08/11/13

Le Nerica peut entraîner la perte des variétés traditionnelles de riz

Nerica 598
Crédit image: Flickr/Africa Rice

Lecture rapide

  • La culture du Nerica (New Rice for Africa) n'a pas, a priori, d'impact significatif sur les variétés locales de riz
  • Mais la diffusion à grande échelle est susceptible d'entraîner la perte des variétés traditionnelles
  • Les chercheurs estiment qu'il est impératif de conserver et de stocker des variétés de riz pour les futures générations

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[COTONOU] Des chercheurs des Universités Cheikh Anta Diop (Sénégal) et d’Abomey-Calavi (Bénin) et du Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice) se sont employés à comprendre les risques et avantages relatifs à la dissémination des variétés à haut rendement de Nerica sur le maintien de la biodiversité.
 
Les chercheurs ont mesuré l’impact de l’adoption du Nerica sur la diversité variétale auprès de 304 producteurs de riz dans vingt-quatre villages répartis dans trois des communes productrices de riz au Bénin (Dassa-Zounmè , Glazoué et Savalou).
 
Ils ont constaté que l’exposition des villages au Nerica n'a pas d'impact sur la diversité variétale, mais qu’une diffusion totale de ces variétés à haut rendement pourrait entraîner la perte des variétés traditionnelles.
 
Dans les villages "non-Nerica", le risque de perte de la variété traditionnelle de riz cultivée est faible, affirment les auteurs, dans leur article présenté à la 4ème conférence de l’Association africaine des économistes agricoles (AAAE), tenue au mois de septembre (22-25 septembre 2013), à Hammamet, en Tunisie.
 
« L’adoption du Nerica a augmenté  le nombre de variétés de riz modernes des adoptants par  0,8. Nous pouvons donc conclure que l'adoption de variétés Nerica à haut rendement a un impact positif sur le nombre de variétés modernes de riz cultivées à la ferme.
 
Il est apparu que dans tous les villages exposés au Nerica, les variétés modernes sont plus cultivées, de sorte que le risque de perte est faible.

“L’Etat, les institutions régionales et sous-régionales avec les autres acteurs de la filière, doivent de commun accord définir des politiques ou stratégies, en vue de conserver la biodiversité du riz.”

Aliou Diagne, économiste AfricaRice

L'inverse a été prouvé pour la variété traditionnelle qui était plus sûre dans les villages non-Nerica.
 
On peut donc conclure que  la diffusion à 100 % du Nerica pourrait entraîner la perte de variétés traditionnelles », écrivent-ils.
 
« La tendance est à la mise au point de variétés de plus en plus performantes du point de vue de la résistance aux stress (biotiques et abiotiques) et adaptées aux goûts des consommateurs. La connaissance de ces variétés, ainsi que l’accès des paysans entraineraient un abandon des variétés moins performantes, y compris les variétés traditionnelles », affirme Alice Bonou, ingénieur agroéconomiste et doctorante au sein du programme de recherche WASCAL (West African Science Service Center on Climate Change and Adapted Land Use).
 
En Asie, en quelques dizaines d'années seulement, « des centaines de cultivars de riz ont disparu au profit, quasi exclusif, d'un riz basmati ».
 
Alice Bonou note que l’appauvrissement génétique est surtout lié à la disparition des espèces sauvages.
 
Les chercheurs recommandent la conservation et le stockage  des variétés de riz pour les futures générations, afin de les maintenir et travailler dans le futur.
 
Pour Aliou Diagne, économiste agricole au Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice) et co-auteur de l’étude, « la meilleure façon de conserver les variétés, c’est de promouvoir leur utilisation par les paysans ».
 
« L’Etat, les institutions régionales et sous-régionales avec les autres acteurs de la filière, doivent de commun accord définir des politiques ou stratégies, en vue de conserver la biodiversité du riz », a-t-il affirmé.
 
Aliou Diagne a également insisté sur la réalisation des études sur  le patrimoine génétique des riz traditionnels, afin de préserver leur patrimoine génétique.