20/04/11

La banane GM résistante aux champignons montre ses promesses

Les bananes sont largement cultivées en Ouganda Crédit image: Flickr/shanidov

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[KAMPALA] Une souche de banane résistante à une maladie fongique pourrait aider les petits exploitants de l’Afrique de l’Est à mieux contrôler cette maladie invalidante, qui s’est étendue dans la région au cours des trois dernières décennies.

Des chercheurs ont indiqué à SciDev.Net que les résultats obtenus dans des essais en champs en milieu confiné de la banane génétiquement modifiée (GM) avec une résistance accrue à la maladie de la sigatoka noire, le champignon dévastateur qui provoque des taches foliaires, sont prometteurs.

Cette maladie est causée par le champignon Mycosphaerella fijiensis qui peut réduire de moitié la production de fruits dans les plantations affectées. Il se diffuse facilement par des spores qui se propagent dans l’air, par la pluie, par le matériel de plantation, par l’eau d’irrigation et par les matériaux d’emballage utilisés pour transporter les produits entre les pays qui cultivent la banane.

Les taches foliaires sombres causées par le champignon finissent par s’élargir et par fusionner, ce qui entraîne le dessèchement de la plupart de la feuille.

L’équipe dirigée par Andrew Kiggundu, Directeur de la recherche sur les biotechnologies relatives à la banane au National Agricultural Research Laboratories Institute (NARL), à Kawanda, en Ouganda, a analysé 19 variétés de bananes GM et obtenu des résultats prometteurs chez cinq d’entre elles. A. Kiggundu a indiqué à SciDev.Net que des recherches supplémentaires étaient nécessaires pour calculer les gains exacts que lʹutilisation de souches de bananes résistantes pourrait apporter au niveau des récoltes.

Les chercheurs ont inséré des gènes pour la chitinase, une enzyme qui décompose la chitine, la substance dure qui compose la paroi cellulaire du champignon invalidant, afin qu’elle empêche le champignon d’invalider les cellules végétales et qu’il ne déclenche la maladie.

A. Kiggundu a indiqué que les tests de laboratoire qui utilisent des feuilles de plantes transgéniques présentaient une immunité presque totale lorsque les champignons cultivés étaient appliqués sur les feuilles.

Les chercheurs ont travaillé en étroite collaboration avec l’Université catholique de Louvain, en Belgique, où plusieurs variétés de banane ont été conçues pour inclure le gène de la chitinase, avant d’être transmises au NARL pour qu’elles soient testées.

Toutefois, Settumba Mukasa, expert en culture de banane au Département de la science des cultures à l’Université Makerere de l’Ouganda, a indiqué que les essais en champs étaient bien plus significatifs pour le renforcement de la capacité de la recherche ougandaise, que pour développer une nouvelle banane résistante aux maladies.

"[Ce projet] est un tremplin pour les programmes de sélection et de conception génétique qui vont en découler. La conséquence de ce projet est que nous pouvons désormais transformer de nouvelles variétés de bananes et d’autres espèces de cultures", a déclaré S. Mukasa.

Alors que la sigatoka noire est l’une des trois principales maladies qui affectent les bananes en Ouganda, elle touche essentiellement les cavendish, qui ne sont pas autant cultivées que d’autres types de bananes.

En ce qui concerne les quelques exploitants ougandais qui cultivent des bananes cavendish, ces développements pourraient toutefois être utiles étant donné que cette maladie est actuellement contrôlée par la pulvérisation aérienne de pesticides, qui est onéreuse pour les petits exploitants et qui affecte leur santé.

D’après S. Mukasa, "les agriculteurs ne peuvent pas se le permettre car ils ont de petites exploitations et seulement quelques plantations. Ici, le contrôle chimique n’est pas viable ; il est donc probable que cette approche soit la seule méthode disponible pour gérer la maladie".