22/10/21

COVID-19 : Les pays africains les mieux préparés sont les plus « vulnérables »

Coronavirus health system
Mesures de sécurité liées à la Covid-19 en Afrique du Sud. Crédit image: GovernmentZA (CC BY-ND 2.0)

Lecture rapide

  • Des chercheurs ont évalué les décès survenus au cours des première et deuxième vagues de COVID-19
  • Ils ont trouvé un lien entre les décès dus à la COVID-19 et les cas de VIH
  • Mais un expert dit que le lien avec le VIH pourrait n’être qu’une coïncidence

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[NAIROBI] Selon une étude, les pays africains qui étaient réputés avoir un haut niveau de préparation et une capacité accrue à répondre à la COVID-19 sont finalement les plus vulnérables.

L’étude a révélé que les pays où la prévalence du VIH est plus élevée, l’urbanisation plus importante et la connectivité internationale pré-pandémique plus élevée, comme l’Afrique du Sud, étaient les plus touchés, indépendamment du fait qu’ils disposaient d’institutions, de ressources et de systèmes de santé plus résilients.

« La pandémie de la COVID-19 en Afrique met en évidence des vulnérabilités imprévues aux maladies infectieuses qui devraient être prises en compte dans la future planification de la préparation à une pandémie », indique l’étude publiée dans la revue Nature Medicine.

“Nous devons mettre davantage l’accent sur la compréhension des dynamiques sociales qui influencent la transmission des maladies”

Humphrey Karamagi, OMS Afrique

Humphrey Karamagi, co-auteur de l’étude et médecin spécialiste basé au bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, a confié à SciDev.Net que les résultats de cette étude aideront les pays africains à réagir efficacement aux futures pandémies au moment où les agents pathogènes ré-émergents deviennent une menace pour la santé publique.

« Nous devons mettre davantage l’accent sur la compréhension des dynamiques sociales qui influencent la transmission des maladies. Lors de la cartographie de la manière dont un agent pathogène affecte une population, il est crucial de comprendre non seulement la dynamique des agents pathogènes – reflétée dans son infectivité – mais aussi comment les interactions socio-écologiques et les vulnérabilités biophysiques affectent sa transmission et ses impacts », explique ce dernier.A en croire Humphrey Karamagi, les différents schémas de transmission et de décès entre les pays, à l’intérieur des pays et au fil du temps dans une même communauté suggèrent qu’il existe d’autres problèmes qui déterminent la progression de la pandémie, au-delà de la contagion ou de la gravité du virus.

« Cette étude basée sur l’observation a confirmé que l’ordre des débuts des épidémies nationales de COVID-19 était en partie dû à la connectivité internationale du pays, alors que l’urbanisation élevée, la connectivité internationale et la prévalence du VIH/sida déterminaient un taux de mortalité élevé de la première vague, qui, à son tour, annonçait un taux élevé de mortalité pour la deuxième vague », indique l’étude.

Au 14 mars 2021, la région africaine de l’OMS avait connu deux vagues d’infection et signalé plus de 2,9 millions de cas d’infection et plus de 74 000 décès, ajoute le rapport.

Facteurs

Les chercheurs ont identifié les facteurs responsables de l’émergence du premier cas de COVID-19 et des décès par rapport à la population totale de la région africaine de l’OMS au cours des première et deuxième vagues de la pandémie.

Ils ont utilisé des données sur 47 pays africains pour identifier l’apparition du premier cas et celles de 42 pays africains pour évaluer les facteurs qui influencent les décès dus à la COVID-19 par rapport à la population totale de chaque pays.

Ils ont découvert que des pays tels que l’Afrique du Sud, dotés d’une grande capacité de dépistage des cas de COVID-19, étaient plus susceptibles d’avoir des taux de mortalité élevés.

« La rigueur et le calendrier des restrictions gouvernementales n’étaient pas associés au taux de mortalité, mais les pays ayant des proportions plus élevées de population urbaine et des niveaux de résilience aux maladies infectieuses plus élevés couraient un risque accru d’avoir des résultats défavorables », explique l’étude.Githinji Gitahi, PDG d’Amref Health Africa, convient que l’urbanisation est l’un des principaux moteurs de l’infection à la COVID-19 en Afrique, car elle implique une forte mobilité et une forte congestion.

Il affirme également que la mortalité due à la COVID-19 parmi les personnes infectées par le VIH était de près de 2,5% supérieure à celle de la moyenne de la population ; mais il ajoute que cela pourrait n’être qu’une coïncidence.

« Il est vrai qu’il existe un lien entre le VIH, la COVID-19 et l’économie. Alors que l’économie se détériore à cause de la COVID-19, nous pourrions nous retrouver avec une augmentation des taux de VIH », a indiqué Githinji Gitahi à SciDev.Net.

Ajoutant que d’autres maladies telles que la tuberculose sont également corrélées à la COVID-19 et au VIH. « Il existe une relation directe de mortalité plus élevée avec les personnes atteintes de tuberculose, et elles sont susceptibles d’avoir le VIH », explique-t-il.

La version originale de cet article a été publiée par l’édition de langue anglaise de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.