04/01/16

Le Cameroun forme des éducateurs pour enfants autistes

Institut de psychopédagogie Douala
Crédit image: SciDev.Net / Sandrine Gaingne

Lecture rapide

  • Un établissement va former des professionnels locaux pour éduquer les enfants autistes
  • Actuellement, les parents doivent recourir à des professionnels étrangers
  • L’autisme touche à ce jour plus de 100 000 enfants au Cameroun

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Annoncé par le ministre camerounais de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, en mars 2014, l’Institut supérieur de psychopédagogie appliquée (ISPPA) a ouvert officiellement ses portes au cours de la rentrée académique 2015-2016 qui a eu lieu en octobre 2015.
 
Cet établissement basé à Douala a pour mission de former des pédagogues spécialisés dans l’encadrement d’enfants atteints de l’autisme, une maladie caractérisée surtout par une interaction sociale déficiente.
 
"L’ISPPA est le tout premier établissement du genre au Cameroun, voire en Afrique centrale", indique Jacques Fame Ndongo.
 
"Ce qui a motivé la création de l’ISPPA, c’est l’absence de professionnels pour la prise en charge des malades atteints de l’autisme qui sont notre principale cible, des enfants en difficulté et toutes autres personnes en souffrance", indique Marie-Mélanie Bell, la promotrice de cet institut.
 
"A l’ISPPA, poursuit-elle, nous allons former des éducateurs spécialisés pour les besoins de la cause".
 

“Il va sortir de cet établissement des professionnels capables, après le diagnostic médical, de prendre le relais par des interventions adaptées comme des tests psychologiques, des programmes éducatifs individualisés, d’apporter des réponses concrètes aux besoins de chaque enfant autiste”

Marie-Mélanie Bell
Promotrice ISPPA

Pour y parvenir, il aura fallu au préalable que les autorités accordent une autorisation pour l’ouverture d’un cycle de licence professionnelle Bac+3, pour la formation d’éducateurs spécialisés dans l’encadrement d’enfants autistes.
 
On devrait donc s’attendre à voir dans trois ans sur le terrain, la première cuvée d’éducateurs camerounais spécialisés dans la prise en charge d’enfants autistes.
 
"Il va en sortir des professionnels capables, après le diagnostic médical, de prendre le relais par des interventions adaptées comme des tests psychologiques, des programmes éducatifs individualisés, d’apporter des réponses concrètes aux besoins de chaque enfant autiste", assure Marie-Mélanie Bell.
 
SciDev.Net a appris des responsables de l’Institut que l’admission au centre se fait sur étude du dossier et elle est ouverte aux titulaires du baccalauréat ou d’un diplôme équivalent.
 
Les enseignements quant à eux étant dispensés par des universitaires qui viennent du Cameroun et même de la France.
 
L’ouverture de cette structure est accueillie avec soulagement par les familles qui comptent des enfants autistes parmi leurs membres.
 
"En l’absence de professionnels, nous sommes obligés de jouer nous-mêmes les éducateurs sans trop savoir vraiment quoi faire de nos enfants", souligne Honorée Ayangma, mère d’un enfant autiste de 9 ans.
 
En réalité, seules les familles nanties peuvent jusqu’à présent s’offrir les services d’éducateurs spécialisés.
 
"Jusqu’à un passé très récent il n’y avait pas de nationaux spécialisés dans ce domaine. Habituellement il faut recourir à l’expertise étrangère et cela coûte énormément cher", explique  pour sa part Thomas Oufoufo, un parent.
 
Seul hic avec la formation ouverte à l’ISPPA : son coût jugé trop élevé. En effet, pour s’inscrire dans cet établissement, il faut débourser une somme comprise entre 750 000 et 800 000 FCFA (entre 1 250 et 1334 dollars) par an.
 
Un taux, qui ne fait pas courir les candidats à cette formation. Ainsi, des sources au sein de l’établissement affirment que sur les 15 étudiants espérés à la rentrée académique 2015/2016, seulement six ont été jusqu'ici enregistrés.
 
Selon le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, l’autisme résulte d’un dysfonctionnement neurologique qui compromet le fonctionnement normal du cerveau.
 
Cette maladie qui touche plus de 100 000 enfants au Cameroun se manifeste au cours des trois premières années de vie et peut toucher tous les enfants, sans distinction de sexe ni de classe sociale.
 
Pour autant, cette pathologie reste mal connue des populations et beaucoup de personnes dans le pays l’associent encore à la sorcellerie ou à un mauvais sort.