07/03/12

Les chercheurs, partie à la législation sénégalaise sur les biocarburants

La culture du jatropha pour la production de biocarburants s’est généralisée au Sénégal Crédit image: Flickr/treesft

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[ABIDJAN] Le gouvernement sénégalais a fait appel à l’expertise des chercheurs locaux pour participer à l’élaboration de la nouvelle législation nationale de contrôle de la production et de l’impact environnemental des biocarburants.

Des scientifiques de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) ont ainsi recommandé au gouvernement d’élaborer une nouvelle législation pour orienter la supervision de la production de biocarburant à base de jatropha et le renforcement des normes environnementales dans ce secteur.

La culture du jatropha fait partie de la politique sénégalaise d’autosuffisance en biodiesel, de création d’emplois et de réduction de la pauvreté. Pourtant, au cours des dernières années, les scientifiques ont exprimés leur inquiétude quant à l’impact environnemental de cette culture, surtout lorsqu’elle est plantée en monoculture, et au risque qu’elle fait peser sur la sécurité alimentaire.

Dans un entretien accordé à SciDev.Net, N’deye Yacine Ndour, chef du laboratoire national de recherche sur le jatropha, affirme que le gouvernement sénégalais a choisi le jatropha pour la production du biocarburant parce que la plante est parfaitement adaptée au milieu sahélien.

Il ajoute que les scientifique de l’ISRA avaient recommandé au gouvernement d’adopter une nouvelle législation régissant ce secteur, fondée sur les résultats de la recherche sur la production de biocarburants et la biosécurité.

Des consultations ont ainsi été organisées entre des membres du gouvernement et les agriculteurs, et un premier texte de la loi a été présenté au parlement et soumis au vote à la fin de l’année 2010. Ce projet de loi fut finalisé à l’issu d’un long processus d’examen achevé en janvier 2012.

Pour Ndour, c’est la première fois que des scientifiques sont impliqués dans toutes les étapes de conception et de rédaction d’une loi au Sénégal.

‘Le document est maintenant sur la table des ministres concernés pour leurs opinions avant la présentation du texte final au Président de la République pour signature’ , explique Nour. ‘D’un point de vue purement technique, la loi est prête’.

Il dit espérer que le décret présidentiel promulguant la loi sera signé le mois prochain.

Fatou Ndiaye, coordonnatrice et chef du programme biocarburants à Action Aid Sénégal, une coalition des organisations de la société civile sénégalaise sur les biocarburants, a prévenu que cette loi à elle seule pourrait ne pas suffire à réglementer l’industrie du jatropha, à moins d’être accompagnée par des mesures d’application garantissant son respect sur le terrain.

‘[Sinon], nous courons le risque de voir les terres agricoles, les forêts et les terres cultivables transformées en espaces de culture du jatropha pour la production de biocarburants, avec le risque potentiel de conséquences négatives sur la sécurité alimentaire, l’environnement et les réserves en eau’, souligne-t-elle.