24/04/14

L’utilisation des pesticides, un risque pour l’environnement

Africa pesticide
Crédit image: Flickr/CIMMYT

Lecture rapide

  • Le recours aux agents chimiques pour lutter contre les pesticides est en augmentation en Afrique sub-saharienne
  • En l'absence d'un cadre réglementaire, ces pratiques comportent des risques sérieux pour l'environnement
  • Les chercheurs recommandent l'utilisation de prédateurs naturels sans danger pour les cultures

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Selon l'étude, publiée le mois dernier (20 mars 2014), dans le journal de l’INRA et Springer-Verlag France, les petits exploitants recourent de plus en plus à des méthodes anarchiques dans la lutte antiparasitaire et opèrent en l'absence d'une régulation adéquate.

Après une revue de l'utilisation et de la gestion des pesticides au cours des trente dernières années, les chercheurs ont constaté une forte augmentation de l'utilisation d'agents chimiques pour réduire les bio-agresseurs sur toutes les cultures en Afrique sub-saharienne.

L'étude a été conduite par des chercheurs de l’Institut International d’Agriculture tropicale (IITA), du Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice), du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), du programme régional africain sur la science des insectes pour l'alimentation et la Santé (African Insect Science for Food and Health (Icipe) et de la Faculté des sciences agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi, au Bénin.

L’analyse des chercheurs a porté exclusivement sur certaines productions africaines de fruits, telles que les agrumes (18 millions de tonnes), les mangues (4,8 millions de tonnes) et les dattes (3,1 millions de tonnes) et n’a pas tenu compte des cultures de fruits à échelle industrielle, comme les bananes et l'ananas.

Les chercheurs ont montré que la mauvaise gestion des pesticides entraîne le plus souvent une contamination de l’environnement par des produits toxiques et de graves problèmes de santé humaine comme la résistance des moustiques, ce qui "met en péril les stratégies de lutte antivectorielle".

Selon Jean-François Vayssières, biologiste et entomologiste, responsable du Projet régional de lutte contre les mouches des fruits (WAFFI) à IITA-Bénin, la gestion des pesticides très nuisibles pour les produits consommables et l’environnement n’est pas maîtrisée par les petits agriculteurs.

En Afrique subsaharienne, les pesticides sont utilisés dans la production de plusieurs cultures vivrières, maraîchères et fruitières (légumes, fruits, tomate, choux, maïs) et d’exportation (coton, riz, café, cacao).

Les maladies et les ravageurs sont l’une des contraintes qui pèsent sur l’agriculture africaine.

L’utilisation des pesticides pour lutter contre les bioagresseurs est courante chez les petits producteurs, au mépris des préoccupations environnementales.

Jean-François Vayssières a expliqué à SciDev.Net que l’utilisation de toutes sortes de pesticides contre les bioagresseurs des cultures a entraîné au fur et à mesure l’adaptation des ravageurs aux traitements chimiques coûteux et par conséquent la pollution des environnements et des produits consommables présentant toujours plus de résidus de pesticides.

Les chercheurs préconisent, en lieu et place des pesticides, des prédateurs naturels sans danger pour les cultures et les produits, permettant de diminuer les pertes subies par les producteurs, tout en assurant une bonne protection de l’environnement.

Dans le cas des mangues, Jean-François Vayssières a déclaré à SciDev.Net que les  fourmis tisserandes ou Oecophylla longinoda (Hymenoptera Formicidae), ainsi que des parasitoïdes (Fopius caudatus, Psyttalia spp, Fopius arisanus) et des champignons (Metarhizium), sont efficaces pour réduire les dégâts des mouches de fruits et sont aussi très utiles dans la lutte contre les ravageurs des agrumes et contre les ravageurs des anacardiers.

"La gestion et l’utilisation des fourmis rouges constituent un outil bien adapté au développement durable des systèmes pérennes d’Afrique sub-saharienne grâce à leur efficacité, leur disponibilité permanente et leur large distribution", a-t-il dit.