10/06/10

L’Algérie renforce fortement son budget scientifique

Un projet de loi double le budget accordé à la recherche en Algérie Crédit image: FlickrGlobal Crop Diversity Trust

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[ALGER] Le parlement algérien a approuvé un projet de loi permettant au pays de consacrer 100 milliards de dinars (US$ 1,48 milliard) à la science sur cinq ans.

Pour Abdelhafid Awrag, chef du Département de la recherche scientifique au ministère algérien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ce budget – exceptionnellement élevé pour un pays du monde arabe – "vise à inverser la fuite des cerveaux et à ramener nos scientifiques au bercail".

Approuvé le mois dernier (23 mai), le projet de loi doublera les dépenses nationales allouées à la recherche scientifique, qui passent ainsi de 0,5 à un pour cent du PIB – loin devant les 0,2 pour cent de moyenne dans les pays arabes, explique Awrag.

Quelque 34 programmes de recherche seront exécutés au cours de la première phase du projet, tandis que le nombre de chercheurs passera de 21 000 à 28 000 et le nombre de laboratoires scientifiques à 1 200 en cinq ans, a-t-il affirmé.

"Ces chiffres seront certes toujours en deçà des normes européennes de 600 chercheurs par million d’habitants, mais ils représentent un énorme pas en avant".

Des programmes financés couvrent des domaines tels que l’agriculture, la santé et l’énergie, avec un accent sur la recherche appliquée et la technologie.

Selon des sources du milieu universitaire, près de 150 chercheurs talentueux travaillant au Canada, en Europe ou aux États-Unis ont exprimé la volonté de retourner au pays, mais attendent toujours d’avoir l’assurance qu’ils seront en sécurité et économiquement à l’aise, accompagnés de leurs familles.

Pour Ali Bougaroura, recteur de l’Université de Mila, ce nouveau projet "permettra de faire à un bond prodigieux dans le domaine de la recherche scientifique, parce qu’il réduit la bureaucratie et offre aux centres de recherche plus d’autonomie dans la prise de décisions, notamment dans le financement des projets".

Pourtant, il ne juge pas nécessaire d’inverser la fuite des cerveaux à l’ère de la communication virtuelle.

"Les chercheurs algériens peuvent participer activement aux programmes de recherche nationaux, sans vivre pour autant de façon permanente en Algérie. Leur présence dans les pays développés est plus précieuse, parce qu’ils peuvent en extraire des connaissances et de l’expertise et les transmettre à des collègues restés au pays."  

Pour Jaffal Ammar, directeur de laboratoire à l’Université d’Alger, "la bureaucratie est le principal obstacle au développement de la recherche scientifique".

"Soixante pour cent du budget de recherche est consacré aux dépenses administratives.  La recherche scientifique en Algérie ne progressera pas en l’absence d’une volonté politique de donner aux chercheurs suffisamment d’autonomie pour agir".

"Nous devons mettre sur pied une base de données recensant les chercheurs et leur expertise, et combler le fossé entre la recherche universitaire et les besoins réels de l’économie", a-t-il ajouté.

Le 30 mai dernier, le ministère de l’Enseignement supérieur a lancé un appel à propositions en direction des chercheurs, propositions qui seront évaluées par un comité international d’experts. Des contrats de deux ans seront signés avec les chercheurs en novembre.