04/10/21

Le fardeau des décès d’enfants dus à des anomalies congénitales en Afrique

Newborn babies
Des nouveau-nés recevant des soins spécialisés. Crédit image: UNICEF/UN0157451/Ayene, CC BY-NC-ND 2.0

Lecture rapide

  • On a évalué les décès d'enfants dus à des interventions chirurgicales sur des malformations congénitales
  • La mortalité par malformations de la paroi de l'estomac est de 75,5%, contre 2% dans les pays riches
  • L'Afrique doit améliorer la détection précoce des maladies congénitales pour prévenir les décès d'enfants

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[ACCRA] Selon une récente étude, les décès d’enfants dus à des conditions chirurgicales consécutives à des malformations congénitales sont trop élevés en Afrique subsaharienne par rapport aux pays à revenu élevé, en raison d’un manque d’attention pour les maladies chirurgicales chez les enfants dans la région.

Les chercheurs ont examiné certaines des affections chirurgicales les plus courantes chez les enfants, notamment la hernie, l’appendicite et les anomalies intestinales telles que les blocages. Ces maladies peuvent être présentes dès la naissance ou acquises ultérieurement.

“La plupart des enfants souffrant d’une occlusion intestinale mourront de faim et de soif s’ils ne sont pas soignés”

William Appeadu-Mensah, université du Ghana

« Ces siutations conduisent à des décès évitables si elles ne sont pas gérées de manière adéquate », explique William Appeadu-Mensah, co-auteur de l’étude et maître de conférences au département de chirurgie de l’université du Ghana.

« La plupart des enfants souffrant d’une occlusion intestinale mourront de faim et de soif s’ils ne sont pas soignés. Cependant, des interventions chirurgicales à temps peuvent aider à soulager ces obstructions et mener à une vie pleinement productive ».

Dans le monde, 1,7 milliard d’enfants n’ont pas accès à des soins chirurgicaux sûrs et abordables lorsqu’ils en ont besoin, selon William Appeadu-Mensah. « L’Afrique subsaharienne, où jusqu’à 50 % de la population sont des enfants, représente près d’un tiers du fardeau mondial des maladies chirurgicales et la moitié des décès des moins de cinq ans dans le monde », ajoute-t-il.

L’étude publiée dans la revue BMJ Global Health en septembre a été menée dans 51 hôpitaux dispensant des soins chirurgicaux pédiatriques dans 19 pays d’Afrique subsaharienne, couvrant la période d’octobre 2016 à avril 2017.

Les chercheurs ont identifié des conditions chirurgicales pédiatriques telles que le gastroschisis – où la paroi de l’estomac se sépare – et la malformation anorectale, une malformation congénitale de l’anus qui a un impact négatif sur le passage normal des selles. Ils ont également comparé les décès d’enfants jusqu’à 16 ans avec ceux d’enfants du même âge dans les pays à revenu élevé.

Selon l’étude, les décès dus au gastroschisis et à la malformation anorectale étaient de 75,5% et 11,2% en Afrique subsaharienne, contre 2% et 3% respectivement dans les pays à revenu élevé.William Appeadu-Mensah confie à SciDev.Net qu’il est nécessaire d’augmenter les investissements et les actions pour améliorer les soins chirurgicaux en Afrique subsaharienne si la région veut mettre fin aux décès évitables chez les nouveau-nés et les enfants de moins de cinq ans d’ici 2030, comme le prévoient les objectifs de développement durable.

Il dit que les décideurs devraient en faire plus pour fournir des ressources à même d’aider à diagnostiquer et à prendre en charge les enfants lorsqu’ils naissent avec des maladies congénitales.

Stephen Tabiri, co-auteur de l’étude et doyen de la faculté de médecine de l’université des études sur le développement au Ghana, affirme que les malformations congénitales sont désormais la cinquième cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans dans le monde, la plupart des décès survenant au cours de la période néonatale.Les malformations congénitales impliquant le tractus intestinal ont des taux de mortalité particulièrement élevés dans les pays à revenu faible et intermédiaire, car beaucoup nécessitent des soins chirurgicaux d’urgence après la naissance, ajoute Stephen Tabiri.

« Dans les pays à revenu élevé, la plupart des femmes subissent une échographie prénatale pour évaluer les anomalies congénitales », explique ce dernier. « En cas de besoin, cela permet à la femme d’accoucher dans un hôpital offrant des soins chirurgicaux pour enfants afin que le bébé puisse recevoir de l’assistance dès sa naissance. »

Seyram Wordui, pédiatre à l’hôpital universitaire de Korle Bu au Ghana, appelle au transfert de compétences des pays à revenu élevé vers l’Afrique subsaharienne.

« Il doit également y avoir des partenariats entre les différentes spécialités médicales pour détecter les anomalies fœtales », explique-t-elle, ajoutant que cela conduirait à des diagnostics améliorés et précoces des conditions chirurgicales pédiatriques.

La version originale de cet article a été produite par l’édition de langue anglaise de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.