06/04/16

Epidémie de palu dans une zone protégée de Madagascar

nurse dispenses drugs
Crédit image: Caroline Penn/Panos

Lecture rapide

  • Des cas inattendus de paludisme sont signalés à Madagascar
  • L'épidémie est attribuée à une recrudescence des précipitations et une diminution de l'utilisation des moustiquaires imprégnées
  • Les zones de transmission élevée sont à risque si les interventions de contrôle ne sont pas soutenues

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[PORT LOUIS] Une nouvelle étude met au jour une épidémie de paludisme inattendue au sein d'une population ayant bénéficié de mesures de prévention et de lutte à grande échelle.
 
L'étude, menée pendant la saison des pluies en 2011-2012, dans le sud-est de Madagascar, a constaté que le taux d'infection des parasites du paludisme était de 25,6 %, en dépit du fait que la population était censée protégée, en raison de l'immunité acquise contre la maladie.
 
Selon l'étude, publiée le mois dernier (2 Février) dans la revue Malaria Journal, les chercheurs ont sélectionné de manière aléatoire 440 ménages composés d'un échantillon de 1.615 personnes âgées d'au moins six mois.
 
"La surprise ici était d'observer une épidémie dans une zone de forte transmission où les gens sont censés avoir développé une immunité."
Thomas Kesteman, Institut Pasteur de Madagascar
 
 
Les chercheurs ont utilisé des tests de diagnostic rapide du paludisme et recueilli des données relatives aux précipitations et aux températures par télédétection pendant la saison des pluies.
 
Ils ont constaté que l'utilisation moyenne de moustiquaire le jour précédant l'enquête était de 71,1 pour cent et que la prévalence de la maladie était plus élevée chez les enfants de six à 14 ans, dans les zones rurales.
 
Selon les chercheurs, l'épidémie pourrait avoir été causée par l'augmentation des précipitations, l'utilisation décroissante et la réduction de l'efficacité des moustiquaires imprégnées d'insecticide, ainsi que les pénuries de médicaments.
 
Thomas Kesteman, épidémiologiste à l'unité de recherche sur le paludisme, à l'Institut Pasteur de Madagascar, qui a dirigé l'étude, explique à SciDev.Net que les épidémies de paludisme se produisent normalement dans les zones de faible transmission parce que les populations ne sont pas à l'abri de la maladie.
 
"La surprise ici était d'observer une épidémie dans une zone de forte transmission où les gens sont censés avoir une immunité développée», explique Thomas Kesteman. "Certains des facteurs qui ont contribué à la flambée actuelle n'étaient pas modifiables, tels que l'augmentation des précipitations, mais d'autres, y compris l'approvisionnement en médicaments, anti-paludéens, l'étaient."
 
Le chercheur souligne que les interventions de lutte contre le paludisme doivent être soutenues dans les zones de forte transmission, car elles sauvent des milliers de vies, ajoutant que d'autres zones de forte transmission en Afrique subsaharienne pourraient être à risque d'épidémies si les interventions de contrôle ne sont pas correctement maintenues.
 
Ambicaduth Bheecarry, entomologiste médical et chef de la Division de la biologie des vecteurs et du contrôle au ministère mauricien de la Santé, indique pour sa part que les résultats présentent un intérêt pour Maurice, "dans la mesure où l'île est seulement à deux heures de vol de Madagascar".
 
Et d'ajouter: "Ce serait très facile pour nous d'être infectés si le virus atteint nos côtes parce que nous sommes entourés de moustiques."
 
Arsène Ratsimbasoa, directeur de la Lutte Contre le Paludisme, au ministère malgache de la Santé, note de son côté que la prévention contre le paludisme est renforcée grâce à des interventions telles que la distribution de moustiquaires de longue durée, bien qu'il y ait des défis.
 
"Nous sommes confrontés à certaines difficultés liées à l'enclavement de certaines zones", a-t-il expliqué.

Références

Thomas Kesteman and others Multiple causes of an unexpected malaria outbreak in a high-transmission area in Madagascar (Malaria Journal, 2 February 2016)