03/09/13

Le millet perlé biofortifié, un moyen de lutter contre la carence en fer

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Crédit image: Flickr/ICRISAT

Lecture rapide

  • Le millet perlé est une culture de base pour des millions de personnes en Afrique sub-saharienne et en Inde
  • Des femmes béninoises ont absorbé plus de fer en consommant du millet biofortifié qu’un type ordinaire de millet
  • La production de millet auquel du fer a été ajouté pourrait être essentielle pour la réduction de la malnutrition

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[LE CAP] Deux essais ont montré que le millet perlé produit avec plus de fer à travers un processus de sélection spécial — appelé biofortification — pouvait pallier les carences nutritionnelles chez les enfants et les femmes en Afrique et en Asie.

Les essais ont été effectués dans le but de déterminer si le millet perlé biofortifié en fer pourrait libérer l'élément ajouté dans l'organisme pour aider à pallier la carence en fer.

La biofortification permet de rendre les cultures plus nutritives pendant qu’elles poussent, plutôt qu’à travers l'ajout de nutriments lors de leur transformation en aliments.

Les chercheurs ont donné à 20 jeunes femmes au Bénin – qui leur servaient de groupe témoin – des repas à base de millet perlé biofortifié en fer, produit conventionnellement sans modification génétique, de millet perlé avec du fer ordinaire et de millet perlé fortifié en fer post- récolte.

Ces femmes ont eu deux repas à base de millet par jour pendant trois semaines consécutives. Les chercheurs ont analysé le fer absorbé par les femmes pour chaque repas.

"Notre étude montre que la quantité totale de fer absorbée à partir du millet perlé biofortifié en fer et du millet fortifié en fer post-récolte est près de deux à trois fois supérieure à celle tirée du millet perlé avec du fer ordinaire", ont écrit les chercheurs dans la revue Journal of Nutrition, le mois dernier.

Richard Hurrell, co-auteur, en service à l'Institut fédéral suisse de technologie, à Zurich, a affirmé que l'étude appuyait la biofortification des cultures telles que les céréales et les haricots en tant qu’’une des principales stratégies pour lutter contre la malnutrition par carence en micronutriments.’

Dans l'étude effectuée en Inde — également publiée dans le Journal of Nutrition, le 7 août — des enfants de moins de trois ans carencés en fer qui ont consommé des porridges préparés traditionnellement et du pain plat à base de farine de millet perlé riche en fer ont vu leurs besoins quotidiens en fer pleinement satisfaits.

Bhalchandra Kodkany, l'auteur principal et obstétricien-gynécologue au Jawaharlal Nehru Medical College, en Inde, a affirmé que beaucoup de mères en Inde pensaient que les enfants ne pouvaient pas facilement digérer les repas à base de millet perlé, qui causait des maux d'estomac.

"Cette étude a montré que non seulement les enfants pouvaient digérer les repas à base de millet perlé, mais [ils pouvaient] aussi améliorer leur taux de fer."

Islam Yassir, porte-parole de HarvestPlus, le programme basé aux Etats-Unis et producteur du millet perlé riche en fer utilisé dans l'étude, a déclaré à SciDev.Net: "L'étude est une validation claire de l'approche consistant à utiliser des cultures vivrières de base – le millet perlé dans ce cas — pour combattre les carences en fer chez les femmes et les enfants, lesquelles sont très répandues dans les zones semi-arides d'Afrique et d'Asie."

Les scientifiques affirment que la carence en fer contribue au retard de développement mental chez les enfants, à une anémie sévère et un risque accru de décès pendant l'accouchement chez les femmes.

Michael Hambidge, chercheur principal dans l'étude réalisée en Inde et professeur émérite à l'Université américaine du Colorado à Denver, a laissé entendre que leurs résultats pourraient améliorer la nutrition en micronutriments de manière significative, en améliorant les niveaux de fer et de zinc dans le corps.

Irene Labuschagne, une diététicienne en poste à l'Université de Stellenbosch, en Afrique du Sud, a pour sa part affirmé qu’on disposait de plus en plus de preuves attestant que les aliments de base enrichis à des fins nutritives pouvaient réduire de façon rentable les carences en micronutriments, mais elle a prévenu que la sélection des cultures à biofortifier devait se faire avec précaution.

"Ces aliments devraient être consommés [si possible] par tous les membres de la population cible", a-t-elle soutenu.

Irene Labuschagne a également déclaré à SciDev.Net que les nutriments ajoutés ne devraient pas augmenter le risque d'effets toxiques.

"La biofortification ne devrait pas de préférence faire augmenter du tout ou de manière significative le prix des aliments, et devrait être durable", a-t-elle ajouté.

Le présent article est une production de la rédaction Afrique sub-saharienne de SciDev.Net.
 
Lien vers l’article complet sur l’étude réalisée au Bénin
Lien vers l’article complet sur l’étude réalisée en Inde

Références

1. Journal of Nutrition doi: 10.3945/jn.113.176677 (2013)
2. Journal of Nutrition doi: 10.3945/jn.113.176826 (2013)