12/03/18

Le Cameroun investit dans la pharmacie

Camer Pharma
Vue d'une machine de la nouvelle usine, à Douala. Crédit image: Africure Pharmaceuticals Cameroon SA

Lecture rapide

  • Une usine de médicaments va produire 500 millions de comprimés et presque autant de gélules par an
  • Elle va contribuer à réduire la part des médicaments importés, estimée à 90%
  • Ce faisant, elle peut entraîner une baisse des prix et un recul des faux médicaments

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Le Cameroun vient de lancer une nouvelle usine de production de médicaments dans la banlieue de Douala, avec pour ambition affichée de lutter contre les faux médicaments.
 
Baptisée Africure Pharmaceuticals Cameroon SA, cette usine qui a été inaugurée le 21 février 2018, envisage de produire 500 millions de comprimés et 480 millions de gélules par an.
 
Fruit d’un partenariat privé entre l’Inde et le Cameroun, l’entreprise entend dans un premier temps se contenter de la fabrication de médicaments génériques essentiels, en l’occurrence les comprimés, les sirops, les gélules, les antibiotiques, le Paracétamol, l’Amoxicilline, etc.
 

“Sur un marché des médicaments qui vaut 100 milliards de FCFA par an, la production locale n’absorbe que 8 milliards de FCFA”

André Mama Fouda, ministre camerounais de la Santé publique.

Pour atteindre ces objectifs, Africure s’est dotée de deux sections de laboratoires spécialisés : l’une en phytochimie et l’autre en microbiologie.
 
"En fabriquant les médicaments localement, nous aurons suffisamment de stocks pour amortir les chocs qui pourraient survenir", souligne Prosper Hiag, président du conseil d’administration d’Africure Pharmaceuticals Cameroon.
 
Celui qui est également président de l'Ordre des pharmaciens du Cameroun, fait savoir que l’autre ambition de cette usine est de contribuer à produire des médicaments de qualité, accessibles aux populations et à moindre coût.
 
L’ouverture de cette usine survient dans un contexte où "notre pays reste tributaire de l’importation des médicaments à plus de 90%", souligne pour sa part André Mama Fouda, le ministre de la Santé publique.
 
"Par ailleurs, ajoute le ministre, sur un marché des médicaments qui vaut 100 milliards de FCFA par an, la production locale n’absorbe que 8 milliards de FCFA."
 
Faux médicaments
 
Dès lors, pour André Mama Fouda, "toute initiative visant la production locale de médicaments ne peut qu’être encouragée".
 
Ainsi cette entreprise se propose-t-elle de contribuer à réduire la dépendance du Cameroun vis-à-vis des médicaments importés et même de diminuer la part des faux médicaments qui circulent dans le pays.
 
En effet, l’usine arrive aussi à un moment où le marché camerounais du médicament est infesté de médicaments contrefaits vendus sur des comptoirs au bord des rues et auxquels recourt une bonne partie de la population, entre autres du fait des bas prix qui y sont pratiqués.
 
Le ministère de la Santé publique estime d’ailleurs que 30% à 40% des médicaments en circulation dans le pays sont faux.
 
D’où les espoirs d’Eric Ymsu, un délégué médical de Douala : "ce qu’il faut, c’est que cette usine innove. Si elle produit des médicaments à bas prix et de bonne qualité, ça va favoriser l’accessibilité des médicaments pour la population".
 
Industrie locale
 
Il rejoint ainsi Maher Ouertatani, directeur général adjoint de Cinpharm (Compagnie industrielle pharmaceutique), une autre société locale de fabrication de médicaments.
 
En septembre 2017, ce dernier avait notamment déclaré à SciDev.Net que "si l’industrie locale dans toute l’Afrique se développe avec une augmentation du nombre de firmes pharmaceutiques, le volume de médicaments va croître sur le marché, les prix vont baisser et les trafiquants ne pourront plus trouver leurs comptes. Car, ils jouent sur les coûts".
 
Lors de l’inauguration de l’usine d’Africure, André Mama Fouda, la ministre de la Santé publique, a indiqué que "la plupart des 12 unités de production locale de médicaments, sont en cours d’installation".
 
Cette entreprise est une filiale du groupe Africure, déjà présent au Botswana, en Namibie, au Mozambique et bientôt en Côte d’Ivoire.