18/07/12

Les antipaludiques combinés ‘pourraient réduire la mortalité infantile’

Une nouvelle approche thérapeutique pourrait profiter à 14 millions d'enfants en Afrique

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[NAIROBI] D’après les résultats d’une nouvelle étude, le fait d’administrer une combinaison d’antipaludiques bon marché aux jeunes enfants pendant les saisons de pluies en Afrique pourrait les protéger contre le paludisme et permettre d’éviter des dizaines de milliers de décès chaque année.

L’étude, publiée dans Nature Communications le mois dernier (6 juin), fait état de résultats qui démontrent que la combinaison de la sulfadoxine-pyriméthamine (SP) et de l’amodiaquine pourrait protéger les enfants contre la transmission du paludisme pendant les saisons de pluies — qui correspondent à des pics de transmission du paludisme en raison de la recrudescence des moustiques — et empêcher environ 80 pour cent des cas, bénins ou malins, de paludisme.

L’étude, conduite par Matt Cairns, un épidémiologiste de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, et associant des chercheurs africains, constate qu’une administration du traitement sur une base mensuelle — connu sous le nom de chimioprévention saisonnière du paludisme (CSP) — est efficace et sure.

Cairns a déclaré à SciDev.Net: "cette posologie, lorsqu’elle a été appliquée, a très bien fonctionné et a évité environ huit cas sur dix de paludisme, et un nombre similaire de cas graves qui ont conduit à l’admission d’enfants à l’hôpital".

Cette approche serait la plus efficace au Sahel et dans le Sub-Sahel, une large bande de terres — s’étendant de la Gambie et du Sénégal au Soudan – qui connaît une sécheresse prolongée, la chaleur, et des pluies uniquement. saisonnières Cette région abrite environ 14 millions d’enfants âgés de moins de cinq ans, menacés par le paludisme.

Malheureusement, la combinaison ne marchera pas en Afrique australe et en Afrique de l’Est parce que ces régions ont développé une résistance aux médicaments-tests, et nécessiteraient donc une combinaison médicamenteuse différente, selon Cairns.

Les essais cliniques, qui ont associé les données des cartes satellitaires des précipitations et les informations sur l’impact du paludisme dans différentes régions d’Afrique, ont été réalisés au Burkina Faso, en Gambie, au Ghana, au Mali et au Sénégal.

Cairns a expliqué que cette approche comportait plusieurs défis, dont le financement, la sensibilisation et la logistique de la distribution à grande échelle des médicaments.

Tout en ajoutant : "on a été confrontés à des défis semblables dans le passé pour d’autres stratégies de lutte contre le paludisme et pour distribuer des médicaments antirétroviraux pour le VIH. Il y a donc de bonnes raisons d’espérer que ces défis puissent également être surmontés pour la CSP".

Cependant, Willis Akwale, le chef de la lutte contre les maladies et la prévention au ministère kenyan de la santé publique, a laissé entendre que cette approche ne fonctionnerait pas dans les zones où la transmission du paludisme est pérenne, comme le Kenya.

"Dans la région du Sahel, tout est tellement sec que la plupart des vecteurs du paludisme ne peuvent pas y survivre, mais lorsque les pluies arrivent, les vecteurs se multiplient très rapidement et causent la mort parce que le degré d’immunité [des gens] est faible," a déclaré Akwale.

Lien vers l’article complet dans Nature Communications

Références

Nature Communications 3, 881 (2012)