07/06/11

Un outil de la FAO pour évaluer les avantages et les inconvénients des biocarburants

Cet outil pourrait aider les pays à décider d'adopter ou non le Jatropha curcas qui est controversé Crédit image: Flickr/tonrulkens

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[LIMA] Un guide publié par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pourrait aider les législateurs à calculer les coûts et les avantages d’un investissement dans les biocarburants.

Le Cadre analytique du Projet bioénergies et sécurité alimentaire (BEFS), publié le mois dernier (17 mai), a été développé au cours des trois dernières années et testé au Pérou, en Tanzanie ainsi qu’en Thaïlande.

Heiner Thofern, Directeur du projet BEFS, a indiqué que l’objectif était d’aider les législateurs à prendre des décisions informées pour déterminer si le développement des bioénergies est une option viable pour leurs pays et, le cas échéant, identifier des politiques qui optimaliseront les bénéfices économiques et minimiseront les risques pour la sécurité alimentaire.

Par exemple, le rapport a observé que la biomasse naturelle du Pérou pouvait satisfaire les besoins énergétiques locaux et contribuer à réduire la pauvreté tout en fournissant une énergie moins onéreuse et en offrant de nouveaux revenus possibles.

La Thaïlande, qui vise quant à elle à accroître sa production de biocarburants jusqu’à 5 milliards de litres d’ici 2022 grâce à son plan de développement d’une énergie alternative, "a les moyens de réaliser le plan du gouvernement pour développer durablement l’industrie des biocarburants, sans avoir d’impact négatif sur la sécurité alimentaire".

D’après le rapport du BEFS, les biocarburants pourraient toutefois présenter des risques et entraver la sécurité alimentaire en Tanzanie. Du reste, grâce à des investissements et à des politiques adéquats, les biocarburants "peuvent contribuer à réaliser les objectifs de développement du pays qui sont d’améliorer la croissance économique et de réduire la pauvreté", est-il précisé dans le rapport, en soulignant que le manioc pourrait être une bonne option de biocarburant pour le pays.

"Il s’agit d’un outil très utile pour les législateurs et les autorités", a déclaré à SciDev.Net Julio Ugarte, coordinateur du Centre international pour la recherche en agroforesterie au Pérou. "La clarté de sa méthodologie étape par étape et l’aide apportée par les modèles de simulation, permettent de répondre aux questions de base et de faciliter les discussions sur les difficultés que pose l’industrie de la bioénergie".

Miyuki Iiyama, membre du Centre international pour la recherche en agroforesterie du Kenya, qui a récemment mis en garde contre la frénésie autour de l’utilisation du jatropha comme biocarburant, a indiqué : "Cet outil vise à combler un réel besoin : il offre un moyen de prendre des décisions objectives sur les investissements dans les biocarburants, en prenant en considération la possibilité que la production de biocarburants vienne concurrencer les autres manières de cultiver la terre et qu’elle affecte la sécurité alimentaire".

Il est toutefois probable que cela soit "trop ambitieux à court terme" pour les petits pays africains, où les activités liées à la bioénergie sont fréquemment sporadiques et risquent d’amener les investisseurs étrangers à s’emparer des terres.

"Cela requiert de disposer de nombreuses données mais aussi d’une modélisation par des experts, or bon nombre de pays en développement risquent de ne pas avoir la capacité de les mettre en œuvre uniquement pour les secteurs de la bioénergie. Des méthodologies plus pratiques et plus applicables leur seront certainement plus utiles".

Chris Buddenhagen, chercheur à la Florida State University, aux États-Unis, et ancien coordinateur du Hawaii Invasive Species Council, qui a développé un outil pour évaluer les risques d’invasion par les espèces cultivées pour les biocarburants, a également approuvé la méthode tout en mettant en garde contre le fait qu’elle semblait difficile à utiliser et à appliquer rapidement pour prendre les meilleures décisions politiques.

Il a également signalé que certaines questions étaient négligées par cet outil, notamment la biodiversité et l’aspect invasif des espèces cultivées pour les biocarburants.

Lien vers le rapport du cadre du BEFS (en anglais)

Bioénergie et sécurité alimentaire — Analyse du BEFS pour le Pérou (en anglais)

Bioénergie et sécurité alimentaire — Analyse du BEFS pour la Tanzanie (en anglais)

Bioénergie et sécurité alimentaire — Analyse du BEFS pour la Thaïlande (en anglais)

Rapport supplémentaire par Mićo Tatalović.