19/09/25

Ebola : Les pays limitrophes de la RDC en état d’alerte

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Des agents de santé se concertent en août 2017 dans le cadre de la riposte à l'épidémie d'Ebola qui secouait alors des pays de l'Afrique de l'Ouest. Crédit image: UC Rusal Photo Gallery (CC BY 2.0 )

Lecture rapide

  • Le risque de propagation est plus élevé en Angola qui partage une frontière avec la province du Kasaï (RDC)
  • Le niveau de préparation des pays voisins de la RDC est modéré selon l’OMS
  • La vigilance doit être maintenue malgré l’amélioration des capacités de traitement et de vaccination

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[YAOUNDE, SciDev.Net] Les pays frontaliers de la République démocratique du Congo (RDC) sont en état d’alerte après la déclaration, le 4 septembre, d’une épidémie d’Ebola dans la province du Kasaï.

Bien que la maladie soit actuellement limitée géographiquement à la zone de santé de Bulape, des mesures ont déjà été prises par les autorités nationales de ces pays, en collaboration avec l’OMS, pour renforcer la préparation opérationnelle, afin de permettre une détection rapide des cas et une mise en œuvre des mesures de contrôle.

Selon la catégorisation des risques faite par l’OMS, l’Angola, qui partage une frontière terrestre avec la province du Kasaï, relève de la priorité numéro un, en raison des risques élevés de propagation transfrontalière à partir des zones touchées par l’épidémie.

“Certains pays ont déjà commencé à tester leurs plans d’urgence dans le cadre d’exercices de simulation afin d’évaluer leur efficacité en termes de réactivité face à tout cas importé d’Ebola”

Charles Njuguna, OMS Afrique

En revanche, le Burundi, la République centrafricaine (RCA), le Congo, le Rwanda, le Soudan du Sud, l’Ouganda, la Tanzanie et la Zambie, présentant des risques modérés, font partie de la priorité numéro deux.

« Nous avons pu réaliser une évaluation des risques dans tous ces pays… Nous avons fourni les outils nécessaires aux ministères de la Santé de ces pays, qui bénéficient du soutien de l’OMS. Sept d’entre eux ont déjà terminé l’ensemble du processus. Nous assurons le suivi avec les autres pays », a déclaré Charles Njuguna, conseiller régional pour le renforcement de la préparation des pays à l’OMS Afrique, lors d’une conférence de presse en ligne ce 18 septembre.

À l’en croire, « si l’on considère la situation dans son ensemble, le niveau de préparation de ces pays est modéré. Ce que l’on appelle un niveau modéré, c’est en termes de capacités suivant 11 piliers importants… Certains piliers sont très solides, d’autres le sont moins, mais ces évaluations de l’état de préparation permettent aux pays d’élaborer leurs plans d’intervention et d’identifier les priorités clés », précise-t-il.

L’autre domaine prioritaire concerne les points d’entrée, en particulier à la frontière entre l’Angola et la RDC. « Nous savons tous que les maladies n’ont pas besoin d’autorisation pour traverser les frontières. Elles n’ont pas besoin de visas. Nous travaillons donc avec l’Angola pour renforcer les capacités au niveau des points d’entrée », ajoute-t-il.

L’OMS travaille également avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui est déjà présente sur le terrain en Angola. « Elle cartographie les mouvements de la population et nous apportons des conseils sur les déplacements de populations entre les zones frontalières et les zones affectées », souligne Charles Njuguna.

Ce dernier souligne pour conclure que la collaboration entre l’OMS et les partenaires de la région vise à « soutenir la préparation et la réactivité de ces pays voisins. Certains pays ont déjà commencé à tester leurs plans d’urgence dans le cadre d’exercices de simulation afin d’évaluer leur efficacité en termes de réactivité face à tout cas importé d’Ebola », dit-il.

Aucune raison d’avoir peur

À Bulape, épicentre de l’épidémie, le suivi des contacts des cas confirmés s’est considérablement amélioré, passant de 19 %, il y a quinze jours à plus de 90 %. Près de 950 contacts sont actuellement suivis dans cette zone de santé.

« Au début, lorsque l’enquête était encore en cours, les mouvements de panique au sein des populations ont  été signalés, mais après que nous avons eu la confirmation (qu’il s’agissait d’Ebola) et mis en place les mesures nécessaires, et grâce à notre engagement continu auprès de la population, nous n’avons pas enregistré de nouveaux incidents de panique et de déplacements, car la crainte initiale était qu’il s’agisse d’une maladie inconnue et que les gens ne sachent pas ce qui tuait », explique Otim Patrick Ramadan, responsable de programme à l’OMS.*

Pour ce dernier, il n’y a pas lieu d’avoir peur, pas lieu de paniquer et l’épidémie peut être rapidement endiguée si toutes les mesures recommandées sur le terrain sont suivies. Il s’agit notamment du « respect des consignes concernant les personnes qui doivent être placées en observation pendant 21 jours. Que celles qui doivent se faire vacciner l’acceptent et se fassent vacciner », fait-il savoir.

Il ajoute que « les personnes malades doivent être signalées rapidement et emmenées dans un établissement de santé afin qu’elles n’exposent pas celles vivant sous le même toit. Elles sont prises en charge et tout décès doit être signalé. Les gens ne doivent pas participer à des enterrements dangereux », dit-il.

31 décès sur 38 cas confirmés

Cinq jours après le lancement de la campagne de vaccination, près de 600 personnes ont déjà été vaccinées dans la zone de santé de Bulape, parmi lesquelles des professionnels de santé et des cas contacts, rapporte Otim Patrick Ramadan.*

Au 17 septembre, 48 cas ont été signalés, dont 38 confirmés et 31 décès enregistrés. Des guérisons complètes de deux patients ont également été annoncées.

Selon Yap Boum, responsable adjoint de l’équipe chargée du système de gestion des incidents (IMST) à CDC Afrique, qui s’est exprimé au cours d’une conférence de presse le 18 septembre, « l’épidémie d’Ebola dans le Kasaï continue de représenter une menace majeure pour les systèmes de santé, même si les capacités de traitement et de vaccination se sont améliorées ».

L’épidémie a été confirmée dans des aires de santé au sein de la zone sanitaire de Bulape, ce qui témoigne d’un meilleur contrôle de l’épidémie, mais souligne la nécessité de rester vigilant, insiste-t-il.

* Cet article a fait l’objet d’une mise à jour le 19 septembre 2025 à 13H15 GMT pour incrire le nom complet de l’expert de l’OMS. Au lieu de Patrick Otim, il fallait donc lire Otim Patrick Ramadan.