23/08/12

Les collaborations Nord-Sud contribuent à maintenir les chercheurs au pays

Selon un rapport, les partenariats de recherche Nord-Sud ne favorisent pas forcément la fuite des cerveaux Crédit image: Flickr/CIMMYT

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[Berne, Suisse] D’après les résultats d’une enquête menée auprès d’anciens boursiers d’un ambitieux programme de recherche financé par la Suisse, la participation à un partenariat de recherche Nord-Sud peut s’avérer bénéfique pour la carrière des chercheurs ressortissants de pays en développement.

L’analyse d’un échantillon de 44 anciens boursiers d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, tous lauréats d’un vaste programme de recherche Nord-Sud financé par la Suisse, montre que plus de 90 pour cent d’entre eux sont restés dans leurs pays après l’obtention de leur doctorat, et que la majorité évolue en milieu universitaire.

L’enquête montre également que les femmes issues des couches sociales défavorisées sont moins enclines que les hommes à entreprendre des études doctorales ; pourtant, une fois leur doctorat obtenu, leurs carrières bénéficient du même coup de pouce que celles des hommes.

Intitulé ‘Tracking Alumni Career Paths’ (‘Suivi de l’évolution de la carrière des anciens boursiers’), le rapport fut présenté lors d’une conférence organisée à Berne en Suisse cette semaine (du 20 au 22 août). Il passe en revue la situation des anciens boursiers du programme doctoral des Pôles de recherche nationale Nord-Sud (PNR) qu’abrite l’Université de Berne. Ce programme a formé 112 doctorants au cours des 12 dernières années, dans des domaines aussi variés que la santé, les ressources naturelles et la lutte contre la pauvreté, et ce dans le but de contribuer au développement durable et au renforcement des capacités.

Le rapport montre que plus de 60 pour cent des anciens boursiers du programme venus du monde en développement ont vu leurs carrières et leurs rémunérations stimulées après l’obtention du doctorat, témoignant ainsi de la forte demande de chercheurs expérimentés dans le Sud.

Environ deux tiers des étudiants en doctorat étaient issus de milieux défavorisés.

Selon le rapport, les personnes issues de ces milieux sont plus à même de comprendre les défis de développement sur le terrain, et de ce fait, mener des recherches bénéfiques pour les pauvres et prenant en compte leur vision des choses.

D’après Claudia Michel, chercheuse au PNR et l’un des auteurs du rapport, les conclusions semblent aller à l’encontre de l’idée largement répandue selon laquelle les partenariats Nord-Sud peuvent favoriser la fuite des cerveaux et privilégier les étudiants issus des classes sociales aisées. Les données de l’enquête font tomber ces mythes, affirme-t-elle.

Pour Francisco Becerra, responsable des projets et programmes au Conseil de recherche en santé pour le développement (Council on Health Research for Development, ou COHRED), ‘si un programme de recherche est bien coordonné, bien géré, et bien financé, il est probable que les étudiants de niveau master ou doctorat restent dans leurs pays [pour tirer profit de ces avantages]’.

Les facteurs qui favorisent ce taux élevé dans le maintien des boursiers du PNR Nord-Sud dans leurs pays devraient être reproduits par d’autres programmes, recommande-t-il.

D’après Sarah Ayeri Ogalleh, doctorante et boursière kényane du programme PNR Nord-Sud, la plupart des chercheurs du Sud souhaitent rester au bercail pour être proches de leurs familles et participer au développement de leur patrie.

Elle ajoute que le programme PNR Nord-Sud permet aux étudiants de rester dans leurs pays grâce à des efforts de renforcement des capacités et en favorisant leur intégration dans des réseaux et des partenariats qui continuent même après la sortie du boursier du programme.

Si le programme a formé des doctorants à la fois dans les secteurs de la recherche et du développement, la plupart des étudiants finissent par poursuivre des carrières de chercheur au sein d’universités et non dans le domaine de l’aide au développement. Toutefois, plus de 65 pour cent des bénéficiaires venus du Sud se félicitent que leurs résultats, outils ou recommandations scientifiques ont été pris en compte par les partenaires hors du secteur universitaire, notamment par les gouvernements.