinko.

Le chercheur burkinabé affirme que "la ville intelligente est un concept transversal, concernant tous les secteurs de l’économie et de la société : transports, santé, éducation, commerce, etc."

Prenant exemple sur le secteur des transports, il explique que dans la plupart des villes africaines, les feux tricolores ont une programmation fixe qui ne facilite pas la circulation, surtout aux heures de pointe où l’on remarque d’intenses trafics routiers.

Or, selon lui, dans une ville intelligente, ces feux peuvent être programmés de façon automatique afin de s’adapter aux heures de pointe et de fluidifier le trafic.

Approche inclusive

Cependant, s’il est établi qu’il faut l’implication de tous les acteurs – chercheurs et universitaires, opérateurs économiques et industriels, pouvoirs publics, etc. – pour qu’une ville traditionnelle réussisse sa transformation en ville intelligente, Ferdinand Guinko regrette le déficit de collaboration en amont entre les chercheurs et les pouvoirs publics.

"Il n’y a pas un cadre de concertation en amont pour discuter clairement des problèmes de base qui se posent à nos sociétés", regrette l’intéressé.

Or, selon Blaise Koné, l’un des objectifs de l’université étant sa contribution au développement économique, social et culturel, elle se doit d’être impliquée à tous les niveaux de l'appareil décisionnel, pour contribuer efficacement au développement du pays et cela passe par la recherche scientifique appliquée aux réalités des sociétés et surtout à la vulgarisation des résultats.

Défis

Selon Paul Fortier, si la volonté politique et l’acceptabilité sociale sont les conditions pour qu’une ville réussisse sa transformation en ville intelligente, il existe des défis à relever dans ce processus.

"Je vois la capacité financière, les choix technologiques et la gouvernance, comme principaux goulots d’étranglement susceptibles d’entraver la transformation en ville intelligente", estime-t-il.

Et d'expliquer que la capacité financière, ou, de façon duale, le coût élevé des investissements à consentir pour amener une ville ou une communauté à devenir intelligente, est un goulot d’étranglement, même dans un contexte européen ou nord-américain.

Par ailleurs, "les villes et les communautés doivent être bien conseillées par des consultants qui n’ont aucun intérêt financier dans l’acquisition des équipements", plaide-t-il, pour surmonter le second défi.

Enfin, il rappelle que, "comme pour tout projet majeur, une bonne gouvernance est une condition sine qua non à une réussite", avant de préconiser comme solution, l’implication des populations concernées dans toutes les étapes et la mise en place de comités de gestion constitués de personnes indépendantes, intègres et représentatives.

L’ICSCC 2018 rassemblera les experts de tous les continents et les présentations des conférenciers ambitionnent d'inspirer et de motiver les pouvoirs publics, à accélérer la transition vers des villes et communautés intelligentes.