07/03/17

Paludisme: Mise au jour de processus complexes de transmission

reindeer herder wears a mosquito
Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • Les parasites du paludisme produisent une substance chimique qui déclenche chez les personnes infectées des odeurs attrayantes pour les moustiques
  • La substance, le HMBPP, stimule la production par l'organisme de dioxyde de carbone et d'autres composés
  • La découverte du rôle du HMBPP pourrait être essentielle pour lutter contre le paludisme

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Selon une étude, le parasite du paludisme Plasmodium falciparum produit une molécule qui provoque chez les personnes infectées des émissions de dioxyde de carbone et d'autres composés volatiles qui attirent les moustiques et les aident à répandre la maladie.
 
La molécule, dénommée HMBPP, travaille en stimulant les globules rouges, explique Ingrid Faye, chercheur au Département de biologie moléculaire, à l'Université de Stockholm (SU) et auteur principal de l'étude, publiée dans la revue Science du mois dernier.

“Mieux nous comprendrons le parasite et comment il peut être transmis par le moustique d'un humain à l'autre, plus il sera facile de trouver des moyens de vaincre la malaria.”

Ingrid Faye
Université de Stockholm

Ingrid Faye et d'autres chercheurs de la SU, de l'Université suédoise de sciences agronomiques et du KTH Royal Institute of Technology de Suède ont consacré leur étude à Anopheles gambiae.
 
Mais ils sont convaincus que d'autres espèces de moustiques réagissent à HMBPP de la même manière.
 
Selon Ingrid Faye, si un moustique infecté par le paludisme pique une personne et que celle-ci développe la maladie, l'infection résultante entraînerait le dégagement de dioxyde de carbone et de composés organiques aldéhydes et monoterpènes de la peau ou de la respiration de la victime.
 
Les odeurs "attirent les moustiques non infectés et les incitent à piquer et contracter les parasites eux-mêmes. Ces moustiques continueront alors la chaîne de transmission du paludisme à une autre personne."
 
Selon l'étude, non seulement la molécule HMBPP attire les moustiques, mais elle les incite aussi à sucer plus de sang, ce qui permet la production d'un plus grand nombre de parasites.
 
Michael Kanost, professeur au Département de Biochimie et de Biophysique Moléculaire, à l'Université de l'Etat du Kansas, estime que l'étude revêt une importance capitale, en ceci qu'elle a conduit à "la découverte d'un mécanisme chimique qui explique l'appétit des moustiques A. gambiae non infectés pour les personnes déjà infectées par le paludisme.
 
Michael Kanost estime que la molécule HMBPP pourrait être l'une des causes de l'augmentation de la transmission au sein des populations humaines, car les moustiques non infectés "sont plus susceptibles de piquer les individus infectés et de contracter eux-mêmes le parasite".
 
"Mieux nous comprendrons le parasite et comment il est transmis par le moustique d'un être humain à l'autre, plus il sera facile de trouver des moyens de vaincre le paludisme", explique Ingrid Faye, ajoutant qu'un moyen pourrait consister à concevoir des pièges à moustiques avec des molécules attractives semblables à celles que le HMBPP pousse les globules rouges à produire.
 
Les insecticides utilisés pour contrôler les populations de moustiques sont toxiques et prédisposent à la résistance.
 
Puisque le parasite développe aussi une résistance croissante aux médicaments, de nouvelles méthodes de lutte contre la maladie sont aussi constamment en cours de développement.
 
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il y a plus de 200 millions de cas de paludisme dans le monde et 430 000 décès, dont 90% en Afrique.

Références

S. Noushin Emami, Bo G. Lindberg, Susanna Hua, Sharon Hill, Raimondas Mozuraitis, Philipp Lehmann, Göran Birgersson, Anna-Karin Borg-Karlson, Rickard Ignell, Ingrid Faye. A key malaria metabolite modulates vector blood seeking, feeding, and susceptibility to infection. Science, 2017 DOI: 10.1126/science.aah4563