13/11/18

Les conditions de logement, un facteur clé de la santé

A woman feeds grains to poultry in her backyard
Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • Les chercheurs ont analysé les données de croissance d'enfants gambiens vivant dans un village
  • Ceux dont les parents vivaient dans de bons logements sans animaux présentent un meilleur bilan de santé
  • Les décideurs devraient cibler l'amélioration du logement pour la promotion de la santé des enfants

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[LE CAP] Une étude suggère que l'amélioration des conditions de logement, avec la disponibilité de l'eau courante et l’éloignement des animaux des habitations peuvent être la clé de l'amélioration de la nutrition des enfants.
 
Selon le rapport 2017 de l’OMS sur la nutrition en Afrique, 58,5 millions d’enfants souffraient d’un retard de croissance – concernant la taille, par exemple – en 2016.
 
L’objectif de l’OMS, à l'échelle mondiale, inclut une réduction de 40% d’ici à 2025 du nombre d'enfants de moins de 5 ans présentant des problèmes d'IMC (Indice de masse corporelle).
 
« Cette étude souligne l’importance cruciale de combiner des interventions spécifiques à la nutrition, telles que la supplémentation nutritionnelle, et des interventions sanitaires », déclare Andrew Prentice, co-auteur de l’étude et professeur de nutrition internationale au centre de recherche médicale de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, en Gambie.

Cette étude souligne l'importance cruciale de combiner des interventions spécifiques à la nutrition, telles que la supplémentation nutritionnelle, avec des interventions sanitaires

Andrew Prentice, London School of Hygiene and Tropical Medicine

Publiée dans la revue BMC Medicine le 1er novembre, l’étude a analysé entre 1993 et 2009, 230 enfants du personnel gambien résidant au centre de recherche médicale, dans la région rurale de Keneba.

Le personnel comprenait des scientifiques, des médecins, des techniciens de laboratoire et des enquêteurs, aussi bien que des agents de terrain et du personnel de soutien, à l'instar des techniciens de surface.
 
Cet échantillon démographique a été choisi en raison de la diversité des niveaux de vie, de ses conditions de logement et d'éducation et de son accès à des services de santé gratuits.
 
Les chercheurs ont attribué cinq scores aux enfants, en fonction de leurs conditions socioéconomiques ; puis, ils ont comparé les données de croissance relevées systématiquement à la clinique du centre. Ils ont alors constaté que les ratios taille/âge étaient correspondaient fortement aux prédictions des scores.
 
« Ce n’est pas surprenant. Ceux qui avaient les scores les plus bas en matière de conditions socio-économiques avaient les enfants les plus courts, présentant des retards de croissance les plus marqués, et l’écart n’était pas aussi important que prévu », déclare Andrew Prentice. « Cependant, le groupe au sommet, présentait la plus grande variation », ajoute-t-il.
 

Comparaisons

La moitié des enfants de ce groupe supérieur vivaient dans des logements de style occidental, avec de l'eau courante, des toilettes à chasse d'eau, appartenait à des familles où on empêchait les animaux d'entrer à la maison. L'autre moitié vivait dans le village, sans commodités similaires.
 
Les comparaisons de ces enfants ont montré que les personnes vivant dans des maisons à l'occidentale se développaient bien sans aucun retard de croissance ou un IMC inapproprié. En revanche, les enfants du village s'en tiraient moins bien, avec une taille et un poids inférieurs à la moyenne.
 
Sur cette base, les chercheurs suggèrent un seuil socio-économique et hygiénique très élevé pour l'élimination des taux de retard de croissance et d'insuffisance pondérale. "Nous pensons que le problème clé [pour lutter contre la malnutrition] est l'eau courante et le maintien des animaux hors de la maison", déclare Andrew Prentice.
 
Garder des animaux tels que la volaille, qui peuvent être porteurs de maladies, en liberté à la maison peut contribuer aux maladies infantiles qui exacerbent la malnutrition, explique Andrew Prentice.
 

Contexte et culture

« Nous avons besoin d’investissements dans les infrastructures, y compris l’approvisionnement en eau, et dans le développement économique des populations pour améliorer le retard de croissance et la croissance de l’enfance », a-t-il ajouté.
 
Doug Momberg, doctorant au centre de recherche sur les voies de développement pour la santé à l'université de Witwaterstrand en Afrique du Sud, affirme que le contexte et les cultures varient considérablement sur le continent africain.
 
Mais il explique que les décideurs auraient intérêt à intégrer les conclusions de l’étude dans leurs politiques et leurs plans de mise en œuvre afin de « mieux articuler et traiter la complexité des questions liées à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène dans divers contextes ».
 
« Des recherches ciblées sur la gouvernance de WASH [Water, Sanitation and Hygiene – Eau, assainissement et hygiène] en relation avec les résultats liés à la santé sont impératives, pour s'attaquer au fardeau de la malnutrition infantile », déclare Doug Momberg.