02/09/15

Une méthode pour sauver le consommateur et le producteur

Food Security Agriculture Beans
Crédit image: Flickr/USAID_IMAGES

Lecture rapide

  • Les consommateurs paient un fermier qui leur livre plus tard les produits
  • Cette technique encourage les petits producteurs face aux agro-industries
  • L’initiative, axée sur l’agriculture bio, fait ses preuves au Mali et au Bénin

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Afin de mieux développer leurs activités, les petits producteurs agricoles africains spécialisés dans l'agriculture biologique privilégient de plus en plus la vente de produits à circuit court avec comme objectif de créer un lien direct avec leurs communautés.
 
Grâce à cette méthode, les citoyens peuvent s'abonner chez un fermier qui leur livre régulièrement des paniers de produits provenant de sa ferme.
 
En retour, les consommateurs s'engagent à acheter les produits de l'agriculteur à un prix équitable en payant à l'avance.
 
L'intérêt d'une telle approche c'est l'opportunité qu'elle offre aux consommateurs de participer à la sélection des produits que leur offrent les agriculteurs.
 
Le but est aussi d’encourager une agriculture paysanne biologique face au développement de l'agro-industrie qui souvent inhibe les efforts des agriculteurs de petite taille.
 
Le concept s'est développé dans de nombreux pays d'Afrique: Maroc, Mali, Bénin, Togo, Ouganda et atteindra prochainement le Sénégal, selon Daniel Vuillon qui a lancé la première Association pour le maintien de l'agriculture paysanne (AMAP) en France en 2001.
 

“Il s'agit d'une alternative économique dans tous ces pays où le prix de la nourriture n'est plus celui fixé par le marché mais celui qui permet au paysan nourricier de vivre dignement.”

Daniel Vuillon, promoteur de l’AMAP France

Sous l'impulsion de l'AMAP France, des fermiers africains ont été formés et sensibilisés à la méthode; car Daniel Vuillon pense que le paysan peut ainsi ''produire de la nourriture pour sa communauté en valorisant les ressources locales ''.
 
Ce qui constitue, à son avis, le seul moyen pour éradiquer la faim et la malnutrition à travers le monde.
 
Voilà pourquoi il pense qu'il s'agit d'une "alternative économique dans tous ces pays où le prix de la nourriture n'est plus celui fixé par le marché mais celui qui permet au paysan nourricier de vivre dignement, condition indispensable pour sortir le paysan de la précarité et donc pour pérenniser son métier".
 
Le docteur vétérinaire Oumar Diabaté qui a introduit l'expérience au Mali se souvient que les agriculteurs pouvaient seulement produire suivant les "normes agroécologiques, mais ils ne savaient pas vendre leurs productions à cause des intermédiaires qui achetaient à vil prix‘’.
 
Comme il a travaillé avec l'organisation internationale Urgenci qui promeut cette méthode, Oumar Diabaté s’investit beaucoup aux côtés de ses pairs de plusieurs groupements agricoles pour populariser la pratique.
 
La méthode introduite servirait donc "d’alternative" pour une meilleure organisation du travail du paysan et pour "valoriser la production locale afin d’améliorer le niveau de vie du paysan et de diminuer la spéculation foncière’’.
 
Oumar Diabaté pense d’ailleurs que "c’est pertinent pour les pays africains à condition de l’adapter au contexte local".
 
L'AMAP Bénin, lancé en 2008, livre par semaine aux abonnés de son réseau des paniers de légumes et de fruits bio dont le prix varie entre 2 500 FCFA et 9 500 FCFA; le nombre et le prix des paniers étant variables en fonction des saisons. 
 
De 40 familles au départ, plus de 300 personnes sont actuellement touchées, peut-on lire sur le site web de l'AMAP Bénin.
 
Au Québec, sous l’impulsion de l’organisme Équiterre, plus d’une centaine de fermiers regroupés au sein du Réseau des fermiers de famille distribuent pendant l’été leurs récoltes à plus de 33 000 familles 
 
Isabelle Joncas, chargée de projets Paniers bio à Équiterre, explique que "cette formule permet à la fois une faible capitalisation et un partage du risque. En donnant aux fermiers la possibilité de disposer d'un fonds de roulement grâce à l'abonnement des citoyens, elle offre aussi à de nombreux jeunes de la relève agricole la possibilité de s'établir".