09/12/13

Les fourmis tisserandes pour lutter contre les mouches des fruits

Weaver Ants (Fourmis tisserandes)
Crédit image: Flickr/pierre-mary Thibault

Lecture rapide

  • Les mouches des fruits constituent un grand prédateur pour plusieurs variétés de fruits, dont les mangues
  • Le moyen le plus naturel de les combattre est de recourir à la fourmi tisserande
  • La fourmi tisserande permet aussi d'assurer la protection des arbres fruitiers contre certains parasites, notamment les hémiptères.

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[COTONOU] Une étude menée en Afrique de l’Ouest révèle que les mouches de fruits sont responsables d’énormes dommages en rendant les mangues, les agrumes et les noix de cajou impropres à la consommation, mais indique que la fourmi tisserande est l’ennemi naturel le plus efficace pour limiter les dégâts et améliorer la qualité des fruits.
 
Centrée sur la mangue, l’étude, menée dans le cadre du projet régional  WAFFI (West African Fruit Fly Initiative), piloté par le Centre International pour la recherche Agricole pour le développement (Cirad) et l'Institut international d'agriculture tropicale (IITA) a été publiée sur le site Internet du Cirad.
 
Les chercheurs du Cirad et de l’IITA indiquent que dans le lot des diptères ou mouches de fruits (une quarantaine recensée) qui détruisent des centaines de tonnes de mangues et autres fruits chaque année dans la région, l’espèce Bactrocera invadens, originaire du Sri Lanka qu’ils ont détectée au Bénin, au Sénégal et au Togo en 2004, quatre ans avant le lancement de  WAFFI, est la plus redoutable. 
 

“Les ravageurs consomment, chaque année, au détriment des producteurs, la moitié de la campagne fruitière.”

Jean-François Vayssières, biologiste et entomologiste, responsable du Projet régional de lutte contre les mouches des fruits (WAFFI) à IITA

Selon Jean-François Vayssières, biologiste et entomologiste, responsable du Projet régional de lutte contre les mouches des fruits (WAFFI) à IITA, les insectes (Tephritidae et Bactrocera invadens) infestent les fruits en pondant des œufs à l’intérieur du fruit, créant des tâches noires à partir desquelles commencent, au bout de quelques temps, à la fois le développement des larves et la pourriture du fruit qui devient impropre à la consommation.

« Les ravageurs consomment, chaque année, au détriment des producteurs, la moitié de la campagne fruitière », affirme Vayssières.
 
"En début de campagne, début avril, on a enregistré 10 à 12 % de dégâts au Bénin. Dans la première quinzaine de mai, plus de 50 % de dégâts et pour les variétés tardives, 80 à 90 %", explique-t-il à SciDev.Net
 
Dans leur étude, les chercheurs ont développé une gamme variée de "techniques de lutte biologique", dont la plus efficace pour venir à bout des ravageurs est la fourmi  tisserande (Oecophylla longinoda), un prédateur africain vivant en société très organisée, à l’image des abeilles et capable d’éliminer les mouches des fruits.
 
 "Les chercheurs ont découvert qu'ils ont un effet répulsif sur les mouches des fruits : quand les fourmis ont été sur les mangues, les mouches des fruits se détournent d'eux et pondent beaucoup moins d'œufs. Ce phénomène de répulsion, qui a été confirmé en laboratoire et sur le terrain, est dû à des signaux physiques (micro- spots) et des signaux chimiques (phéromones) laissés par les fourmis", écrivent-ils.
 
"Les fourmis tisserandes font un travail fantastique. Non seulement elles capturent les larves des mouches des fruits, mais en plus, de par les signaux chimiques qu’elles émettent, elles  éloignent les ravageurs des fruits", explique encore Francois Vayssières.
 
Selon l'étude, les autres avantages des fourmis tisserandes sont, entre autres,  la protection des arbres fruitiers contre certains parasites notamment les hémiptères, "en empêchant les fourmis terrestres qui les portent d'atteindre le feuillage", la répulsion des chauves-souris frugivores et des serpents dangereux d'arbres, comme mambas verts et l'amélioration de la qualité des fruits (surtout les mangues) par une augmentation de la concentration de sucre dans le fruit, une réduction de  l'acidité et une amélioration de la qualité microbiologique.