05/01/10

Le gouvernement camerounais renverse la tendance de la fuite des cerveaux

La recherche camerounaise pourrait s'améliorer maintenant que le pays cherche à retenir ses scientifiques Crédit image: Flickr/Pere Tubert Juhe

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[YAOUNDÉ] Le Cameroun agit pour stopper la fuite des scientifiques grâce à la création d’un fonds pour le relèvement des salaires des enseignants d’université.

Au début de l’année 2009, le gouvernement a créé un fonds de 4,2 milliards de francs CFA (environ US$ 9,5 millions). Les premiers éléments tendent à confirmer le succès de l’initiative, avec un accroissement du nombre de scientifiques et une stabilisation de l’environnement de la recherche.

De nouvelles primes sont désormais versées tous les trois mois à plus de 2500 enseignants et chercheurs, soit une hausse du nombre de bénéficiaires par rapport aux 1800 personnes qui en bénéficiaient au début de l’année 2009. Pour Ives Magloire Kengne, chercheur à l’Université de Yaoundé au Cameroun, ces chiffres suggèrent que les universitaires retournent sur les campus.

"Ce fonds permet de disposer de plus d’enseignants et de chercheurs. Nous travaillions dans des conditions extrêmement difficiles," commente-t-il.

La création de ce fonds a été rendue possible par l’effacement de deux importantes dettes extérieures du Cameroun ; le pays a décidé d’affecter cette ‘manne’ aux secteurs de la santé, de l’ingénierie et de l’éducation.

Maurice Tsalefac, professeur au département de géographie de l’Université de Yaoundé, a déclaré au Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net) que le salaire mensuel précédemment versé aux enseignants les plus gradés du supérieur s’élevait à environ US$ 550. De nombreux chercheurs sont partis enseigner dans les pays d’Afrique de l’Ouest où les salaires payés pour des postes similaires avoisinaient les US$ 4,000 mensuels, révèle-t-il.

Avec la nouvelle grille salariale, les rémunérations des enseignants de tous les niveaux ont augmenté, ajoute-t-il. Les enseignants ayant le grade de professeur perçoivent à présent environ US$ 1850, tandis que les maîtres de conférence ont vu leurs salaires passer de US$ 530 à US$ 1600, tandis que les assistants touchent US$1100 contre US$ 490 dans l’ancienne grille.

Paul Henry Ngue, chef de la cellule de suivi au Ministère de l’Enseignement supérieur, qualifie cette revalorisation des salaires de " bouffée d’oxygène qui témoigne de la volonté du gouvernement à renforcer la recherche universitaire".

Pour lui, c’est un signe de la volonté des autorités de placer les universités à l’avant-garde de la politique de développement. "Les résultats de la recherche doivent contribuer au développement socioéconomique, et cette décision de renforcement et de modernisation de la recherche dans les universités a été prise par le Président de la République en personne".

Ngue a révélé que depuis que cette décision de revaloriser les salaires a été prise, les chercheurs des universités d’Etat sont également devenus plus productifs, et le Ministère de l’Enseignement supérieur a déjà recensé une centaine de publications scientifiques.

Kengne estime néanmoins que "ce fonds nous permet de souffler un peu, mais ça ne suffit pas. Le gouvernement doit faire un effort supplémentaire".

Ce fonds salarial est permanent et le gouvernement compte l’accroître chaque année.