15/04/11

Un guide pour le renforcement des réseaux de sismologues en Afrique

Les données sismiques sont importantes pour prévoir et surveiller des événements tels que des tremblements de terre Crédit image: Flickr/James Guppy

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[LE CAP] Un groupe d’institutions universitaires nord-américaines vient d’élaborer le premier guide visant à mettre en place des centres de surveillance des séismes dans les pays en développement. Ce guide accélèrera par exemple la création d’un réseau panafricain de stations scientifiques de surveillance des sciences de la terre.

Une ébauche du document a été discutée à l’occasion de la rencontre annuelle de la Seismological Society of America de 2011 qui s’est tenue cette semaine à Memphis (13–15 avril). Ce document a été élaboré par l’Incorporated Research Institutions for Seismology, un consortium universitaire situé aux États-Unis qui œuvre pour accéder librement aux données sismiques.

"L’idée est que les gouvernements puissent prendre ce document, dans lequel les détails relatifs à la mise en place d’un réseau seront expliqués clairement, afin qu’une instance gouvernementale de gestion non spécialiste puisse le lire et comprendre ce qui est nécessaire pour créer, entretenir et faire fonctionner un réseau", a déclaré à SciDev.Net Andrew Nyblade, Professeur de géosciences à la Pennsylvania State University, aux États-Unis.

Il est toutefois peu probable que la version finale soit prête avant un an au moins, a-t-il ajouté.

Les données sismiques sont importantes pour prévoir et surveiller les événements tels que les tremblements de terre, mais aussi pour les industries pétrolières, minières et de construction des pays en développement.

"Au cours des dernières décennies, plusieurs ressources ont été rassemblées pour élaborer des réseaux de sismologues dans les pays en développement, mais très peu d’entre eux ont survécu", a déclaré A. Nyblade.

Il a exposé son expérience en matière d’élaboration de réseau de sismologues en Afrique grâce à AfricaArray, un partenariat ayant été créé il y a six ans pour soutenir la formation et la recherche en sciences de la terre, de l’air et de l’espace en Afrique.

D’après A. Nyblade, un des codirecteurs d’AfricaArray, les principales contraintes sont l’expertise et l’argent. En Zambie, un réseau de sismologues financé par des donneurs de fonds et ayant été créé dans les années 1980, a échoué lorsque les financements ont été épuisés, et le pays n’avait ni les ressources, ni le savoir faire pour entretenir ce réseau.

Un guide pour le renforcement des réseaux de sismologues expliquerait de manière explicite les engagements, en termes de temps, d’expertise et de ressources humaines, nécessaires pour entretenir ces réseaux sur le long terme.

"Grâce à un tel guide, nous aurions pu mieux aider plusieurs agences gouvernementales au cours des dernières années pour construire des réseaux durables, tout en réalisant d’importantes économies sur le long terme", a déclaré A. Nyblade.

AfricaArray comprend 40 stations dans 15 pays. Les stations collectent les données sismiques et d’ici la fin de l’année, 20 d’entre elles enregistreront également les données météorologiques et celles du Global positioning system (GPS) qui permettront de surveiller les niveaux de la nappe phréatique et de collecter les données atmosphériques nécessaires aux modèles climatiques.

D’après A. Nyblade, ce réseau génère actuellement l’ensemble de données sismiques le plus complet en Afrique ; il est utilisé pour former une nouvelle génération d’étudiants qui préparent un master ou un doctorat.

Toutefois, la capacité de l’Afrique pour surveiller la sismologie est encore faible par rapport aux pays industrialisés, et le réseau compte peu de stations en Afrique occidentale, presqu’aucune dans la partie centrale du continent.

"La croûte et le manteau de l’Afrique sont parmi les moins étudiés dans le monde", a déclaré Zibusiso Gumede, chercheur en géophysiques à l’University of the Witwatersrand, en Afrique du Sud, qui est chargé de l’installation et de l’entretien des stations de sismologies d’AfricaArray.

D’après A. Nyblade, le réseau devrait finalement couvrir également ces régions, mais cela ne se fera pas du jour au lendemain

"Nous prévoyons que le réseau finisse par s’étendre sur tout le continent, mais cela prendra du temps et requerra des financements supplémentaires", a-t-il déclaré.