04/10/11

Plus que le climat, la démographie influe sur les rendements des cultures

Les changements climatiques et l’accroissement démographique pourraient entraîner une réduction des récoltes du maïs dans le futur Crédit image: Flickr/IITA Image Library

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Selon les estimations fournies par une étude, l'effet de la pression démographique sur la réduction des rendements des récoltes en Afrique de l'Ouest, qui accroît par conséquent l'insécurité alimentaire, sera au moins égal à celui des changements climatiques.

Les auteurs ont enregistré divers scénarios possibles de changements climatiques, d'exploitation des terres et de changements démographiques, dans un modèle ayant été validé à l'international, afin d'estimer les rendements du maïs au Bénin entre 2021 et 2050.

Selon eux, à mesure que la population augmente, il est fréquent que les agriculteurs cultivent leurs terres sans respecter les périodes de repos qui sont nécessaires pour que le sol redevienne fertile, et ils réduisent ainsi les rendements des récoltes.

En général, ils ont constaté que plusieurs scénarios d'exploitation des terres entraînaient une réduction des récoltes du maïs pouvant aller jusqu'à 24 pour cent sur la période examinée, alors que la réduction générée par les scénarios de changements climatiques était de 18 pour cent.

Toutefois, après 2050, "il est fort probable que les changements climatiques constituent le principal moteur de la productivité des récoltes”, ont-ils conclu.

Selon Thomas Gaiser, premier auteur et chercheur à l'Université de Bonn, en Allemagne, "Notre principale hypothèse [avant de réaliser cette étude] était que les systèmes de jachères à faible apport (qui représentent des périodes de repos pour les terres qui sont labourées mais non cultivées) au Bénin et dans d'autres pays de l'Afrique de l'Ouest, ne changeraient pas dans le futur proche".

"Si les gouvernements de la région introduisent des mesures encourageant par exemple l'utilisation d'engrais minéraux, la diminution [sur la quantité de terres laissées en jachère] sera moins importante que si aucun engrais n'est utilisé", a-t-il ajouté.

Selon T. Gaiser, les agriculteurs devraient avoir recours aux engrais minéraux ou à la culture intercalaire de légumineux pour favoriser la fertilité des sols et accroître les rendements.

Il a ajouté que les résultats de l'étude étaient pertinents pour plusieurs pays d'Afrique sub-saharienne qui emploient la jachère pour la fertilité de leurs sols, notamment le Ghana, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo.

"Ces résultats ne me surprennent pas", a déclaré Brian Keating, directeur de l'organisation australienne Sustainable Agriculture Flagship of the Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO). "Il est important d'examiner tous les facteurs qui agissent sur la productivité et les rendements agricoles, sans se limiter aux changements climatiques".

B. Keating a cependant indiqué à SciDev.Net qu'en Afrique de l'Ouest plusieurs systèmes d'exploitation agricole produisent seulement 20 à 30 pour cent de ce qu'ils pourraient produire s'ils adoptaient des pratiques et des technologies plus adaptées.

Selon Temi Ologunorisa, directeur du Centre for Climate Change and Environmental Research, basé à l'Université Osun State, au Nigeria, les gouvernements africains devraient adopter des stratégies d'adaptation aux changements climatiques.

"En Afrique, l'agriculture est à environ 80 pour cent alimentée par la pluie. Cela doit changer à cause de la baisse des précipitations", a déclaré T. Ologunorisa.

Cette étude a été publiée dans l'édition du mois d'août de la revue Agricultural and Forest Meteorology.

Lien vers un résumé de l’étude dans Agricultural and Forest Meteorology (en anglais)