23/02/17

Simplifier la vie en connectant au web les objets du quotidien

Internet des objets
Crédit image: Flickr / Mobiloitte Technologies

Lecture rapide

  • Avec l’IOT, l’on peut éteindre un appareil à la maison alors qu’on se trouve en ville
  • Le succès de cette technologie nécessite la modernisation de l’infrastructure réseau
  • L’usage d’appareils et composants certifiés s’impose pour réduire les risques sanitaires

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Imaginez que vous arriviez à votre lieu de service le matin et vous rendez compte au bout d’un moment que vous avez oublié d’éteindre le téléviseur ou d’arrêter le climatiseur en quittant votre domicile.
 
En temps normal, vous devez retourner immédiatement à la maison pour mettre hors tension ces différents appareils.
 
Mais, avec l’avancée de la technologie numérique, il est devenu possible d’arrêter ces appareils à partir de votre bureau, sans vous déplacer. Et ce grâce à la technologie de l’internet des objets, plus connue sous son sigle anglais IOT (internet of things).
 

“Il faudrait chaque fois que l’objet que l’on veut mettre en réseau soit équipé d’une puce afin de l’identifier par une adresse”

Mamady Doumbouya
Enseignant-chercheur, ESMT

 
Mamady Doumbouya, enseignant-chercheur à Ecole supérieure multinationale des télécommunications (ESMT) de Dakar, en explique le principe : "Comme vous le savez, internet, c’est le réseau des réseaux. Il va s’agir de mettre les objets qui nous entourent dans ce réseau en leur donnant des adresses. Ces adresses permettent dès lors, même à très grande distance, de commander des objets qui se trouvent à la maison".
 
"Il s’agit d’étendre internet à des objets qui peuvent être inanimés dans le monde réel", résume Mohamed Moustapha Diouf, directeur général de Baamtu, une entreprise sénégalaise de fourniture de solutions informatiques.
 
Les intéressés s’exprimaient ainsi à un atelier de discussions consacré à ce sujet ce mercredi, 22 février, à l’édition 2017 du Salon international des professionnels de l’économie numérique (SIPEN) qui vient de se tenir dans la capitale sénégalaise.
 
A cette occasion, tous les panelistes se sont accordés sur le fait que les notions de big data et des objets connectés sont encore à leur balbutiement en Afrique. Cependant, "ces technologies sont des opportunités pour l’Afrique", relève Mohamed Moustapha Diouf.
 
Car, à en croire ce dernier, "on évalue à 50 milliards le nombre d’objets qui seront connectés en 2020 à travers le monde entier".
 
Pour cela, les intervenants ont insisté sur les champs d’application dans lesquels ces opportunités peuvent s’exprimer sur le continent.
 
Pour ce qui est de la possibilité d’allumer ou d’éteindre des appareils à la maison alors que l’on se trouve soi-même ailleurs, "il suffirait par exemple d’envoyer un SMS avec le signal 0 ou 1 pour couper leur alimentation", explique Cheikh Tidiane Diop, chef du service des Projets et services innovants chez Orange Sénégal.
 

Commande vocale

 
Mamady Doumbouya ajoute que "pour allumer une lampe, l’on pourra alors juste utiliser une commande vocale ou un autre objet à l’instar d’une télécommande, au lieu d’aller jusqu’à l’interrupteur".
 
Outre la possibilité de commander à distance des appareils, ce dernier indique que "vous pouvez avoir une caméra de surveillance à la maison ; et vous veillez sur votre domicile pendant que vous êtes à votre lieu de travail".
 
Dans le secteur de l’alimentation en électricité, "l’on peut disposer de compteurs qui, à chaque fin du mois, assurent par exemple par SMS la remontée de l’index de consommation des abonnés. Cela va éviter les déplacements au niveau des maisons pour effectuer les relevés", décrit Cheikh Tidiane Diop.
 
"On peut également insérer des capteurs qui montrent des pics de consommation d’énergie qui peuvent ne pas être forcément liés aux appareils, mais à des dysfonctionnements sur le réseau électrique. Ce sont des éléments qui peuvent permettre au consommateur de gérer sa consommation d’électricité", ajoute-t-il.
 
Ainsi, soutiennent les techniciens, cette technologie peut s’appliquer à tous les domaines d’activité, y compris à l’agriculture où elle peut permettre de programmer l’irrigation d’un champ en fonction du degré d’humidité du sol.
 
Y compris aussi à l’élevage où elle pourrait aider à surveiller les mouvements d’un troupeau, afin par exemple de recevoir une alerte si les bêtes venaient à sortir d'une zone de sécurité prédéfinie…
 
Justement, comment cela marche-t-il concrètement sur des objets non électroniques ou des êtres vivants ? " L’internet des objets va forcément passer par l’électronique", répond Mamady Doumbouya.
 
L’intéressé explique que "il faudrait chaque fois que l’objet que l’on veut mettre en réseau soit équipé d’une puce afin de l’identifier par une adresse. Pour mettre un bœuf ou une chèvre en réseau, il faut par exemple accrocher cette puce à cet animal", conclut-il.
 

Défi technologique

 
Toutefois, pour le succès de l’opération, "il y a un défi technologique et un défi humain au niveau des compétences à relever", affirme Youssef Hassani, directeur technique chez Africa Digital Native (ADN), une entreprise sénégalaise de valorisation des données.
 
"Pour permettre à ces objets de mieux communiquer, dit-il, le frein principal est à mon avis l’infrastructure réseau. Elle doit être modernisée pour que les objets puissent communiquer à bas coût", précise-t-il.
 
Lors des échanges, les participants n’ont pas manqué de manifester leurs inquiétudes sur les risques sanitaires qu’il y aurait à avoir des ondes radio associées à tous les objets ou à un grand nombre d’objets de notre entourage.
 
"Qu’il y ait internet des objets ou pas, on baigne déjà dans les ondes électromagnétiques, aussi bien avec la télévision que nous regardons qu’avec le téléphone que nous utilisons, etc.", réagit Mamady Doumbouya.
 
"Mais, ce qui est rassurant, poursuit-il, c’est qu’il y a des certifications nécessaires pour s’assurer que les équipements utilisés ont un niveau raisonnable de radiations. Il y a par exemple la norme européenne (CE) et la norme américaine (FCC)."
 
"Donc, si les équipements électroniques utilisés dans le cadre de l’internet des objets ne sont pas certifiés, alors, vous êtes encore plus exposés. Si par contre, ils sont conformes à ces normes, alors, l’exposition est minimisée", conclut l'enseignant-chercheur.
 
D’où la nécessité, disent ces experts, de vérifier que les appareils sont conformes aux normes en vigueur avant de les acquérir.