02/06/15

Ebola : MSF invite à rester vigilant

Ebola Treatment Unit
Crédit image: Flickr/CDC Global Health

Lecture rapide

  • Médecins Sans Frontières (MSF) a publié un rapport d'activité concernant sa lutte contre l'épidémie d'Ebola
  • Le rapport détaille les différents aspects techniques, humains, de la riposte, et comporte une critique des infrastructures sanitaires
  • Médecins Sans Frontières prévient encore des dangers persistants d'ordre systémique, anthroplogique, voire climatique

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Dans son rapport d’activités sur Ebola, Médecins Sans Frontières (MSF) appelle à prendre des mesures propres à prévenir une nouvelle épidémie.

Le rapport, intitulé “Une année sans précédent : la riposte de Médecins Sans Frontières à la plus grande épidémie d’Ebola de l’histoire”, détaille les domaines d‘intervention de l’organisation dans les pays affectés.

Ils concernent l’isolation des patients, la sécurisation des enterrements, la sensibilisation, la surveillance épidémiologique, le suivi des personnes en contact avec les malades, ainsi que les soins de santé non liés au virus d’Ebola.

Tout en précisant qu’elle ne dispose pas d’indicateurs précis quant à la possibilité de voir l’épidémie ressurgir, Hanna Halford, Coordinatrice d’urgence en Guinée de Médecins Sans Frontières (MSF), a déclaré à SciDev.Net que “beaucoup des facteurs qui ont permis l’expansion de la maladie en Afrique de l’Ouest sont encore présents.”

Vigilance

“La vigilance n’empêcherait en rien la réapparition du virus", explique-t-elle.

“Elle aurait en revanche un effet sur l’échelle et la vitesse à laquelle le virus pourrait se répandre. C’est sur cet aspect qu’il faut travailler”, poursuit la responsable de MSF.

Selon le rapport, rendu public ce lundi, l’organisation a soigné à elle seule 35% de tous les cas confirmés dans cette épidémie.

En l’absence de remède contre le virus d’Ebola, précise MSF, “tragiquement, malgré nos efforts, 2954 de nos patients sont décédés.”

Le rapport précise que l’organisation a payé un lourd tribut à l’épidémie: 28 de ses agents ont été eux-mêmes infectés et 14 ont perdu la vie.

L’épidémie d'Ebola avait été officiellement déclarée le 22 mars 2014 en Guinée.
 

“Malgré nos efforts, 2954 de nos patients sont décédés.”

Hanna Halford, Coordonatrice d'urgence en Guinée de Médecins Sans frontières (MSF)

Au cours des douze mois suivants, le virus a infecté plus de 25.000 personnes dans neuf pays et fait plus de 10.000 morts.

A titre de comparaison, 425 cas avaient été enregistrés lors de l’épidémie de 2000 en Ouganda, considérée jusque-là comme la plus grave épidémie du genre à affecter un pays.

Médecins Sans Frontières insiste par ailleurs sur la nécessité de mettre en place un système de surveillance robuste permettant une détection rapide, ainsi que des mesures de réponse efficaces.

Mais pour Hanna Halford, “il est impérieux de penser au renforcement des systèmes de surveillance déjà existants, au lieu de penser à en implanter de nouveaux.”

Le troisième axe des recommandations du rapport de MSF porte sur les dégâts occasionnés par des maladies non liées au virus Ebola, du fait des conséquences de l’épidémie sur les services de santé et surtout de la perte de confiance de la population dans les infrastructures sanitaires.

Impact

“Il est trop tôt pour évaluer pleinement l’impact total sur les structures sanitaires des pays touchés par Ebola”, explique encore Hanna Halford.

“Notre vision de l’impact de l’épidémie vient de nos observations quotidiennes, ainsi que de nos expériences précédentes d’Ebola et des autres épidémies”, explique-t-elle, avant d’ajouter: “Les systèmes sanitaires des pays touchés comptaient parmi les plus faibles du monde. Un des impacts certains de cette épidémie a été l’affaiblissement du système sanitaire à travers la perte des travailleurs de santé déjà trop peu nombreux.”

Par ailleurs, la perte de confiance de la population dans ces systèmes de santé a entraîné une diminution de la fréquentation des structures.

Il est donc raisonnable, affirme Hanna Halford, d’estimer que la santé de la population en ait souffert.

“Ceci est particulièrement inquiétant, alors que nous entrons dans la saison des pluies, traditionnellement propice au paludisme”, prévient-elle.