15/05/14

Des pièges d’abeilles contre les ravages des éléphants

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Crédit image: Dieter Telemans / Panos

Lecture rapide

  • Les conflits entre les agriculteurs et les éléphants sont un problème croissant
  • Des clôtures comportant des ruches exploitent l'aversion des éléphants pour les abeilles
  • ‘Des clôtures de ruches’ sont utilisées au Botswana, au Kenya, au Mozambique, en Tanzanie et en Ouganda

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[NAIROBI] Des clôtures en fil métallique piégées avec des ruches sont en construction dans cinq pays africains pour empêcher les éléphants de ravager les champs, tout en procurant du miel aux populations locales.
 

"Des clôtures de ruches sont actuellement construites au Botswana, au Mozambique, en Tanzanie et en Ouganda par l’organisation caritative britannique Save the Elephant", affirme Lucy King, chef de file du projet Eléphants et Abeilles au Kenya – et elles sont déjà en service dans trois communautés du pays.

Le projet, qui est une collaboration entre Save the Elephant, l'Université d'Oxford, au Royaume-Uni et le Disney Worldwide Conservation Fund, étudie la manière d’utiliser l’aversion instinctive des éléphants de brousse d’Afrique pour les abeilles mellifères africaines pour éviter les pertes de cultures.

Lucy King déclare que les conflits entre les agriculteurs et les éléphants sont un problème croissant, avec l'intrusion des animaux dans les exploitations agricoles pour causer d’énormes pertes de récoltes.
Mais elle explique à SciDev.Net qu'il est facile de construire des clôtures de ruches simples en utilisant des matériaux locaux.

"Des ruches sont suspendues tous les 30 pieds et reliées entre elles", explique Lucy King. "Si un éléphant touche l’une d’elles ou les fils métalliques qui les relient, celles qui se trouvent le long de la clôture oscillent et libèrent les insectes piqueurs".

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Les ruches, qui sont reliées entre elles par des fils-pièges, oscillent facilement — libérant les insectes piqueurs — si les éléphants s’en approchent de trop près. Crédit Photo: Le Projet The Elephants and Beess. ENLARGE ICON Cliquer pour agrandir

Elle laisse entendre qu'une étude pilote qu’elle a dirigée et qui implique 34 exploitations agricoles en bordure de deux communautés agricoles dans le nord du Kenya a révélé que les clôtures de ruches étaient un moyen efficace de dissuader les éléphants par rapport aux barrières traditionnelles en aubépines.

Lucy King affirme que, dans l'étude, qui a été publiée en 2011 dans l’African Journal of Ecology, les éléphants ont tenté à 14 reprises de pénétrer dans les terres agricoles et 13 de ces tentatives ont été infructueuses.

Dans chaque cas, les éléphants ont été contraints de se détourner de la zone après avoir été confrontés à une clôture de ruches ou marché le long de la clôture à la recherche d’un point d'entrée plus facile à travers des aubépines. Ce n’est qu’une seule fois que les éléphants ont franchi une clôture de ruches pour détruire les cultures, selon l’article.

Il y a plus d'une décennie, des recherches ont révélé que les éléphants évitent de nourrir d’acacias abritant des ruches, explique encore Lucy King. "Cela a été suivi d’expériences de comportements qui ont montré que non seulement les éléphants fuient le bruit des abeilles, mais qu’ils ont aussi un cri d'alarme qui avertit les membres de la famille de se sauver d'une possible menace d'abeilles".

Où les éléphants et les terres agricoles se rencontrent, les incidents entre l’homme et les animaux se multiplient.

Paul Udoto, Kenya Wildlife Service

Les clôtures électriques se sont avérées efficaces pour tenir les éléphants à l’écart de certains espaces humains désignés, estime l'étude. Mais Lucy King constate qu’au Kenya, les projets d'électrification échouent souvent à cause du mauvais entretien, des coûts qui montent en flèche et de l’absence de capacité d'achat chez les communautés où les éléphants sont courants.

Lucy King laisse entendre que des agriculteurs et des organismes de conservation ont récemment mis l’accent sur ​​l'efficacité des moyens de dissuasion utilisés par les agriculteurs tels que les pétards, les chiens ou les tambours, mais l'utilisation de clôtures de ruches a connu plus de succès.

Une méthode similaire – faire entendre des grognements de tigre enregistrés pour effrayer les éléphants en maraude — a été testée séparément en Inde.

Selon Paul Udoto, responsable de la communication d'entreprise au Kenya Wildlife Service, l'utilisation de clôtures à ruches pour empêcher les éléphants de piller les champs n'est pas une solution miracle, mais elle pourrait être utilisée à côté de ces autres interventions.

Il ajoute que le conflit entre l’homme et les animaux est en grande partie dû aux personnes qui s’installent sur ​​des terres utilisées par les animaux. "Lorsque les éléphants et les terres agricoles se chevauchent, les incidents entre l’homme et les animaux se multiplient", déclare Paul Udoto à SciDev.Net.

Suresh Raina, un expert entomologie au Centre international de physiologie et d'écologie des insectes au Kenya, est impressionné par l'idée.
C'est "une solution intelligente à un défi auquel les agriculteurs étaient confrontés par le passé pour sauver les cultures de l'incursion des éléphants dans leurs champs", déclare-t-il à SciDev.Net.

> Lien vers l’article complet dans le Journal of African Ecology