26/09/13

La recherche, clé de la sécurité alimentaire pour l’après-2015

Maize Research
Crédit image: CIMMYT

Lecture rapide

  • Selon un récent rapport des Nations Unies, les dépenses publiques allouées à la recherche agricole doivent être doublées.
  • Il faut également investir dans la formation pour résorber le déficit de compétences dans plusieurs pays.
  • Ce rapport fait partie d’une série de sept publiés par un réseau scientifique soutenu par les Nations Unies

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Selon un rapport des Nations Unies, les dépenses publiques  allouées à la recherche agricole doivent doubler au cours de la prochaine décennie si  le monde  veut réussir la transition vers des méthodes  durables de production  alimentaire.
 
Ce financement doit être associé  à des investissements à long terme  dans la formation  des  professionnels de l’agriculture  pour résorber  le déficit de compétences dans plusieurs pays en développement, conclut  le rapport  publié par le  groupe  chargé de l’agriculture et des  systèmes alimentaires  du  Réseau des solutions  pour le  développement durable (SDSN) .

Lancé l’an dernier par les Nations unies,  le SDSN, dont la mission est d’identifier et faire la démonstration  de nouvelles  approches  du développement durable, a publié son premier rapport en juin.

Le  nouveau  rapport sur l’agriculture  a été publié en même temps que six autres  rapports du réseau  des Groupes thématiques  sur les questions comme  la santé, la gestion des ressources naturelles, les services écosystémiques  et la biodiversité.
 
Ces rapports  sont une contribution majeure des chercheurs à l’élaboration d’une nouvelle série  d’objectifs  de développement devant succéder aux objectifs du Millénaire pour le développement en 2015.
 
Achim Dobermann, directeur général  adjoint  chargé de la recherche  à l’Institut international  de recherche sur le riz aux, Philippines et co-président  du  groupe  du SDSN sur l’agriculture , affirme que  les  augmentations  récentes des investissements privés dans la recherche  agricole ne sauraient remplacer le financement  public.
 
La recherche à des fins  commerciales tend à ignorer plusieurs  aspects essentiels  comme  les conséquences environnementales et l’agronomie, poursuit-il.

 « Des aspects pourtant essentiels qui manquent d’attractivité pour le secteur privé et doivent par conséquent être pris en charge par le financement public », explique-t-il à SciDev.Net.
 
Selon le rapport,  l’un des défis que le secteur agricole doit relever consiste à accroître les rendements tout en atténuant les effets nocifs sur l’environnement, ce qui va nécessiter un système plus adapté et à forte intensité de savoir.
 
Pour  permettre  le développement de méthodes agricoles adaptées au terrain, l’étude sur le niveau et la localisation des déficits de rendement et d’efficacité, c’est-à-dire les domaines où les ressources telles que les engrais ne sont pas utilisées de façon optimale dans la production alimentaire et animale, devrait constituer l’une des grandes priorités, conclut le rapport.
 
Le bon usage  de la technologie est essentiel  pour l’atteinte de ces objectifs, poursuit le document.
 
Au nombre  des  technologies  à exploiter  de façon approfondie, on peut citer les méthodes de sélection précise basées sur la génomique, l’identification des gènes et la biotechnologie  qui  sont toutes des techniques d’amélioration  des cultures particulièrement bénéfiques pour les petits exploitants, précise le rapport.
 
Toujours selon l’étude, les technologies numériques, notamment l’imagerie satellitaire et  l’analyse de gros volumes de données, les plateformes de recherche collaborative et  d’amélioration des conseils agricoles, constituent un autre important levier de développement.

 

Pénurie d’expertise

 
Il est vrai que  ces nouvelles technologies  sont des outils importants, mais le rapport   souligne que seuls des chercheurs bien formés et les professionnels de l’agriculture  peuvent apporter les innovations et le dynamisme nécessaires pour le changement espéré.
 
Plusieurs systèmes nationaux de recherche agricole des pays en développement ne sont pas à même d’opérer ce changement et sont trop dépendants des bailleurs de fonds étrangers, note le rapport.
 
Porter les dépenses publiques consacrées à la recherche nationale à un pour cent du PIB (produit intérieur brut) est essentiel si l’on veut combler les lacunes en matière de ressources humaines, tant en ce qui concerne les effectifs que les compétences, que pour les infrastructures et la gouvernance, relève le rapport.
 
 En outre, pour éviter que la pénurie d’expertise agricole n’affecte toute une génération, les pays en développement doivent mettre l’accent sur l’exhortation des jeunes gens à embrasser les filières en question, poursuit le rapport.
 
Le faible nombre de jeunes inscrits dans des filières comme l’agronomie, la pédologie, la lutte contre les parasites, particulièrement en Afrique, est une source d’inquiétude réelle, affirme Dobermann.
 
Ce problème reflète la tendance des  politiques publiques à privilégier les résultats à court terme au détriment des bourses et programmes d’appui aux jeunes professionnels dont les fruits ne sont perceptibles qu’après plusieurs années, ajoute-t-il.

Aggrey Agumya, conseiller technique principal du Forum  pour la recherche  agricole en Afrique au Ghana, estime que le déficit de compétences est si important dans plusieurs pays  que même le doublement des dépenses publiques dans le domaine de la recherche  pourrait s’avérer insuffisant.
 
Il explique que la gravité du problème est occultée par le fait que les hausses de dépenses   publiques sont souvent affectées à la revalorisation des salaires plutôt qu’au développement de l’infrastructure et des réseaux de recherche.
 
Mais le manque de chercheurs ne constitue pas le plus grand problème. C’est plutôt l’incapacité  des institutions à appliquer les résultats de la recherche agricole de manière à générer des avantages  concrets, poursuit-il.
 
Pour sortir de cette situation, de gros efforts doivent être consacrés au renforcement des capacités de planification et de gouvernance des institutions agricoles, afin de tirer le meilleur parti des avantages de la recherche, conseille- t-il.