15/02/21

Réduire la diarrhée mortelle chez les enfants grâce aux arts traditionnels

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Crédit image: Image by Albrecht Fietz de Pixabay

Lecture rapide

  • La diarrhée tue 525 000 enfants de moins de cinq ans chaque année dans le monde
  • Des chercheurs ont utilisé des chants et pièces de théâtre pour combattre la diarrhée en Gambie rurale
  • Les arts « culturellement acceptables » ont aidé les mères à pratiquer une bonne hygiène

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[NAIROBI] Selon une étude, les cas potentiellement mortels de diarrhée et de pneumonie chez les jeunes enfants peuvent être considérablement réduits lorsque des messages d’hygiène de base sont délivrés par le biais de pièces de théâtre et de chansons.

L’étude menée en Gambie a utilisé les arts traditionnels du spectacle pour encourager les mères à fournir aux enfants des aliments et de l’eau salubres.

Des chercheurs de l’université de Birmingham au Royaume-Uni ont déclaré que les admissions à l’hôpital pour cause de diarrhée chez les enfants de moins de cinq ans avaient été réduites de 60% à la suite de l’intervention, tandis que les admissions pour infections respiratoires avaient chuté de 30%.

Les maladies diarrhéiques sont la deuxième cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans dans le monde, tuant 525 000 enfants de ce groupe d’âge chaque année, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

“Il s’agit d’une excellente intervention à faible coût, impliquant les agents de santé publique locaux et les communautés, dispensée par ces derniers en célébrant et en exploitant les traditions et la culture locales”

Semira Manaseki-Holland, université de Birmingham

Les chercheurs ont déclaré que ce sont les essais d’intervention inadéquats au niveau communautaire pour lutter contre les maladies diarrhéiques en Afrique subsaharienne qui les ont motivés à mener cette étude en Gambie, qui visait à améliorer la sécurité alimentaire chez les bébés.

Les chercheurs ont utilisé un essai contrôlé randomisé dans 30 villages gambiens : 15 ont bénéficié d’une campagne de 25 jours avec des chansons et des pièces de théâtre sur les pratiques de sécurité alimentaire pour les mères d’enfants âgés de 6 à 24 mois. Les 15 autres villages ont plutôt reçu des messages sur l’eau dans les jardins familiaux. Les chercheurs ont évalué l’impact de l’intervention six mois, puis 32 mois après.

« Les améliorations que nous avons constatées à six mois […] sont parmi les plus élevées trouvées dans tout essai préventif autre que par la vaccination », déclare Semira Manaseki-Holland, auteur principal de l’étude et maître de conférences en santé publique à l’université de Birmingham.

« Il s’agit d’une excellente intervention à faible coût, impliquant les agents de santé publique locaux et les communautés, dispensée par ces derniers en célébrant et en exploitant les traditions et la culture locales », ajoute-t-elle.Selon l’étude publiée dans PLOS Medicine le 11 janvier 2021, les nouvelles mères des villages qui ont reçu l’intervention ont pratiqué des comportements clés tels que se laver les mains avec du savon à un taux plus élevé que celles qui n’ont pas reçu l’intervention.

Les chercheurs ont utilisé des chansons, des histoires et des pièces de théâtre pour communiquer les comportements en matière de sécurité alimentaire et d’hygiène aux communautés et aux mères. Ils se sont consacrés à motiver positivement les mères d’enfants en âge d’être sevrés, plutôt que de leur parler de maladies.

« Trente-deux mois plus tard, sans plus de contact après six mois avec les chercheurs, les mères ont continué à pratiquer des comportements améliorés en matière de sécurité alimentaire et d’hygiène, informant et encourageant d’autres mères à faire de même ; et cela a prolongé l’intervention au-delà de six mois », explique Semira Manaseki-Holland.

Elle ajoute que ce succès en Gambie peut être reproduit dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne: « Nous reproduisons actuellement cela à grande échelle dans 120 communautés urbaines et rurales au Mali en ajoutant d’autres composantes à l’intervention pour en faire une intervention en matière de nutrition intégrée, de sécurité alimentaire et de jeu. »

Nouvelles approches

Aghan Odero Agan, consultant en arts et culture basé à Nairobi, au Kenya, affirme que les arts du spectacle, s’ils sont correctement appliqués, fonctionnent souvent comme l’un des outils les plus efficaces pour obtenir un engagement profond auprès du public ciblé.

« Dans le cas cité, les arts du spectacle semblent avoir aidé les mères à faire face au défi fatal de la diarrhée et de la pneumonie pour la survie de leurs enfants », explique ce dernier à SciDev.Net.

« Les arts du spectacle semblent avoir réussi à amener les mères à peser, à intérioriser et à changer de cap, passant de leurs pratiques quotidiennes à l’adoption de nouvelles approches dans la lutte pour sauver la vie de leurs enfants. »

Elizabeth Kimani, chercheuse principale et responsable du bien-être maternel et infantile au Centre de recherche sur la population et la santé en Afrique, basé au Kenya, déclare que l’étude montre l’importance et l’impact des conceptions centrées sur l’homme pour résoudre les problèmes de la communauté.

« L’approche a été très efficace pour modifier les comportements en matière d’hygiène alimentaire dans la communauté, ce qui a conduit à une réduction des cas de morbidité liés à la diarrhée et à la pneumonie chez les enfants », explique-t-elle.

Les arts traditionnels du spectacle, dit Elizabeth Kimani, sont non seulement attrayants et culturellement acceptables, mais les messages sur la santé sont simplifiés dans un langage facilement compréhensible par la communauté.

La version originale de cet article a été produite par le desk anglophone de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.